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Charles

Je referme ma porte et m'adosse contre celle-ci. Je joue la scène en boucle dans ma tête. Je viens de lui offrir une poignée de main.

Imbécile!

Je donne raison à Pierre, elle a changé, mais elle n'est pas plus belle qu'avant. J'ai toujours trouvé que cette fille avait un petit quelque chose de plus que les autres. Je n'arrive pas à décrire ce que c'est, mais elle me coupe le souffle à tous les coups. Je savais qu'elle me manquait. Cependant depuis qu'elle a posé les lèvres sur moi, mon corps est en feu. Chaque parti de mon corps la réclame. J'ai été tellement con de croire un jour que Charlotte était la femme de ma vie. Aucune femme n'est venue me chercher autant qu'Evy. Je suis parfaitement conscient de ne pas être en mesure de lui offrir ce qu'elle mérite. Alors, je dois continuer de jouer les bons garçons jusqu'à la fin de notre contrat. Un jour, qui sait, peut-être que nos carrières respectives nous permettront d'envisager un avenir entre nous. Je saute hors de mes vêtements et prends une douche rapide. Je mets l'eau glacée pour aider mon corps à relâcher la tension. Je me dépêche, car je ne sais pas combien de temps ça lui prendra et je n'ai pas envie de la faire attendre. Par chance, étant un homme, ma préparation ne demande pas trop de temps. Je sèche mes cheveux rapidement et prends un nouveau polo Ferrari. Je m'assois sur le canapé en attendant un signe de sa part. Au même moment, mon cellulaire sonne.

-Charles!

-Hey Mec, on te cherche partout. On voulait aller diner entre boys avant la conférence de presse. Lance Lando au bout du fil.

-Ah ça aurait été génial, mais Evy est ici alors...

-Ah...n'en dis pas plus. Profitez de votre temps en amoureux.

Je l'entends rire juste avant de raccrocher. Si seulement il savait... Je vérifie ma montre pour voir l'heure. Je ne veux pas la brusquer, loin de là, mais il me semble qu'elle prend beaucoup de temps pour se préparer. J'espère qu'elle va bien. Je pourrais peut-être essayer de la texter pour m'en assurer.

-Moi : J'ai terminé, fais-moi signe lorsque tu seras prête.

Je fixe l'écran dans l'espoir d'apercevoir les trois petits points en suspens. À peine quelques secondes plus tard, ils apparaissent.

-Evy : Je suis prête...on se rejoint dans le couloir!

L'énervement s'empare de moi et je vérifier une dernière fois que mes cheveux sont correctement placés avant de quitter ma chambre. J'essaie de me convaincre que c'est pour les caméras, mais au fond de moi, je sais parfaitement que c'est pour lui plaire.

Quand j'ouvre ma porte, je la trouve déjà là, adossée au mur. Elle a remonté ses cheveux en queue de cheval et c'est parfait, car ça dégage son visage. Elle a échangé son mini short pour une paire de leggings noir. Je la rejoins et elle remarque que je détaille sa tenue.

-Est-ce que je suis OK? Je voulais y aller pour la femme détendue. J'imagine que les copines des autres ne portent pas de la haute couture dans les paddocks. Explique-t-elle timidement.

Son commentaire m'arrache un petit rire et je lui réponds tout simplement :

-Tu es parfaite!

Son visage se détend et elle va même jusqu'à me sourire.

-Bon, allons-y...Husband!

Si jamais Evy décide de changer de carrière, elle pourra toujours se diriger vers l'acting. Elle joue tellement bien son rôle d'épouse aimante que j'y crois presque à certains moments. Chaque fois qu'elle passe sa main dans mes cheveux, je dois me rappeler que c'est seulement pour le jeu. J'essaie de ne pas être trop tactile envers elle. Je ne veux pas la mettre mal à l'aise. On arrive maintenant près de la passerelle médiatique, où la conférence de presse débute sous peu.

-Tu peux aller t'asseoir au fond de la salle ou si tu préfères, tu peux rester à l'extérieur. Ce n'est pas très long habituellement.

-Il n'y a pas de problème, je vais aller discrètement au fond.

C'est la réponse que j'espérais. Je sais que je ne serai pas avec elle, mais le fait de savoir qu'elle accepte de passer plus de temps en ma compagnie, me démontre que tout n'est pas mort entre nous. Elle montre son badge au gardien et je passe mon bras sur son épaule. Elle ne se recule pas et en profite même pour agripper mon autre main. Elle sort son téléphone et le braque devant nous.

-Allez husband...on se fait un selfie!

Je souris et en même temps qu'elle appuie, j'embrasse sa joue. Evy se raidit, mais son sourire ne disparaît pas. Nos regards se croisent un millième de seconde avant que Lando m'appelle du fond de la salle.

-Yo Leclerc... c'est ton tour de passé au maquillage !! blague-t-il.

Je glousse en détournant la tête.

-Je dois y aller. Dis-je presque, déçue de la quitter.

-Parfait! Je vais aller m'installer, avant qu'il arrive trop de gens.

J'embrasse son front et marche en direction de la scène. Juste avant d'y monter, je me retourne vers elle et lui mime un signe de remerciement. Elle ne peut pas savoir comment ça me fait du bien de l'avoir près de moi, aujourd'hui. J'ai l'impression de retrouver le soleil après une immense tempête. Son visage est calme et elle me semble heureuse. Je m'installe sur le canapé de droite et ajuste le microphone. Le chapiteau se remplit à vue d'œil et j'appréhende le début de la conférence de presse. Je déteste cette partie de mon travail et je ne suis pas le seul. À l'exception de quelques-uns des pilotes, nous éprouvons tous les mêmes sentiments par rapport aux journalistes. Ils ne s'intéressent pas vraiment à nous, ils veulent simplement vendre leurs articles de merde. Les lumières annoncent le départ de la période de questions. J'étire les plis de mon chandail pendant que je me redresse sur mon canapé. Le premier journaliste se lève en me dirigeant sa question.

-Charles, ressentez-vous plus de pression ce week-end, vu la présence de votre épouse? Avez-vous peur de la décevoir?

Je hoche la tête au désespoir et ris en me collant la bouche au microphone.

-Sérieusement? On est rendu à se faire poser ce genre de question? Lance Pierre à ma défense.

Il sait que je déteste les questions sur ma vie personnelle. L'homme hausse les épaules et continue de me regarder en attendant que je réponde. Je vois bien qu'il n'abandonnera pas.

-C'est certain que je veux qu'elle soit fière de moi, mais vous savez monsieur. Je sais que peu importe mon résultat sur la piste, elle sera fière de moi. Tout comme je suis fier de ses accomplissements à elle. Tant qu'à parler de ma femme, mentionner que son album est maintenant en vente. Aussi bien lui faire de la pub...dis-je d'un ton condescendant.

Le journaliste note mes paroles et me remercie.

Putain de perte de temps.

Bienvenue à VegasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant