Chapitre 20 - Tyler

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Cette situation me paraît irréparable.

Bien que la plupart des médias croient à notre couple, certains affirment encore que notre relation est fausse.

C'est eux qui ont raison, et je dois dire que leurs arguments sont parfaitement valables.

Malgré tout, ce n'est pas bon pour nous. Je sais que nous ne pouvons rien faire de plus pour le moment face à cette situation, mais je sais aussi que Harper nous avait prévenu.

Au fond, je savais dès le début qu'elle avait raison, que certains médias n'hésiteraient pas à s'en servir comme une preuve supplémentaire.

Heureusement, les quelques articles mentionnant notre mensonge viennent de petits journaux plutôt locaux qui essayent seulement de percer – en vain, parce que le monde écoute ceux qui se trouvent au-dessus d'eux, ce qui nous arrange bien.

Cependant, je ne me suis pas fait que des amis au cours de ma carrière, et Harper non plus. Quand on est aussi connu, d'autant plus quand on reçoit de l'aide comme moi ou qu'on monte vite comme Harper, on est détesté.

C'est à ce moment que l'on sait qu'on a réussi, parce qu'on est haït pour notre réussite.

Les gens sont jaloux parce que nous faisons d'autant plus la Une de tous les médias s'intéressant à l'univers du cinéma et de la people.

Ils ne se rendent simplement pas compte que faire la Une constamment, c'est une source de stress supplémentaire.

Parce qu'on sait que peu importe nos agissements, nous serons critiqués.

Parce qu'on sait que peu importe où nous allons, nous serons pris en photo, soit par des paparazzis, soit par des fans qui n'ont pas osé venir nous voir, alors que nous aurions mille fois préféré discuter avec eux que d'être pris en photo sans notre consentement.

Je secoue la tête.

J'en ai marre.

Je rêve d'une journée loin du monde, loin de la presse, loin des paparazzis, loin des réseaux sociaux, loin de tout.

Passer du temps seul au milieu de la forêt, sans que personne ne sache où je suis.

Oui, c'est mon rêve le plus cher.

Finalement, je me force à arrêter de penser à ça.

De toute façon, en quoi cela m'avantagera ? Ce qui est fait est fait et le tourner en boucle dans ma tête est parfaitement inutile. Même si je pourrais essayer de changer les choses pour le futur, à quoi bon ? Je vis dans le monde le plus toxique qui puisse exister. Tenter de se rebeller contre ceux qui ne respectent pas notre vie privée, c'est comme parler à un mur. C'est inutile et il y a plus de chance de se blesser seul.

Alors je fais ce que je sais faire de mieux quand je me rends compte d'à quel point le monde est mauvais.

J'oublie.

Je me rends dans la salle de bain du rez-de-chaussée afin de me détendre sous les jets du spa.

Alors que je passe dans le salon, j'aperçois Harper sur le canapé, en train de regarder les infos qui sont diffusées sur l'écran accroché au mur.

À sa simple position, je sais qu'elle est stressée.

Elle est en boule, rongeant la peau de ses ongles.

À son annulaire se trouve la bague faite de diamants que Tom a fait acheté pour que je la lui offre lors de nos soi-disant fiançailles.

— Tu devrais arrêter de te faire du mal comme ça, annoncé-je, la faisant sursauter.

Elle tourne la tête vers moi et secoue la tête.

— Je devrais, oui. Mais ça me fait peur de ne pas savoir ce que le monde a à dire sur moi.

Ouais, moi aussi.

J'acquiesce silencieusement.

— Mais ça te détruit encore plus de le savoir.

— Tu as raison, souffle-t-elle. Mais c'est addictif.

Ça l'est.

Et je la comprends parce que chaque matin, à mon réveil, j'attrape mon téléphone pour surfer sur les réseaux sociaux et lire chaque commentaire – et surtout les négatifs – qui se trouvent sur mes posts. Et après ça, je ne m'arrête pas.

Après ça, je me rends sur mon navigateur et je cherche mon nom pour lire le moindre article sorti depuis la veille.

Et à chaque fois, j'ai mal. Parce qu'à chaque fois, on ment sur moi, on me critique, et pire : on parle de choses dont on n'a pas la moindre putain d'idée.

Voir que les noms de mes parents, après des années, ressortent encore me brise.

C'est la seule chose qui m'atteint.

La seule chose où je ressens quelque chose, bien que ce soit loin d'être positif.

Je veux qu'on me laisse tranquille, je veux qu'on les laisse tranquille.

— Et comme toute addiction, on doit s'en séparer.

Dit-il alors qu'il en est incapable, pensé-je.

— Ouais, répond-elle en éteignant la télévision. Je vais plutôt aller lire un livre. Ça me fera du bien.

— Tu lis quoi en ce moment ? m'inquiété-je alors naturellement.

Heart Racing. Je n'ai plus le nom d'auteur en tête. Mais c'est une romance dans l'univers automobile et ça parle de sujets importants pour la société.

Je souris.

— Tu me le prêteras ? Il a l'air génial.

— Carrément génial, se marre-t-elle. Oui, je te le passerai.

— Bon, je vais prendre un bain. Repose-toi.

Elle opine du chef et disparaît dans sa chambre tandis que je me rends à la salle d'eau.

J'allume rapidement l'eau, la laissant couler, en espérant faire disparaître mes tourments comme par magie.

Bien entendu, ça ne fonctionne pas.

Si l'eau est la solution à beaucoup de problèmes, ça ne l'est définitivement pas pour celui-ci.

Ainsi, cette histoire ne quitte toujours pas ma tête. Elle y est bloquée et n'a aucune intention de me laisser tranquille rien qu'un instant.

Au fond, je ne sais pas quoi penser de tout ça.

D'un côté, je me dis que si Tom et moi n'avions pas eu cette idée – soyons honnête, c'était surtout la mienne – le scandale de la soirée serait probablement déjà du passé.

En une semaine à peine, ils auraient trouvé une nouvelle victime, une nouvelle personne à attaquer.

Pourtant, pour une raison inexplicable, m'imposer de vivre avec Harper et de faire croire au monde que nous sommes ensemble paraissait avoir plus de sens.

Maintenant, je réalise que c'est exactement ce qui a mis la fumée à la poudre.

C'est à cause de cette décision que nous faisons constamment la Une, même si ce n'est pas toujours négativement, c'est toujours ce qui marque le plus.

Parce que parfois, quand on reçoit tant de haine quotidienne, on se dit que même le positif est un mensonge.

On se dit que si le monde nous offre leur gentillesse sans raison évidente, c'est parce qu'ils ont une idée derrière la tête.

Dans un monde aussi toxique qu'Hollywood, on oublie facilement que les bons cœurs existent aussi et que tout le monde n'agit pas seulement pour ce que cela peut leur apporter.

Je reste dans l'idée que tout aurait été bien plus simple si je n'avais eu cette idée merdique.

Si j'avais juste décidé de baisser la tête le temps du scandale, tout serait déjà fini.

Alors pourquoi je ne regrette pas un instant de cet enfer ?

Scandal [ANCIENNE ÉDITION]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant