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Evy

C'est impossible d'être plus attentive aux directives de Fanny. Ça me prend tout pour m'éviter de regarder Charles. Depuis qu'il m'a prêté son polo, j'ai l'impression d'avoir son odeur imprégnée dans la peau et ça m'embrouille l'esprit. Cette foutue réunion est longue pour rien. La dernière phrase de la directrice résume très bien la situation :

-En fait...si vous voulez qu'on croie à votre couple...faites l'inverse de ce que vous faites présentement et tout ira bien.

C'est le seul moment de la rencontre où j'ai osé lever les yeux vers lui. On se sourit mutuellement, étant beaucoup trop conscient d'être tout sauf chaleureux, l'un envers l'autre. Fanny referme son portable et quitte rapidement la pièce.

Génial!

Je regroupe mes documents laissés par Fanny et Charles en profite pour prendre la parole.

-Veux-tu aller porter tes choses à l'hôtel?

-On ne doit pas faire acte de présence dans les paddocks?

-Oui, mais comme l'hôtel est juste à côté, je me disais que tu aimerais peut-être aller y déposer des choses.

Je pousse ma chaise et agrippe ma valise en me levant.

-Tu es certain que ce n'est pas juste une excuse pour te retrouver dans une chambre avec moi? dis-je sans réfléchir.

C'est bien moi ça. La nervosité me fait dire les pires conneries.

Les yeux grands ouverts, Charles me fixe n'ayant pas la moindre idée de quoi me répondre. Je lui explique rapidement que ce n'est pas ce que je voulais dire. Il tourne son alliance sur son doigt en riant nerveusement. Mon attention est retenue sur sa bague. Je réalise ainsi que j'ai oublié de porter la mienne. Elle est encore dans le fond de mon sac. Il contourne la table et m'ôte la valise des mains.

-Pas question que je te laisse porter toi-même tes bagages... Je sais vivre quand même.

Ses doigts frôlent les miens et j'en ressens une décharge électrique. Il poursuit son chemin et m'ouvre la porte.

-Tu viens? demande-t-il en remarquant que je n'ai toujours pas bougé d'un cheveu.

-Oui, oui.

Comme Fanny nous avertit que très peu de gens sont au courant de notre arrangement, nous jouons le jeu devant tout le monde, même les pilotes. Je tiens sa main et souris chaque fois qu'on nous salue. Comme on approche la passerelle médiatique, une idée me traverse l'esprit. J'attrape la main de Charles pour l'immobiliser.

-Ça va? Me demande-t-il d'un air perplexe.

Dans ma tête je compte jusqu'à trois, j'agrippe le collet de son polo et plaque ma bouche sur la sienne. Je l'embrasse doucement sans sortir ma langue. Il s'attendait à tout sauf ça. Il laisse tomber ma valise pour me serrer contre lui. Mes pieds ne touchent plus le sol et pendant un cours d'instant, tous mes tracas s'évaporent. Même si c'est juste du spectacle, je profite du bien-être temporaire. On passe quelques secondes l'un près de l'autre et lorsque je me recule pour reprendre mes esprits, Charles m'interroge à bout de souffle.

-Hum...j'ai manqué quelque chose?

-J'ai cru que c'était la meilleure façon de dissiper le malaise. J'ajoute en pointant également notre emplacement.

Il tourne la tête en passant son pouce sur sa lèvre. En ce moment, j'envie son doigt. J'aimerais me retrouver pendu à ses lèvres et y rester pour plusieurs heures encore. Ce baiser efface tous les efforts que j'ai faits pour passer par-dessus Charles Leclerc, mais ça fait partie du contrat. Il siffle en se pliant pour reprendre ma valise et en profite pour replacer subtilement son pantalon. S'il me fallait une confirmation qu'il a appréciée, je viens maintenant de l'avoir. Je défroisse mon polo en reprenant la route.

Charles a raison, l'hôtel est vraiment proche du circuit. On peut presque dire qu'elle est sur le site. Les portes de l'ascenseur se referment et les souvenirs du brésil hantent mes pensées. On avait passé un sacré beau week-end...enfin, jusqu'à ce que Charlotte s'en mêle. La porte s'ouvre, laissant entrer une dizaine de personnes. Je suis soulagée de ne plus être seule avec lui. Même s'il me met en colère, ça ne m'empêche pas d'avoir envie de lui sauter dessus. Surtout depuis que j'ai regôuté à ses lèvres. C'est sans surprise que Charles signe des autographes et prend des photos. Cette fois, personne n'a l'air de porter attention à mon identité et c'est bien comme ça. Je me plais à l'écouter discuter avec ses fans. Ils sont vraiment heureux de le rencontrer. La porte s'ouvre sur notre étage et il me laisse passer d'avant. J'angoisse de pas en pas. Comment vais-je géré de me retrouver seule avec lui dans une chambre? Il marche d'un pas franc et s'arrête tout au fond du couloir.

-Voilà, c'est ici! dit-il en déverrouillant la porte.

J'entre et encore une fois, je suis subjuguée. La pièce est plus grande que mon appartement complet.

-C'est immense, ici. Tu voulais être certain qu'on ne se pile pas sur les pieds. J'ajoute en riant pour détendre l'atmosphère.

-Hum...ma chambre est de l'autre côté du couloir. Dit-il en levant les yeux vers moi pour analyser ma réaction.

J'avoue que même moi, je ne me comprends pas la mini déception. Je devrais être rassurée d'avoir mon espace. Dû à mon silence prolongé, il poursuit :

-J'ai pensé que tu serais plus à l'aise comme ça.

-Effectivement, c'est une belle attention. Merci!

Il sourit et dépose ma valise au pied du lit.

-J'aimerais me rafraîchir un peu, avant de repartir sur les paddocks...

-Oui, bien sûr! Quand tu seras prête, viens cogner à ma porte. Prends ton temps, on n'est pas pressé.

-Merci, Charles.

Je vois qu'il hésite à me donner la bise, mais il opte pour une poignée de main. Je lève le sourcil et serre sa main. Il s'empresse de faire demi-tour pour quitter ma chambre. Une poignée de main! On vient vraiment de se saluer avec une poignée de main. On aurait dit qu'on venait de conclure un marché. En réalité, c'est tout à fait ça. Notre relation n'est qu'un contrat d'affaires.

Un putain de contrat.

Bienvenue à VegasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant