Poesia per Roma - Ultimo
Le soleil se lève sur le premier jour de ma nouvelle vie.
Après avoir déambulé dans tous les endroits qui ont servi de toile de fond à notre Erasmus, il nous est impossible de nous quitter comme ça, au milieu de la rue, en nous faisant la bise.
— Qu'est-ce qu'on fait, ragazzi ? s'enquiert Giulia.
— On pourrait peut-être attendre le lever du soleil, non ? propose Gabriella.
— Où ça ? J'ai un peu mal aux pieds moi ! se plaint Laurie, appuyée contre un lampadaire.
— Je sais pas, au Pincio peut-être ? lance Thomas, au hasard.
J'aperçois un éclair de génie traverser les yeux de Livio, prêt à dégainer sa carte maîtresse :
— Le Pincio, c'est beau au coucher du soleil, mais au lever, c'est en face qu'il faut aller. Suivez le guide !
Au cœur du Trastevere, nous empruntons une route sinueuse et escarpée, au grand dam des orteils de Laurie, pour rejoindre le point culminant de la colline du Gianicolo. Alors que le ciel commence à peine à s'éclaircir, nous sommes seuls sur le mur du belvédère, face à la ville prête à s'éveiller.
Entourée de mes amis et de Nicola, Rome s'incline devant moi. Le chant des oiseaux aux premières lueurs du jour accompagne nos rires. Nous formons une chaîne humaine, unie par une même envie de vivre et d'aimer. C'est sans doute l'effet que Rome a eu sur nous. Elle nous a accueillis, nourris et bercés pendant les longs mois d'hiver, pour enfin nous laisser éclore.
Je ne peux retenir mes larmes lorsque le soleil se détache de l'horizon et vient éclairer nos visages de son rouge chatoyant. La ville se réveille et il faut finalement rentrer nous coucher. Épuisés, mais heureux.
Avant de quitter le belvédère, je jette un dernier regard à la ville et à tous ces monuments que j'ai appris à connaître et à admirer.
Lorsque j'entends des idées qui soutiennent que Rome est une ville-musée, je ne suis pas d'accord. Un musée est un mausolée, ce que l'on observe n'est plus vivant et se trouve derrière une vitrine qu'on ne peut toucher.
Avec un sens de la vie aussi exacerbé, on ne se sentira que rarement face à une ville-musée. D'une manière générale, la vie n'a jamais cessé d'exister dans les rues de Rome. Évidemment, il y a des points d'arrêt, des pauses, des choses qui ne fonctionnent pas, pour ne pas dire que rien ne fonctionne.
Les Romains se plaisent à dire que leur ville est un immense chaos qu'ils haïssent, mais qu'ils ne pourraient abandonner pour aucune autre, et je crois que je suis bien placée pour le savoir désormais ! Car ils savent bien, et ils en sont fiers, que leur cité fut le berceau de l'Humanité, des siècles avant notre ère.
Roma Caput Mundi.
Rome, Capitale du monde.
C'est la phrase qui me vient en tête avant de m'endormir, dans les bras de Futur.
Est-ce toujours le cas aujourd'hui ? L'humanité ne semble plus avoir de point d'ancrage, de repère, ni de réel centre du monde. Pour ma part, Rome le sera éternellement. Ce sera ma capitale, le centre de mon monde, mon point de repère.
C'est l'endroit où je me rendrais, si jamais un jour je me perdais à nouveau.
VOUS LISEZ
Ça ira mieux à Rome
Ficção Geral✨ GAGNANTE DU PRIX WATTYS 2023 ✨ Chiara n'est plus que l'ombre d'elle-même lorsqu'elle débute son année d'étude à Rome. Son petit ami, surnommé Lâche, l'a laissé tomber sans aucun scrupule. À bout de souffle, elle va néanmoins s'accrocher et surmon...