Scandal [ANCIENNE ÉDITION]

Chapitre 22 - Tyler

Putain de merde.

Ce sont les seuls mots qui me viennent en tête dès que j'aperçois Harper.

Le orange est loin d'être une couleur populaire, mais je suis certain qu'après ce soir, ce sera la couleur la plus en vogue, et ce seulement parce qu'Harper la porte parfaitement.

À l'image de Katniss Everdeen dans Hunger Games, elle est comme faite de feu.

Je me demande si, à un moment de la soirée, sa robe s'enflammera.

C'est un orange brillant, éclatant, comme un coucher de soleil.

Le bas de la robe est un fondu vers un jaune magnifique qui laisse sans voix.

Sa coiffure représente parfaitement l'image de Hollywood, tout en ayant gardé le contemporain et la modernité.

Son maquillage, lui, rappelle avec réussite sa robe, et je ne peux qu'approuver le choix des artistes qui l'ont préparée.

Enfin, sa tenue est complétée par ce fameux bijoux à son annulaire gauche.

La bague faite de centaines de micro-diamants brillent de mille feux sous les rayons du soleil qui viennent s'éclater contre leurs parois.

Je ne peux pas faire semblant, je ne peux pas me mentir à moi-même. Elle est magnifique.

Quand bien même je devrais me retenir parce qu'il est évident qu'elle ne veut pas de moi, pas même pour une nuit.

Quand bien même je ne sais pas ressentir et que, quoi qu'il arrive, cela me mènera à ma perte.

Quand bien même je suis censé la détester.

Quand bien même je suis censé l'aimer.

Je n'ai pas le droit de la trouver belle ou attirante.

Elle me l'a interdit.

Elle me refuse l'accès à son corps, à sa bouche, à elle.

Rien ne changera.

Elle continuera à me repousser, alors que mon corps continuera d'être frustré de ne pas profiter d'un moment particulier avec elle.

Jamais je ne la forcerais, mais bordel ce que je rêve d'une seule petite nuit avec elle, ou même une heure, ou même moins si c'est ce qu'elle souhaite.

Mais elle ne me donnera rien, pas la moindre seconde.

Alors comme un con, je vais seulement profiter de ce qu'elle me laisse faire pour le public, pour montrer au monde à quel point notre couple est solide, et bien plus que les critiques que nous pouvons recevoir.

Nous nous rejoignons ainsi devant notre suite puisque je me suis préparé dans la chambre de Tom.

— Tu es belle, lui avoué-je sans me retenir.

Elle sourit.

— Tu es pas mal non plus, mais ne prends pas la grosse tête. Je ne t'apprécie pas pour autant.

— Très bien, sorcière, me marré-je alors que nous prenons l'ascenseur pour nous diriger vers la limousine qui nous a été commandée.

— Vous êtes super beaux, tous les deux ! s'exclame Tom avec un grand sourire. Vous allez faire un carton devant les projecteurs. Le plus important ce soir, c'est de prouver que vous êtes un couple plus que soudé. Donc vous vous touchez régulièrement, vous ne vous quittez pas d'une semelle, vous souriez. Bref soyez heureux d'être amoureux, par pitié. Ne foirez pas ça. C'est le premier événement officiel auquel vous assistez en tant que couple, donc c'est celui qui va particulièrement marquer les esprits. D'autant qu'on parle du Festival de Cannes, soit l'un des plus gros événements internationaux de cinéma où tout le monde se rend. Pas question de faire de la merde, hein ? Mon film repose sur vos culs bordés de nouilles, alors je vous interdis formellement de tout niquer. Tyler, tu as deux awards. Harper, tu es l'une des personnes ayant grimper les échelons le plus vite. À vous deux, vous êtes l'un des couples les plus influents et puissants du monde. Probablement le plus important actuellement, surtout dans l'industrie cinématographique. Tout le monde va vous connaître, tout le monde va vous poser des questions, alors soyez sérieux, souvenez-vous de l'histoire que vous avez inventée, des choses que vous aimez l'un l'autre, et tout se passera comme sur des roulettes.

— Ne t'en fais pas, Tom, le rassure déjà Harper. Nous sommes acteurs, nous faisons partie des meilleurs acteurs – pour ne pas dire les meilleurs – de notre génération. Il sera facile pour nous de gérer. On ne se quittera pas d'une semelle pour éviter des questions qui pourraient nous challenger un peu trop. Il viendra même jusqu'aux toilettes avec moi s'il le faut.

Quand Tom et moi la dévisageons, elle réalise que sa phrase avait un sous-entendu auquel elle n'avait probablement pas penser.

— Putain de bites sur pattes, marmonne-t-elle dans sa barbe avant d'élever la voix. Vous savez très bien ce que je veux dire, sans aucune référence sexuelle.

— Tu t'enfonces, me moqué-je alors que ses joues rougissent légèrement.

— Ta gueule, grogne-t-elle en se renfrognant.

Elle se tasse contre son siège et ne parle plus.

— Ne t'en fais pas, dis-je en reprenant les paroles d'Harper. On va très bien s'en sortir. On se connaît par cœur, n'est-ce pas, chérie ?

Harper grimace en me jetant un regard avant de grimacer et de feinter un vomi.

— Va te faire foutre.

Tom se marre si bien que je lui jette un regard fusilleur.

— Traître, conclué-je.

— Mets-toi à ma place, se marre-t-il. Elle te fout à terre à chacune de ses phrases, et elle ne fait même pas un effort.

Ouais, c'est bien ça le soucis.

Elle me rend terriblement faible, et elle ne le fait jamais exprès.

Ça, être belle, être intelligente, être sexy, être simplement elle me rend complètement taré. Tellement taré que je suis paumé.

Je ne ressens pas, je ne sais pas ressentir. Mais ce qu'elle procure à mon corps et à mon esprit se rapproche tant de la définition de ressentir que j'ai peur.

Peur de souffrir.

Peur d'elle.

Peur de moi.

Peur de la presse.

Peur.

Peur.

Peur.

Je retiens les larmes qui perlent aux coins de mes yeux, me disant que je ne dois pas laisser mon anxiété prendre le dessus.

Ce n'est que dans ta tête, me répété-je en boucle comme un mantra qui marcherait alors que je me dis simplement que c'est vraiment con et que ça ne m'a jamais vraiment servi.

— Nous sommes arrivés, déclare le chauffeur.

— C'est le moment de briller, nous motive Tom alors que nous sortons de la limousine.

Le moment de briller, ou le moment de tout détruire ?