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Evy

Je coupe la ligne en tremblant et Audrey me regarde d'un drôle d'air.

-Est-ce que c'était bien celui à qui je pense?

Je hoche la tête et elle n'en revient pas.

-Alors, après trois mois de silence, il t'appelle pour te dire qu'il faut que tu ailles à Miami?

-Exacte.

-Ah le culot! Et tu vas y aller ?

-Oui, ça fait partie du contrat. Au moins, on arrive bientôt à la fin. Je n'aurais pu à endurer cette situation.

Elle flatte mon dos et j'appuie ma tête contre son épaule.

Dans quel pétrin je me suis foutue, encore.

Mon rythme cardiaque n'a toujours pas redescendu. Il s'est emballé aussitôt que j'ai vu son visage sur mon écran. J'avais oublié que j'avais jumelé son numéro de téléphone à son image. J'ai pris toutes les précautions pour ne pas tomber sur ces images, mais vu l'absence de communication entre nous, j'ai oublié la fiche contact. Je m'éloigne de mon amie et je sors de la boutique. J'aurais prié pour un vent frais, mais j'ai droit à une canicule du mois de mai. Je n'aurais pas dû accepter ce voyage. J'angoisse déjà à lui parler au téléphone. Je n'imagine pas être face à lui. Encore moins lui démontrer de l'affection en public. Je me console en me disant qu'il est très occupé durant le grand prix, donc il n'aura pas beaucoup de temps à me consacrer. Je jouerai les touristes dans Miami.

-Hey pourquoi tu es partie vite comme ça? Demande Audrey en arrivant devant moi.

-Pardon, j'avais besoin d'air... J'avais l'impression d'étouffer dans cette boutique.

-Tu sais, ça du bon qu'il t'ait téléphoné pendant notre shopping.

-Ah oui? dis-je avec hésitation.

-Oui. De cette façon, on sait qu'il faut te faire une garde-robe du tonnerre.

-Je n'ai pas besoin de vêtements...

-Arrête! Ils sont tous beaucoup trop grands. Fais-moi confiance, tu dois monter à Charles la chance qu'il a ratée.

J'avoue que l'envie de lui décrocher la mâchoire me fait sourire. Même si je sais pertinemment que mes poignées d'amour n'ont rien de sexy.

-Allez, sors de ta tête et viens avec moi! Ajoute Audrey en m'attrapant la main.

Elle m'entraîne à l'intérieur pour dévaliser le magasin. Enfin, du côté des soldes.

La passe dans ma main, je fixe la grande bannière de la Formule 1. Ça fait trente minutes que je suis planté au beau milieu du stationnement sans réussir à avancer d'un pas. J'ai peur de voir Charles et j'ai surtout honte de me présenter dans cet accoutrement. Je n'aurais jamais dû laisser Audrey monter mon sac. Elle savait bien trop qu'une fois qu'elle serait partie, j'aurais remplacé tous mes nouveaux vêtements par mes anciens. J'ai l'impression que mes shorts tailles hautes ne cachent pas complètement mes fesses. J'ai réussi à négocier pour les prendre noirs, question qu'elles avantagent ma silhouette, au grand désespoir de mon amie. Il va sans dire que j'ai agencé le tout avec le crop top que je portais au lancement. Je suis plantée là, au soleil et je me sens complètement nue.

-Hey, Evy!

Je sursaute lorsque j'entends mon nom. Je me tourne et me détends aussitôt que je reconnais Pierre.

-Je n'étais pas certain si c'était toi. Wow...la carrière d'auteur-compositrice te va à merveille. Tu es magnifique. M'accueille-t-il en me prenant dans ses bras.

-J'ai l'impression d'être nue et j'ai la honte. Dis-je en me justifiant.

-Beauté, la majorité des filles qui passent le portail porte encore moins de vêtements que ça. Crois-moi, tu es parfaite. Ajoute-t-il en se reculant.

Je tire mes shorts vers le bas et je me plie vers l'avant en essayant de cacher mon ventre. Pierre me lance un regard de compassion et ôte sa veste pour me l'offrir.

-Tiens, je crois que tu seras plus à l'aise avec ça.

Je la dépose sur mes épaules et remonte son attache sous le regard rieur de Pierre.

-Tu sais que Charles va sauter un câble s'il te voit dans les couleurs d'Alpine.

J'analyse mon ensemble et j'avoue que la femme du pilote Ferrari ne devrait pas porter les couleurs d'une autre équipe.

Rendu là, je suis ici et c'est tout ce qui compte, non?

Je hausse les épaules et profite de la présence de pierre pour franchir le portail accompagné. Le gardien me salue par mon nom et je remarque que la photo utilisée pour mon badge est celle que Charles a prise pendant sa première visite à Houston. J'ai tellement changé depuis, physiquement, mais aussi mentalement. Pierre m'escorte jusqu'à l'entrée du stade en m'indiquant le chemin pour me rendre au garage des rouges. Je le remercie et reste sur place encore quelques secondes pour me recentrer. Je n'imaginais pas qu'ils monteraient les paddocks dans le stade de football. On aura tout vu! Je ne sais même pas si je dois aller le rejoindre ou si je n'ai qu'à errer dans les paddocks question de me faire remarquer. En toute honnêteté, moins j'ai à le voir, mieux je me porterai je repère un petit banc près d'un café et m'y installe tranquillement. J'observe le monde qui m'entoure en me souvenant du sentiment d'émerveillement ressenti au tout début. Dire qu'aujourd'hui, tout cet univers m'étourdit. Une petite fille courte vers moi et elle me fait un câlin. Sans trop savoir pourquoi, je lui rends la marque d'affection.

-Tu es comme une princesse...tellement jolie. Dis la fillette.

Je lève les yeux vers sa maman qui semble mal à l'aise de l'instruisions de son enfant. La remarque de la petite me touche droit au cœur et je la remercie en lui flattant les cheveux. Son sourire est contagieux, j'avais besoin de cette petite poussée de confiance.

-Dis bonjour à Charles pour moi, stp princesse. Dit-elle avant de continuer son chemin aussi joyeusement.

Comment sait-elle que je suis ici avec Charles? Les gens ne cesseront jamais de me surprendre. Je sors mon téléphone de mon sac et profite du moment pour faire un live Instagram.

-Me voilà à Miami les copains. Vous ne croyez tout de même pas que je laisserai passer une occasion de voir courser mon petit husband! Je vous embrasse et je vais profiter de la chaleur floridienne. Bizou!

Aussitôt que la caméra arrête de tourner, mon faux sourire disparaît. Je replace le tissu de mon short et monte mes lunettes de soleil sur mon nez. Je penche la tête vers l'arrière et profite un peu du calme avant la tempête.

On annonce une alerte d'ouragan... L'ouragan Charles Leclerc.

Bienvenue à VegasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant