(Musique recommandée : Michelle - Bear McCreary)
Alors qu'un paysage lugubre défilait à vive allure devant mes yeux fatigués, je me surpris à regretter de plus en plus la destination choisie par mes soins pour ma semaine de congés. Les sombres étendues de forêt fusionnaient avec la noirceur du ciel, si bien qu'il m'était difficile de discerner avec précision ce que je voyais à travers la vitre embuée du taxi. Du noir. Voilà ce qui se présentait à mes yeux inquiets. Un camaïeu de noir et de tristesse.
Les rafales de vent et les torrents de pluie qui s'abattaient sur la carrosserie de la belle Cadillac la faisaient vaciller de temps à autres. C'était un beau modèle V16 sur le marché seulement depuis l'année dernière, et dont le chauffeur m'avait vanté les mérites durant le trajet. Je jetai un regard discret vers lui, et il ne paraissait pas le moins du monde inquiet quant au climat, contrairement à moi. Il se contentait de fredonner un air joyeux, contrastant avec la lourde atmosphère des landes. Décidément, ce temps avait l'air normal pour la région de Cotswolds.
Tandis que ma montre en laiton affichait vingt heures passées, je tapotais avec impatience mes doigts sur mon sac en cuir. Trois longues heures s'étaient écoulées depuis le début du trajet, et nous aurions dû arriver à destination depuis déjà une heure. Le soleil avait depuis longtemps cédé la place à la lune, et je n'avais qu'une hâte, me glisser dans un bon lit chaud, les rideaux tirés. J'en venais presque a regretter les larges avenues et les rues animées de la ville.
Quelle étrange idée j'avais eu de vouloir venir ici. Nous n'avions croisé âme qui vive depuis des kilomètres. Pas un passant, pas une voiture. J'en vins même à me demander si le conducteur m'emmenait bel et bien au village ou au fin fond des enfers. Pourtant la perspective de la solitude n'était pas pour déplaire ma misanthropie.
Le véhicule finit finalement par ralentir, et se rangea sur le bas côté de la route, les fins cailloux crépitant sous les roues trempées. Le moteur se coupa, laissant comme seule mélodie a mes oreilles le battement régulier de la pluie sur le capot, et le vent sifflant à travers les vitres. Ma joue toujours posée contre le verre froid, j'observais avec appréhension le paysage désolé dans lequel nous étions selon moi perdus. La route continuait de s'étendre à perte de vue, fendant en deux l'immense parcelle de chênes et de genévriers dont les troncs et branches s'entrelaçaient impétueusement dans le vent. Si cela ne dépendait que de moi, j'aurais sûrement demandé au chauffeur de me ramener dans mon modeste appartement londonien. Alors que les secondes s'écoulaient, le chauffeur me sortit de mes rêveries.
"Monsieur, vous ne descendez pas ?"
Je me redressai brusquement, ma joue glacée et rougie par le froid. Il me fallut quelques temps pour reprendre mes esprits et comprendre les mots du chauffeur, avec espoir que l'idée même de me déposer ici ne puisse être qu'une mauvaise plaisanterie.
"Excusez-moi ?" furent les seuls mots qui parvinrent à sortir de ma bouche soudainement sèche, mes bras enserrant avec angoisse mon grand sac de voyage en cuir posé sur mes genoux.
"La route menant à Castle Combe est en rénovation, je ne peux malheureusement pas vous amener plus loin."
Je remarquai en effet, éclairé par les phares de la voiture, un panneau condamnant la route dans une centaine de mètres.
"A combien de kilomètres sommes-nous du village ?"
Je n'avais aucune idée de l'endroit où nous nous trouvions, et la route qui s'étendait dans le noir de l'horizon me semblait interminable. Je n'avais jamais envisagé devoir terminer le trajet à pieds. J'avais heureusement pensé a apporter dans mon sac mon guide touristique de la région.
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Reminiscence
FanfictionDans les méandres d'un hôtel empreint de mystère, une boîte à souvenirs oubliée révèle les secrets d'un amour interdit. Junhui, gardien de ces souvenirs, et Minghao, héritier d'une noble lignée, se retrouvent entraînés dans une passion dévorante, dé...