Revenge

Chapitre 1.

Je prends une grande bouffée d'air. Je lève les yeux. Je prends mon temps. Je la fixe un moment cette façade...

Il m'en faut du courage pour pénétrer là-dedans !

Un grand mur blanc, des tas de fenêtres, des barreaux au rez-de-chaussée et un immense portail bleu foncé...

Une vraie prison...

Et cet endroit, c'est mon enfer personnel. Voilà c'est dit. Pas la peine de faire semblant. Je hais cet endroit !

La façade me surplombe avec cette blancheur immaculée qui cache la crasse, les rats et les porcs en sur-nombre !

Oe ! C'est peuplé de porcs ici !

Un rictus mauvais s'étend sur mes lèvres, elles se retroussent une seconde faissant apparaitre une de mes canines. C'est devenu un tic. Je fais ça quand j'ai envie de tout envoyer en l'air. Mes humeurs sont devenues instables ces dernières années. A qui la faute, hein ?

Je secoue la tête, et passe rapidement une main dans mes cheveux.

Laisse courir Natsu ! C'est fini. Tu sais te défendre maintenant, tout le monde le sait.

Un petit rire m'échappe.

Désolé, j'ai pas fait exprès !

Je me marre maintenant. Je suis complètement blasé.

Je n'ai que des mauvais souvenirs ici... j'ai jamais su m'intégrer, j'ai toujours été rejeté...

Argh ! C'est dur de revenir !

Je prends sur moi. Je gravis les marches qui me séparent encore pour quelques secondes de ce lycée... mon lycée... et ouais je suis de retour ! Deux ans que je suis parti... enfin 26 mois et 18 jours pour être tout à fait exact. Je pourrai vous faire le calcul en seconde mais j'ai la flemme. Ça ne change pas grand chose, le principal à savoir, c'est que ça ne m'a pas manqué, carrément pas même !

Je soupire et redresse vite fait mon sac à dos. Mon cœur est lourd. Revenir dans ce bahut... j'en ai aucune envie. Les profs sont nuls, les pions aveugles et les élèves, mes soit-disant camarades... ils m'en ont fait baver... franchement je sais pas comment j'ai pu tenir debout après ce qu'ils m'ont fait !

Mais... c'est de l'histoire ancienne.

Et puis, c'est la vie... on ne peut pas changer le passé.

De toutes façons, c'est mon choix de revenir. Enfin, mon choix...

Je soupire.

Ma mère n'a pas supporté le déménagement dans cette île lointaine au soleil éternel. Sa relation avec mon père est devenue... euh... j'ai pas de mot adapté.

Il valait mieux qu'elle parte, point barre ! La voir malheureuse et pleurer tous les soirs... pendant que mon père couchait avec toutes les midinettes qu'il croisait. C'était... malsain, on va dire.

Elle a choisi de rentrer et Moi, je l'ai suivie...

C'est dommage... J'étais bien là-bas. J'avais trouvé ma place, j'appartenais à un groupe d'amis aussi disjonctés que moi, je m'amusais comme un fou et...

Bon, on va éviter de ressasser le passé. Joie ou malheur, c'est la même. C'est fini !

Il est l'heure d'avancer.

Ma vie est dorénavant ici, à Magnolia.

Un flopée de souvenirs m'assaille. Je grince des dents, je pince les lèvres.

Stop !

J'ai décidé de revenir. Je ne pouvais pas laisser ma mère rentrer seule, sans enfant, sur le point de divorcer. Quoique les gens pensent, je ne suis pas un monstre, loin de là !

Du coup...

Bah...

Je suis là !

Ça ne m'arrange pas mais...

J'assume...!

Je suis désormais en terminale, on est en janvier... Il me reste donc 5... voire 6 mois à tenir le cul serré assis sur une chaise face à ses enfoirés.

6 mois... c'est rien !

Allez Natsu !

Je pénétre dans le lycée, j'ai même pas besoin de demander, je connais par cœur les raccourcis. Mais, pour la première fois de toute ma vie, je ne baisse pas la tête, je ne me presse pas, je toise tous les regards que j'aperçois.

Ils sont là figés dans le hall. Ils discutent, ils rient. A première vue, on croirait des lycéens normaux. Évidemment, le proviseur Hadès est là. Il les fait flipper !

Il me salue courtoisement du regard. Il m'a à l'œil. Je ne réponds pas. Je ne compte pas ouvrir la bouche de la journée.

J'avance. Personne ne me remarque. Tant mieux ! Ma tenue est adaptée. Je porte un jean large, un sweat à capuche XL, la capuche sur la tête, mes écouteurs sur les oreilles. J'avance tout droit. Ils peuvent toujours venir me parler. Je ne compte pas m'arrêter.

- Oh ! Bienvenue ! Tu es nouveau ? Me demande une fille aux cheveux presque blancs en m'attrapant par le bras.

Je grogne. Je pose mes yeux sur sa main, je remonte le long de son bras. Je la fixe méchamment. Je ne dis rien. Je n'en ai pas besoin. Elle a compris. Elle recule, me lâche.

- Pardon, pardon, murmure-t-elle les yeux écarquillés. Elle pose sa main sur son cœur, comme si elle venait de croiser un fantôme. Elle me fait marrer avec son air de vierge effarouchée !

T'as raison fillette ! Dégage !

Comme si j'allais la frapper ? Quoique... je la reconnais... Mirajane Strauss, elle s'appelle... Elle était présente ce jour-là. Elle... elle m'a même craché dessus, je m'en souviens très bien ! Alors la frapper ?

Oe ! C'est dans mes cordes !

Je passe mon chemin, j'augmente le volume dans mon casque. Je me mords les joues. Vaut mieux que j'évite de sourire. Son petit air contrit... Que du vent ! Je l'imagine déjà courir dans tous les sens pour prévenir tout le monde que je suis là. Je mets le volume à fond. J'ai aucune envie de les entendre. Je serre les poings. Je n'attends qu'une chose : pouvoir me barrer au plus vite.

Je rentre dans la classe n°8. Je m'installe au fond. Je ne dis pas un mot, mais mon regard parle pour moi. Je me suis entraîné, sachez-le !

Approchez-moi et je vous défonce !

Je regarde les autres élèves, un à un, droit dans les yeux. Ils ont un mouvement de recul, ils plissent les yeux... ça chuchote, ça murmure... La peur brille dans leurs yeux.

Oe... c'est bien moi !

Natsu Dragneel le retour !

Je ne porte plus de lunettes, mes bourrelets ont fondu sous un tas de muscles hâlés par des heures passées à jouer sur la plage, ma tignasse de premier de la classe a disparu, mes cheveux sont désormais roses ! Un problème ?

Je me détourne, je regarde par la fenêtre. Le cours commence. J'écoute distraitement, je suis tendu. Je sens un regard posé sur moi... On m'observe. Je le sens...

Narquois, je me retourne tout doucement. Je la fixe intensément.

Lucy Heartfilia... comme par hasard !

Toujours aussi sûre d'elle, toujours à prêtée, magnifique ! Des cheveux d'or qui retombent en cascade sur sa peau de porcelaine, un corps d' ange...

Tiens ! Tu me regardes maintenant... Je ne suis même pas étonné !

Je ne la quitte pas des yeux. Mon sourire s'élargit. Mes canines reluisent. Elle frissonne, elle tremble... Elle baisse la tête. Elle est toute rouge. Elle flippe, elle flippe grave !

Ahah ! Y a aucune bonté en moi, aucun pardon ! T'as voulu me détruire ? Ben regarde pétasse ! Je suis toujours là et si je dois renvoyer quelqu'un à l'hosto... ce sera toi ! J'hésiterai pas cette fois !

Sauf que...

J'ai promis à ma mère que cette fois j'éviterai les problèmes... donc je me passe de ma vengeance. Elle ne vibre que dans ma tête. Mais...un seul mot...un seul geste... le moindre affront... et je ne réponds plus de rien !