La rencontre

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~Point de vue d'Elena

Aujourd'hui est un jour pluvieux, ennuyant et tout ce qui peut-être le plus blasant possible...
Ma mère m'appela du bas de l'escalier :
-Elena Patterson, descend immédiatement de ton antre et sors un peu. A force de rester enfermée, regarde la couleur de ton teint si rosé lorsque tu étais enfant !
-Pourquoi tiens-tu autant à ce que je sorte ? Je suis bien à la maison, d'autant plus qu'il pleut...
-Il n'y a pas de discussion, tu sors, c'est tout.
-Mais...
-Il n'y a pas de mais.

Je poussais alors un soupir exaspéré et me dirigeais en traînassant des pieds vers la porte de la maison. C'était tellement désagréable d'avoir une mère comme ça... Elle veut absolument que je sorte alors qu'IL PLEUT !
Je n'en peux plus, vraiment. Depuis qu'on a déménagé et que Jimmy est mort, elle ne veut pas me laisser à l'intérieur de cette maison pour, dit-elle, « Ne pas me laisser aller aux idées noires ».
Jimmy, c'est mon frère, il est... Mort.
Pourquoi aies-je tant peur de ce mot... Reprenons là ou nous en étions.
Jimmy s'est suicidé il y a 1 an, 11 mois et 30 jours... Demain, ça fera 2 ans qu'il est parti rejoindre les étoiles... Pourquoi a t-il commis cette faute irréparable... Pourquoi ?
A cause de cette fille, Serena... Celle qu'il aimait plus que tout et qui l'a trompé puis quitté sans plus d'explications... Il est mort à cause de l'amour, cette chose débile, sans intérêt, qui nous bouffe l'âme jusqu'à en crever... Il s'est pendu et c'est moi qui l'ai trouvé et qui ai récupéré la lettre avant que la police n'arrive, il ne voulait pas qu'ils sachent, qu'ils sachent que, malgré tout ce qu'il disait, il arrivait à aimer, qu'il avait encore un coeur qui battait... Mais elle l'a brisé ce coeur et ce, à jamais... Du coup c'est moi qui porte le poids de la raison de son acte, puisqu'il ne voulait que personne ne le saches à part moi...
Je me souviens quand je l'ai vu, mort, j'ai tout de suite crié en ne voulant pas accepter qu'il n'était plus de ce monde depuis de nombreuses heures déjà. 8 heures et un quart apparemment avaient dit les médecins.
Depuis ce jour, j'ai décidé de ne jamais aimer de ma vie, je ne veux pas aimer parce qu'il est mort par amour.
Elle n'est même pas venue a son enterrement...
Rien que cette pensée me détruit... J'aurais aimé pouvoir retourner en arrière et l'empêcher de mourir aussi bêtement, voire de tomber amoureux d'elle. Je sais que vous allez me dire que ce n'est pas ma faute, que l'amour ne se contrôle pas, que cela ne sert a rien de culpabiliser. Je sais tout ça, je l'ai entendu un bon millier de fois, cependant, vous ne pouvez savoir ce que cela fait de vivre avec ce poids sur la poitrine...
Tout en ruminant mes pensées sombres en marchant sur la pluie, je heurtais quelqu'un. Nous tombâmes sur le sol. Je me relevais et tendis la main a l'inconnu pour l'aider a se relever. Il était blond, grand, un mètre quatre-vingt environ, il devait avoir mon âge et... Et il avait un regard d'un bleu perçant qui me transperça l'âme. Ce regard, j'avais l'impression de le connaître depuis toujours.
Nous restions là à nous regarder dans le blanc des yeux attendant je ne sais quel événement pour détacher nos regards l'un de l'autre. J'étais comme aimantée par tout son être. Je sentais mon coeur accélérer puis ralentir.
Soudain, l'inconnu se mit a bredouiller je ne sais quoi, ce à quoi je répondis un comment un peu agressif il me semble. Ce n'était pas voulu donc je m'excusais aussitôt. Un silence envoûtant s'installa entre nous. Il se releva toujours en m'observant. Je ne devais pas être belle à voir, mes longs cheveux noirs mouillés et en bataille.
Il tourna sa tête sur le côté en rougissant un peu puis me dit :

- Désolé de t'avoir bousculée. Je...J'étais perdu dans mes pensées.

-Ah...Euh... T'inquiètes pas pour ça, de toute manière j'étais déjà trempée...

- Tu... Tu n'as pas de parapluie ?

- Non, je... Je l'ai oublié chez moi.

Il me tendit le sien d'une main tremblotante. Son parapluie était bleu foncé avec une petite touche de violet il me semble sur le dessus. Je pris le parapluie de ses mains et le remercia. Je commençais à partir lorsque je me retournai pour lui demander quand je pouvais lui rendre son parapluie. Il me répondit qu'il habitait 16 boulevard de Strasbourg et que je pouvais venir le lui rendre demain si je le souhaitais.
Je retournai chez moi, un peu comme dirait-on dérangée par cette rencontre. Je me souvenais de tout, de la simple couleur de ses cheveux jusqu'au grain de beauté qu'il avait sur le haut de sa lèvre.
Je dois arrêter ça maintenant ! Je ne DOIS PAS tomber amoureuse. Je ne suis pas amoureuse et il ne me plaît pas. Je... NON.
J'ouvris la porte de ma maison en furie et balança deux ou trois... oui bon, une bonne centaine de jurons.
C'est tellement étrange cette sensation. J'ai l'impression d'être légère comme une plume. C'est... Agréable.
Ce n'est pas le moment... Je m'étais promise de ne pas être amoureuse. Ce pourrait être un ami... Oui, un ami...
Bon revenons-en au fait. Il habite 16 boulevard de Strasbourg si ma mémoire est bonne. Je pris mon téléphone et chercha son adresse. Il habite dans une VILLA. En plus c'est un fils à papa ça. C'est pas pour moi... Moi j'habite dans un petit pavillon aux abords de la ville. Je... Oh il faut que j'arrête de me torturer l'esprit comme cela. C'est juste un garçon (incroyablement beau) que j'ai rencontré par hasard et que je ne reverrai certainement jamais à part pour lui rendre un misérable parapluie qu'il m'a donné si gentiment avec ce petit sourire en coin c'est... STOP ! Il faut que j'arrête ça maintenant. Ça devient grave là.
Je suis vraiment un cas désespéré.
Il faut que je m'occupe l'esprit, que j'arrête de penser à lui. Mais que faire ? Un... Un gâteau tiens. Je ne sais pas cuisiner mais qui ne tente rien n'a rien comme l'on dit...
Je prends le tablier de ma mère et me met en quête d'une recette assez simple pour que je puisse la faire mais qui ne soit, pour autant, pas moins délicieuse.
Bon, faisons un gâteau au yaourt. Je fais vraiment n'importe quoi, je déteste cuisiner. Je jetai alors le tablier et tous les ingrédients par terre, me réfugia dans ma chambre et enfonça mon casque sur mes oreilles.

~point de vue d'Erôn

Je m'appelle Erôn Pernageli et je viens de rencontrer la plus étrange et la plus magnifique de toutes les créatures que j'eusse rencontré sur cette terre. C'est une fille aux longs cheveux noirs, au regard vert envoûtant et empli de quelque chose qui semble être de la douleur. Je crois que je suis tombé amoureux, en un court laps de temps. Père n'apprécierait pas cela, d'autant plus qu'elle ne semble pas être de la même classe sociale que moi. Tout semble nous opposer mais j'ai l'impression que l'on s'attire inexorablement, inconsciemment. C'est comme si nous étions comme faits l'un pour l'autre, comme si nous étions liés par je ne sais quel sort. Il faut que je la revoie, j'ai besoin de la voir... Je ne sais ce qu'il se passe, je suis comme qui dirait aspiré par elle, aimanté. J'ai lu en elle, comme si, comme si je la connaissais depuis toujours.
Ce matin là je venais d'apprendre une nouvelle terrible : je ne dépasserai pas les 25 ans. Tout ça à cause de ce maudit cœur qui fait des siennes. Il me fatigue tellement... J'étais sorti pour me changer les idées et voilà que je rencontre une fille, pour la première fois, j'ai l'impression que je l'apprécie... Même si nous n'avons fait que nous regarder, je l'apprécie. J'ai un peu peur de ce nouveau sentiment qui me tiraille la poitrine. J'aurais pu faire un arrêt cardiaque devant elle tellement mon coeur battait follement. Je me souviens de la texture de sa main, si douce, mais de sa poigne, ferme et sûre d'elle. Peu importe ce que père pense de cette relation, j'aime cette fille. Pourquoi ? Je n'en ai pas la moindre idée, je sais juste que je l'aime de tout mon cœur, de tout ce que ce coeur peut faire. La seule chose qui me rend triste c'est le fait que je ne pourrais vraiment la voir vieillir... Ce n'est pas plus mal allez vous me dire, je n'aurez d'elle, quand je serais parmi les étoiles, que l'image de cette jeune femme souriante. Pourquoi je me projette autant dans le futur ? Je ne sais pas, peut-être qu'elle ne m'aimera jamais en retour, peut-être qu'elle va déménager, peut-être qu'elle ne viendra jamais me rendre mon parapluie, peut-être... Je meurs pourtant d'envie d'essayer, tout nous oppose il me semble, seulement les opposés s'attirent dit-on.
Je ne sais de quoi est fait l'avenir, je prie juste le ciel pour être avec elle. Pour toujours.

~ Les contraires se guérissent par les contraires. Il en est des baisers comme des confidences : ils s'attirent, ils s'accélèrent, ils s'échauffent les uns par les autres.~

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⏰ Dernière mise à jour : Aug 08, 2023 ⏰

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Les amants de la mortOù les histoires vivent. Découvrez maintenant