Un amour plus que fraternel (one-shot)

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Je te voyais là, de dos devant moi dans cette église à coté de cette femme que tu disais aimer. Un matin souriant, la bouche pleine de mots d'amour pour elle, tu m'avais annoncé cette terrible nouvelle, celle que tu allais te lier avec cette personne que je ne voyais encore que comme une inconnue de passage dans notre vie. J'avais gardé mon sang froid en façade devant la tempête qui s'abattait dans mon crâne. Là encore je n'ai fait que te sourire et te soutenir dans ton choix. Cela faisait pas mal de temps que j'avais pris conscience de mes sentiments pour toi. Je ne savais rien concernant les tiens et j'espérais, même si mon espoir restait faible que tu partageais cet amour dévorant et incontrôlable. Je savais que tu me considérais comme ta chère sœur, mais il y avait- il plus? Je ne savais pas y répondre.


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Pourtant j'aurais dû le voir venir, j'aurais dû m'y préparer. Ça a commencé Il y a plusieurs mois tu sortais souvent le soir et tu rentrais tard.
Un jour je n'ai pas su résister et je t'ai demandé ce que tu faisais. Souriant doucement, tu as d'abord regardé ton téléphone portable et apparemment envoyé un message à je ne sais qui et tu m'as dit : "Viens avec moi. Il faut que je te dise quelque chose, je pense que c'est le bon moment". Tu avais l'air si joyeux alors j'ai accepté de te suivre et nous sommes rentrés dans une jolie maisonnette cachée dans l'ombre de grands chênes.


Une magnifique jeune femme a ouvert et a souri en te voyant. Nous sommes rentrés, tu t'es approché d'elle, l'as collé et t'es tourné vers moi: << Je te présente ma petite amie, ça fait six mois que l'on est ensemble. Je voulais que tu sois la première au courant>>. Tu m'as dit cela si sereinement et tu avais l'air si heureux que je n'ai même pas pu être vraiment malheureuse, j'étais juste gênée d'être l'imposteur dans cette situation. Puis j'ai finalement acquiescé et tu nous as présenté l'une à l'autre. De tes mots tu m'as donné le statut de petite sœur, même si tu as précisé que ce n'était pas véritablement le cas mais aussi de ta bouche est sorti son prénom ... Jadina, oui c'était ça son prénom à cette jolie fille aux cheveux noirs.

Je pensais que Jadina te sortirait de la tête. Mais plus les mois passaient, plus tu me parlais d'elle. Jadina par si Jadina par là. Moi, seule, je m'énervais de ressentir de la tristesse aussi intense pour le foutu amour que je te portais. J'étais forte, je n'avais besoin de personne pour avancer et rien ne devait m'atteindre.


Un jour, celui de trop, tu es venu, comme une fleur et tu m'as parlé de vous, de votre relation même de votre vie intime et j'ai senti cette rupture avec la douleur sourde d'un cœur broyé par les sentiments. Tu m'as posé "la question" :<< Je me suis fiancé à elle et j'aimerai que l'on se marie, comme je te considère comme ma sœur j'aimerai ta bénédiction>>.
On en était donc déjà là, je ne l'avais pas vu venir, c'était si rapide. C'était un fait, plus qu'une véritable demande de ta part. Je n'avais pas vraiment le pouvoir que tu semblais me prêter que de décider si tu devais te marier avec elle ou non.
Mais sournoise, la jalousie me hurlait de te dire non, la rancœur me disait de te cracher des horreurs au visage, ma tristesse de me jeter d'un toit mais j'ai finalement écouté ma raison. Notre relation serait brisée et cette amante aux cheveux noirs n'obtiendrait pas ça de moi, je te laissais à elle si je pouvais au moins te garder un peu auprès de moi. C'est ce que je croyais à ce moment-là, alors j'ai dit oui.

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Maintenant, toujours l'imposteur de ce mariage, je regrette. Pendant les paroles du prêtre je ne me sens vraiment pas bien. Je n'arrive plus à être moi, à être forte, je suis cruellement en train de m'effondrer aux yeux de tous. J'ai les yeux baissés, sur le banc du premier rang mais je sens d'un coup ton regard brûlant sur moi. Furtif, pour ne pas inquiéter ta belle mais c'est comme si une alarme avait raisonné en toi et que tu avais remarqué que quelque chose clochait chez moi. Je pleure silencieusement et ça pour la première fois depuis la mort de mon père. Ton regard est toujours là, plus insistant encore. Je relève la tête, ton regard me sonde pour savoir ce qu'il se passe, notre conversation muette te fait bien comprendre que ça n'est pas des larmes de joie, je ne pleure jamais et certainement pas pour un mariage, même le tiens. Ton inquiétude grandit, tu me jettes de plus en plus de regards, Jadina commence à t'observer les sourcils froncés, tu piétines sur place très peu concentré sur les paroles du vieil homme.

Un amour plus que fraternel (les légendaires)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant