Chapitre six

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Bellatrix avait pénétré dans l'esprit de son neveu sans l'avoir prévenu. C'était le but, il devait apprendre à fermer son esprit. Là, elle pouvait voir toutes ses pensées, ses souvenirs et ses peurs les plus inavouables. Elle pouvait notamment y lire la crainte de décevoir le Seigneur des Ténèbres, ce qu'elle partageait également. Et alors qu'elle voyait Draco regarder sa Marque, sa vision se brouilla. D'abord faiblement, signe que le garçon luttait contre cette intrusion. Sans grand succès visiblement, puisque l'image apparut à nouveau claire. Mais brutalement, tout cessa et Bellatrix ne vit plus rien. Le garçon avait réussi à fermer son esprit. Il le bloquait mais pour combien de temps ? Draco n'était pas encore assez puissant ni entrainé pour le bloquer sur du long terme, mais la sorcière expérimentée mit fin au sortilège.


Si le garçon ne voulait rien laisser paraitre, la fatigue due à l'exercice qu'il venait de pratiquer se laisse apercevoir sur son visage. Sa tante avait toujours ce petit sourire satisfait lorsqu'il leva le regard vers le sien.


- Tu vois, ce n'est pas compliqué, et encore plus facile pour toi. Tu n'es pas un sang pur affilié aux Black pour rien !, déclara-t-elle, visiblement fière.


Bien sûr, la pureté du sang n'avait rien à voir là dedans mais Draco se laissa berner. Il se sentait plus fort et plus enclin à protéger son esprit. Il n'avait plus qu'à s'exercer, maintenant qu'il avait réussi et qu'il savait, en pratique et non plus en théorie, comment il fallait faire.

A l'inverse de Harry à qui Snape avait voulu apprendre, Draco se montrait bon élève. Il allait s'entrainer, chaque jour, jusqu'à ce que ce soit qu'un bête automatisme. Il en était capable, ce n'était pas un Serpentard pour rien. Pourtant, rien n'indiquait qu'il réussirait les autres fois. Personne pour le lui dire, personne pour l'aider. Draco ne pourrait se fier qu'à cette sensation qu'il avait ressenti lorsque son esprit était devenu impénétrable.


Il resta un petit moment avec sa tante même si la conversation ne fut pas des plus enrichissantes. Elle ne lui apprit rien qui puisse l'intéresser. Son père était toujours à Azkaban et Lord Voldemort toujours remonté contre sa famille.

Lorsque Draco prit congé, il pleuvait des trombes d'eau et il rentra alors avec la première carriole venue. Des élèves de quatrième année y étaient installés mais le blond se fit une place, n'hésitant pas à montrer son insigne de préfet pour se mettre à un endroit à l'abri. Les sombrals partirent, sans que les sorciers tels que Draco ne les voient. Durant le chemin, il s'exerça à fermer son esprit, sans grand succès vu le brouhaha que faisaient les plus jeunes à ses côtés. Exaspéré, il laissa tomber son exercice et se laissa porter par les secousses.


Draco s'ennuyait et il prêta alors une oreille à la conversation des sorciers, qui discutaient de Fred et Georges Weasley, et de ce qu'ils avaient fait à Montague. Enfermé dans l'armoire à disparaitre, il avait failli y laisser la vie, surtout quand il avait décidé -à raison- de transplaner. Draco en avait entendu parler puisque Montague était un Serpentard et un membre de l'équipe de Quidditch qu'il avait côtoyé. L'armoire à disparaitre ne tomba pas dans l'oreille d'un sourd. Le jeune préfet se rappelait en avoir vu une chez Barjot et Beurk, en assez bon état. Il pouvait peut-être se faire passer des objets par ce biais là, ou du courrier qui ne serait pas surveillé, à condition qu'il retrouve celle de Poudlard.


- Et ils l'ont transféré où cette armoire ?, questionna-t-il.

- Heu ... dans la salle sur demande apparemment. Mais elle est cassée, la prévint une élève appartenant à la maison de Serdaigle.


Sans la remercier, Draco nota l'information dans un coin de son esprit. Ca c'était une sacrément bonne idée d'après lui. Il lui suffisait simplement de la trouver, de la réparer et de pouvoir se faire livrer presque à domicile tout ce dont il aurait besoin sans passer par ce vieux cracmol.


En rentrant, il se fit fouiller mais le concierge ne trouva rien, vu que l'adolescent n'avait rien acheté. Il croisa le regard du professeur Snape. Un regard indéchiffrable et Draco ne s'y attarda guère. L'inspection achevée, il fila vers la salle commune où il resta jusqu'à l'heure du déjeuner. Le jeune Serpentard n'avait pas de devoir et il mit en application ce qu'il avait réussi à faire une fois, bloquer son esprit. Or, il pensait à trop de choses pour pouvoir réellement se concentrer, il devait faire le vide. Se concentrer sur cet exercice uniquement. Il n'était en septembre, il avait encore tout un an pour faire ses preuves. Une longue année pour tuer le directeur de son école et pour réparer l'armoire à disparaitre une fois trouvée. Draco en avait des choses à faire et à penser, c'était difficile pour lui de se concentrer sur ses devoirs et sa vie d'adolescent. Il avait grandi trop vite, exposé à des objectifs difficiles et impensables pour un jeune de son âge.



Le repas du midi fut tranquille. Beaucoup d'élèves, malgré la pluie, étaient restés à Pré-Au-Lard et avaient sans doute diné sur place. Draco était rentré tôt et seule Astoria était là parmi ses fréquentations. Même s'il était préoccupé et qu'il souhaitait se débarrasser du repas le plus rapidement possible, le jeune blond s'installa tout de même aux côtés de la Serpentard.

Astoria était comme sa sœur, peu bavarde. Elle ne forçait pas la conversation quand elle voyait que son interlocuteur n'en avait pas envie. Ils parlèrent très peu et Draco mangeait également peu. Il n'avait jamais été bien épais mais depuis quelques temps, ses joues s'étaient creusées, rendant ses yeux plus globuleux et enfoncés dans leurs orbites. Rien qu'à son physique on pouvait voir que quelque chose clochait.


L'après midi, il le passa encore seul. Astoria travaillait et ses amis n'étaient toujours pas revenu du village. Lui, il s'entraina jusqu'à se donner mal à la tête, avant de finalement se changer les idées en se promenant dans le château. Il pleuvait trop pour sortir alors il lézardait dans les couloirs et les escaliers. Sans réellement en prendre conscience, le garçon se rendit au quatrième étage, devant la grande tapisserie du chevalier et il eut alors un déclic. La salle sur demande se cachait derrière ce mur. Il ne pouvait que s'en rappeler, avec la chasse faite aux membres de l'Armée de Dumbledore l'année précédente. Seulement, la particularité de cette pièce était l'incantation à penser pour pouvoir y pénétrer mais surtout les changements qu'elle pouvait effectuer selon nos besoins. Une envie pressante ? Des toilettes apparaitront. En endroit où faire un somme ? Un petit dortoir verra le jour. Alors pour l'armoire à disparaitre, il fallait penser au bon endroit. Et ça, c'était certainement le plus compliqué. L'objet était sans doute caché parmi tout un fouillis.


Le garçon s'assit alors sur un muret plutôt bas et réfléchit. Il n'avait que ça à faire de toute façon. Et si l'endroit n'était pas le bon, il pourrait bien retenter sa chance. Mais ce jour là n'était certainement pas son jour de chance. Ronald Weasley et sa petite amie Lavande Brown venaient d'élire domicile non loin du jeune Serpentard. S'ils roucoulaient d'un semblant de bonheur, Draco n'avait pas forcément envie d'écouter leur petite conversation et il se leva d'une traite, repartant en sens inverse.

Son mal de tête n'avait pas cessé, bien au contraire. Il avait besoin d'un véritable repos, de se changer les idées aussi. L'adolescent rejoignit donc sa salle commune, espérant que ses amis soient rentrés. Blaise Zabini et Vincent Crabbe étaient là, pariant sur la défaite de Poufsouffle face à Serdaigle. Au match précédent, Serpentard avait été battu par Gryffondor et la défaite était encore douloureuse, surtout quand on savait la rivalité entre ses deux maisons. Draco s'installa près d'eux, piquant un patacitrouille dans le paquet que tenait Crabbe. Il n'était pas gêné et le garçon un peu balourd ne disait jamais rien, ayant l'habitude de ce traitement de la part du préfet.

La journée s'acheva avec le retour des filles qui montèrent se changer pour montrer à leurs amis masculins les achats qu'elles avaient fait. Draco s'en fichait un peu, mais il fallait avouer que Pansy était plutôt jolie dans cette tenue. S'il ne la complimenta pas, elle sentit son regard sur elle et il n'en fallut pas plus pour la faire rosir, et raviver l'espoir d'une relation avec son cher Serpentard.

Shadow of Allegiance [HP]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant