Libéré, Délivré...

Chapitre 11

Pierre avait un match ce week-end donc il consacra le reste de sa semaine aux entraînements et à son boulot. Sylvain commençait beaucoup trop à occuper ses pensées et ça le faisait chier. Il réfléchissait même à instaurer une distance avec lui mais il n'en avait clairement pas la force. Son intérêt pour le patineur devenait plus fort, amplifiant également la colère qu'il avait envers lui-même.

Un soir, en sortant de l'entraînement, Pierre prenait la route pour rentrer chez lui comme d'habitude. Derrière lui un homme l'interpella, son visage lui était familier mais il ne savait plus d'où. Puis quand les deux hommes se firent face à face, il se rappela. C'était un gars de l'équipe des Coqs de Courbevoie qu'il avait éclaté l'année dernière. Il lui avait pété le nez et les dents, l'obligeant à faire une pause dans sa saison. Apparemment, il était de retour. Pierre rit un peu en le voyant et ne put se retenir de le taquiner sur sa nouvelle dentition, mais l'homme ne semblait pas d'humeur à rire. Il voulait se venger et présenta ses poings à Pierre, qui soupira. Il allait encore lui mettre une raclée et il voulait éviter ça. Mais d'un côté, l'idée de se battre lui plaisait trop. Surtout en ce moment, il en ressentait bien trop le besoin. Alors il lâcha ses affaires sur le sol, leva les mains en s'approchant de son adversaire qui fit quelques pas en arrière. Puis sans prévenir, il lui en décrocha une dans la mâchoire. L'homme surpris, perdit l'équilibre mais se redressa rapidement pour répondre à la frappe.

Après quelques violents échanges, l'homme déclara forfait en tenant son nez ensanglanté. Pierre lui aussi avait le nez qui saignait ainsi qu'un bel hématome sur la pommette. Il leva les mains en signe de paix mais il ne put se retenir de rire car il avait gagné et l'adrénaline de ce genre de moment lui faisait du bien. Il laissa son adversaire partir pendant que lui resta un instant immobile à profiter de cette sensation. Son corps endoloris, son cœur qui battait vite et son cerveau qui n'arrivait plus à réfléchir. Doucement, il redescendait. Son esprit se remit en marche et ses jambes le guidèrent jusqu'à chez lui.

Le jour avant le match, Sylvain passa à la librairie pour rendre les vêtements de Pierre qu'il avait lavés. Il les avait soigneusement pliés et mis dans une poche. En rentrant dans la boutique, il fut surpris de retrouver à nouveau Pierre avec la gueule abîmée. Mais il ne fit aucun commentaire, il soupira juste en le regardant pour montrer son mécontentement puis il posa la poche sur le comptoir. Ils échangèrent des banalités puis comme le patineur avait un peu de temps avant son rendez-vous pour un shooting, il se promena dans les rayons de la librairie. Il s'éloigna et disparut du champ de vision du vendeur. Ses yeux se promenaient sans réel but sur les livres qui se trouvaient en face de lui. Sylvain attendait juste que le temps passe. Mais un jeune homme, qui lui semblait familier d'une manière lointaine, l'aborda.

"Salut, Sylvain ?

-Salut, euh...

-Ethan. On était au collège ensemble, le petit groupe avec Valentin. Je t'ai tout de suite reconnu.

-Oh mais oui ! Ça fait longtemps, excuse moi. Ça va ?

-Oui ! Je viens d'emménager dans le coin, ça fait une éternité que je ne suis pas passé à Saint-Louis. Tu fais toujours du patinage ?

-Évidemment. Et toi du rugby ?

-Non, j'ai eu des soucis de santé donc j'ai dû arrêter. Je peins maintenant et je bosse dans le commerce.

-Tu te laisses pas abattre donc c'est bien. Tu as toujours des nouvelles des autres ?

-Plus vraiment. J'ai appris pour Thomas, d'ailleurs... Vous étiez proche, je suis désolé.

-Ouais, merci... la vie continue."

Les deux garçons discutèrent un peu dans une ambiance agréable. Ils étaient amis au collège mais s'étaient perdus de vue avec le lycée, Sylvain était content de le retrouver. Ethan semblait partager cet enthousiasme, il lui proposa d'aller boire un verre un soir. Le patineur était ravi et accepta bien évidemment, alors ils échangèrent leur numéro de téléphone.