La poudre d'escampette | Tome 2

Un père et une mère ou un père et un maire ?

Sans surprise, Yoonoh se sentait paisible de se réveiller aux côtés de son aîné. Il les aimait tellement ces matinées où ils avaient tout leur temps. Le châtain se leva afin de passer aux toilettes et se rafraîchir le visage un coup. Il passa une main faisant approximativement office de peigne dans ses cheveux avant de se rendre dans la pièce de vie.

Il alluma la télévision et partit se faire chauffer un café. Il ne suffit que de quelques secondes avant qu'il n'aperçoive son grand noiraud vêtu d'un débardeur et d'un short accoudé au cadre de la porte. Ce dernier frotta ses yeux d'une main et Yoonoh se sentit automatiquement attendri par cette vision.

Dongyoung vint s'installer sur le canapé sur lequel le plus jeune s'assît à son tour une poignée de secondes plus tard. Le châtain prit délicatement le visage du noiraud d'une main avant d'y planter deux baisers. Il logea ensuite son visage dans le creux sa nuque. Les deux restèrent quelques temps dans cette position puis se réinstallèrent confortablement sur le divan.

La télévision affichait les dernières infos. Les yeux du couple suivaient ce qui se passait à l'écran. Dongyoung ne manqua pas de commenter quelques unes des actualités, ce à quoi Yoonoh acquiesça jusqu'à que ce dernier ne se voit surpris de découvrir le visage de son père sur l'écran.

Certes, ce n'était pas si incongru de le voir là étant donné qu'il était un homme de renom. Après tout, il avait travaillé de nombreuses années à la tête d'un cabinet d'avocat.

Cependant, il son coeur rata un battement lorsque la voix de la présentatrice annonça qu'il s'agissait de la présentation des prochains candidats à l'élection municipale de Séoul. Alors que Dongyoung restait concentré, Yoonoh eu la boule au ventre. Comment avait-il pu passer à côté de cette information ? Il n'avait aucune idée que son père avait ce projet. En soit, cela ne lui posait aucun problème directement, il faisait bien ce qu'il voulait. Mais Yoonoh savait ce qu'il en serait de son futur : il lui serait difficile de renouer les liens avec ses parents tant qu'il serait avec un homme. Et cela en deviendrait même impossible s'il se voyait rendre sa relation publique.

« Encore et toujours des vieux hommes de bonnes familles, honnêtement je n'ai rien contre ça mais ça ne nous ferait pas de mal de changer un peu de profil pour une fois. commenta Dongyoung d'un ton insouciant. »

Le châtain ne pipa mot et éteignit la télévision au beau milieu de l'information. Le noiraud lui lança un regard interrogateur, ce qui ne sembla pas sortir Yoonoh de sa torpeur.

« Toi aussi tu trouves ça ridicule ? Je vais quand même regarder leurs programmes mais si aucun ne me convient je ne suis même pas sûr d'aller voter pour cette fois. continua-t-il. »

Devant l'absence de réponse de son copain, le plus vieux paru soudainement inquiet.

« Quelque chose ne va pas ma pêche ?

- Je... À vrai dire le candidat qui vient d'apparaître, c'est mon père. avoua finalement Yoonoh.

- Oh, je vois. répondit Dongyoung d'un ton hésitant.

- Je n'en savais rien. »

Un silence s'en suivi pendant quelques secondes pendant lesquelles le couple sembla réfléchir chacun de leur côté.

« Moi qui pensait à renouer les liens avec eux, cela me perturbe. Je pense que si je reviens mon père voudra que je m'implique avec lui dans ses histoires de campagne et je ne veux rien avoir à faire avec ça.

- Je comprend. Cela doit te faire un choque. Il te faut du temps pour réfléchir mon coeur. Ne soit pas trop dur avec toi-même et prend ton temps, je suis avec toi de tout coeur.

- Merci. fit le plus jeune en venant l'étreindre. »

Une nouvelle semaine pointa le bout de son nez. Yoonoh enfila sa veste avant de partir en direction de l'Université. Sur la route, il pensa à ce qu'il avait apprit le jour précédent. Il savait à quel point les élections municipales de Séoul étaient importantes. Et surtout, elles avaient toujours été des histoires de famille. Le candidat ne se présentait pas seul, il se présentait avec sa lignée toute entière. Et Yoonoh avait bien connaissance du fait que la ville abritait une bonne partie de la population du pays. Et surtout, il savait à quelle point la Corée du Sud se voyait stricte sur les apparences.

S'il souhaitait revenir dans la vie de ses parents, cela se verrait compliqué. Lorsqu'il était au Cap Vert, il avait pris du temps pour réfléchir à leur réaction face à son coming out et en était venu à la conclusion de leur laisser du temps pour comprendre. Il était partit plusieurs mois et s'était fait la promesse de retourner vers eux incessamment sous peu.

Seulement, il connaissait son père. Il l'avait toujours poussé à suivre sa direction et reprendre le cabinet familial. Yoonoh n'avait jamais été intéressé par cela et avait toujours été très poli dans sa manière de repousser la proposition. Il avait toujours admiré son père et il connaissait l'importance que le cabinet avait à ses yeux. C'était lui qui l'avait fondé et fait connaître aux yeux de tous après tout. Le châtain s'était toujours sentit quelque peu coupable de ne pas avoir la même passion que son paternel.

Cependant, les élections municipales étaient une autre histoire. Qu'il le veule ou non, il serait forcément exposé à la pression médiatique. Même s'il décidait de ne pas renouer les liens avec ses parents, les médias passent les vies de chaque candidat au peigne fin. Tout bon coréen le sait. Avec le profond respect que ce dernier avait pour ses parents malgré le mal qu'ils ont pu lui faire, il n'avait aucun cas envie de compromettre le titre de son père à cause de sa sexualité ou autres choix de vies. Car à vrai dire, même les quelques mois qu'il venait de passer loin d'eux sans aucun travail officiel à afficher sur son curriculum pourraient être cruciaux.

Le professeur arriva au stade le coeur lourd. Il était arrivé une quinzaine de minutes avant de recevoir sa première classe. Quelle ne fut pas sa surprise lorsqu'il découvrit un Minhyung penseur assis en plein milieu des gradins.