Nous sommes le jeudi 13 juillet... Météo du jour : pluvieuse, prévoir les vêtements de 15°... Le BADGE vous souhaite une bonne journée...
Pendant la pause de 10 heures, alors que Lua détaillait encore son rendez-vous de la veille à Loanne, Lili et Léa, Léno la rejoignit. Ses trois amies s'éclipsèrent avec des clins d'œil significatifs.
— Bonjour Lullaby ! Je sais que je ne suis pas censé t'inviter au restaurant avant une semaine, mais j'ai eu une autre idée... Et comme mes parents m'ont donné leur aval... Voilà : je te propose de venir déjeuner chez mes parents, dimanche midi. Avec toute ta famille.
Lua fut surprise, mais apprécia cette initiative personnelle. Elle fut même touchée qu'il accorde un tel crédit à sa famille, au point de l'inviter dans l'antre des Melritch. Une famille assez notoire, paraissait-il.
— Toute ma famille ? Et la tienne ?
— Oui, donc onze personnes au total. Moi, mes parents, mes trois sœurs, le mari de la plus grande, toi, tes parents et ton frère. Qu'est-ce que tu en penses ?
— Ce serait vraiment très bien, mais il faut que j'en parle à mes parents. Ils sont souvent absents le dimanche...
— Je te laisse le soin de négocier ! s'exclama-t-il en s'éloignant pour jouer au foot.
Dès qu'il fut hors de la salle de classe, Lua ouvrit la fonction question de son Tech'let et demanda : Dois-je accepter un dîner chez la famille de mon prétendant ? Elle eut un étrange frisson en notant ce dernier mot, mais l'envoya tout de même. La réponse fut assez longue à venir, preuve du caractère inhabituel de l'interrogation. Et, exceptionnellement, la réponse fut une autre question : Avec ou sans votre propre famille ? Les deux propositions étaient représentées par des cases à cocher. Elle sélectionna la première.
Un rapprochement interfamilial avant le mariage ne peut-être qu'une bonne chose, permettant d'assurer une relation plus durable.
Le parcours ordinaire ne comprenait pas ou peu la rencontre des parents, puisque ceux-ci étaient jugés comme des facteurs entravant le mariage, et donc la construction du foyer. Cependant, le BADGE avait raison : ce dîner confirmerait la bonne entente des familles, ce qui permettrait d'éviter de futurs conflits.
Ne lui restait plus qu'à convaincre ses parents.
— Il n'en est pas question ! s'écria Ophélie Bell.
— Allons, chérie, un peu de retenue. C'est du futur de notre fille qu'il s'agit.
— Elle sait très bien que le dimanche, c'est impossible !
Lua s'écrasait toujours devant Ophélie Bell, symbole de l'autorité familiale. Pourtant, cette fois, elle ne put s'empêcher de demander :
— Mais qui est cette personne, pour qu'elle passe avant ta propre fille ? C'est un dirigeant du BADGE ou quoi ?
Le « presque » d'Oreste sortit malgré lui. Le temps se suspendit. Lua cessa de respirer, Ophélie lança un regard assassin à son mari. Même Neyunne, absorbé par la télévision, tourna la tête. Preuve que ses oreilles fonctionnaient parfaitement et qu'il aurait pu ranger sa chambre, comme on le lui avait ordonné cinq fois.
— Enfin, pas exactement, se corrigea-t-il tant bien que mal. C'est quelqu'un de très important pour ta mère et moi. Et comme tu le sais, le dimanche est notre seul jour de repos. Nous n'avons pas d'autre créneau pour la voir.
« La, la personne, ou la parce que c'est une fille ? » se demanda Lua.
— Mais ça fait une dizaine d'années que vous lui consacrez tous vos dimanches ! se plaignit-elle. Vous pouvez bien m'accorder un déjeuner ! Rien ne vous empêche après de passer l'après-midi, puis la soirée avec elle !
VOUS LISEZ
Le Chant du Loriot
Science FictionDans la société régie par le BADGE (Bâtiment de l'Administration Générale), le rêve a été décrété ennemi absolu et les vies des habitants sont contrôlées par une puce figée dans leurs cous et par un bracelet électronique, nommé Tech'let, accessoire...