Chapitre 27 - Tyler

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De retour à l'hôtel, Harper me remercie une énième fois de lui avoir sauvé la mise, argumentant que malgré notre relation qui souffle autant de froid que de chaud, je n'avais pas à faire ça. Que je n'en étais pas obligé.

— Je vais devoir te le répéter combien de fois ? lui demandé-je. Je n'ai pas fait ça pour toi. Je ne voulais juste pas avoir honte d'avoir une fiancée avec un trou au cul.

Elle grimace et me jette un regard mauvais.

— Bien. Tu sais quoi ? Va te faire foutre, Tyler. Je croyais que tu étais une bonne personne. Je croyais que tu avais un bon fond. Mais finalement, t'es toujours pourri. J'oublie un peu trop vite que tu es un très très bon acteur. Donc merci d'avoir sauvé ton apparence, ça a eu comme conséquence de sauver la mienne. Au moins les gens pensent que j'ai la plus belle vie du monde parce que je vais me marier avec l'homme dont toutes les femmes rêvent.

Je ne sais pas exactement ce que je lui ai fait pour qu'elle s'emporte de cette manière, mais apparemment, elle a profité de ce moment pour faire de moi son ennemi.

Très bien.

C'est loin d'être une situation que je voulais, mais elle a fait un choix et je n'irais pas à l'inverse.

— À partir de maintenant, annoncé-je, on se hait autant qu'on veut lorsqu'on a pas besoin de faire semblant. Tu as raison, je suis seulement un acteur excellent. Ce que tu es bien loin d'être.

Elle est tellement blessée que je peux lire les émotions dans ses yeux.

Douleur, tristesse, colère, dégoût.

— Tu ne le penses pas un instant, dit-il, la voix tremblante.

Non. Je ne le penserai jamais. Je suis seulement un très bon acteur.

— Je pense chacun de mes mots. Je rêve que ce cauchemar s'arrête pour que je récupère ma liberté. À cause de ta sale gueule, je ne peux même plus baiser. Si encore tu acceptais de coucher avec moi. Et tu sais quoi ? Je fais pas partie de ces connards qui ne respectent pas le consentement des autres. J'ai beau te haïr du plus profond de mon cœur, jamais de ma vie je ne mettrais la main sur toi si tu ne me dis pas oui.

— Et ça n'arrivera jamais.

— Tant mieux. Ma queue devient folle quand tu te colles à moi, mais ce n'est pas parce que tu m'attires. C'est seulement parce que tu es la seule femme que j'ai le droit d'approcher. T'es la seule option.

Elle secoue la tête.

— T'es vraiment un connard.

— Ouais.

Blessée, elle fronce les sourcils.

— Et t'en es fier ? Briser ceux qui t'entourent, c'est ça qui te fait kiffer ? Parce que bravo, tu as réussi.

Soudain, je réalise qu'aux coins de ses yeux perlent des larmes prêtes à couler à flot.

— Cool, me contenté-je de répondre alors que je ne pense qu'à la serrer dans mes bras pour lui dire tout ce que je pense d'elle.

Tout ce que je pense réellement d'elle.

Et bordel, seuls des compliments me viennent en tête.

Elle est belle.

Elle est intelligente.

Elle est sexy.

Elle joue terriblement bien.

Elle me fait un effet particulier.

Elle est tout ce à quoi je pense en me réveillant le matin et en m'endormant le soir.

Elle hante chacune de mes putains de pensées, et ça me fait flipper.

Elle me rend fou.

Elle me rend dingue.

Je rêve de parcourir son corps de mes mains, d'imprimer chaque détail de celui-ci à jamais dans ma mémoire. De la faire jouir, sans jamais atteindre à mon tour le septième ciel.

Parce que c'est la seule qui compte, la seule qui m'intéresse.

Elle a troublé l'entièreté de mon existence, et je ne sais plus quoi faire.

Je ne veux qu'elle.

J'arrêterais tout pour elle si elle me le demandait, et sans jamais hésiter.

Intérieurement, je me secoue violemment.

Que m'arrive-t-il ?

Pourquoi est-ce que j'ai l'impression de ressentir des choses ? Comment est-ce possible ?

Je ne peux pas ressentir.

Je ne sais pas ressentir.

On ne me l'a jamais appris.

L'amour en toutes ses formes ne fait pas partie de mon vocabulaire, au contraire il en est banni.

Alors je fais ce que je sais le mieux faire : je fuis.

— Tu vas où ? me lance Harper.

— Là où je ne verrais pas ta sale gueule.

Sur ces derniers mots, je me casse de cette chambre plus qu'étouffante.

Mon passé me revient en pleine gueule et j'en souffre.

C'est ça, la seule chose qui est capable de me faire ressentir.

Malheureusement, ce n'est jamais positif.

Bien au contraire, c'est la douleur la plus intense, la plus monstrueuse, celle qui détruit le plus.

J'ai mal.

Je veux mourir.

Je ne pense qu'à quitter ce monde, comme je l'aurais dû il y a des années déjà.

C'est horrible.

Et le pire dans tout ça, c'est de savoir que je ne peux rien faire, en réalité.

Mourir ne changera rien.

Et vivre non plus.

Dans les deux cas, je suis seul.

J'ai longtemps pensé que cette situation m'allait parfaitement, mais en réalité, c'est loin d'être le cas.

Je veux voir les bons côtés de la vie, savoir ce que cela fait d'aimer et d'être heureux.

Parce que pour le moment, quoi qu'il arrive, je ne vois jamais la lumière.

Je suis seulement entouré de sombreur, de noir.

Ma vie sur Terre ressemble à ce que pourrait être ma vie en Enfer.

Je ne sais pas comment m'en sortir, et au fond je pense même que c'est impossible.

Je souffrirai pour toujours, je le sais.

Personne – pas même moi – ne peut me sauver de cette situation.

Tel l'Ouroboros, je suis bloqué dans un cercle vicieux, me mangeant de façon continuelle la queue, sans aucune façon de m'en sortir.

Au bout de plusieurs minutes de marche, j'atterris sur la plage.

Je m'approche de l'eau et m'assois dans le sable.

Contemplant ce qui m'entoure, je me souviens de mon mantra.

Celui qui me motive chaque jour de ma vie à tenir bon.

Ne jamais s'attacher aux autres, c'est la clef pour ne pas souffrir.

Scandal [ANCIENNE ÉDITION]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant