À deux allemands,
le premier pour m'avoir fait découvrir Rammstein et Oomph!, le second pour avoir dit « en français, on dit bleu, blanc, rouge ».
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« You are a terribly real thing
In a terribly false world
And that I believe is why you are in
Such pain »
Portraits - Emilie Autumn
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Marie s'était montrée étrangement docile depuis ce matin.
Son ombre avait frôlé les murs des corridors sans un murmure. Ses pieds avaient foulé le carrelage de la salle de bains sans un frisson. Là, dans la pénombre du matin, sa robe avait été retirée sans qu'elle n'esquisse le moindre mouvement.
Son corset avait ensuite été détaché de son buste, puis ses cheveux avaient été dénoués.
Ne lui restait à présent qu'une ample chemise grise, car la nudité n'était pas acceptée, même dans un asile.
Oui, elle s'était montrée étrangement docile... Jusqu'au moment d'arriver devant la baignoire, car plutôt que d'entrer dedans, Marie attrapa le poignet de l'infirmière et le croqua comme s'il s'agissait d'un fruit.
Même si la carrure frêle de la patiente ne laissait pas imaginer sa rapidité, encore moins sa force, l'infirmière, elle, y avait déjà été confrontée plus d'une fois. Assez de fois pour qu'elle ne soit pas surprise et attrape les cheveux de la bête, tirant dessus pour l'éloigner.
« Lâchez mon bras ! Mademoiselle Girault ! Lâchez mon bras ! »
Comment pouvait-on avoir vingt ans, peser aussi léger qu'un bouquet de lilas et posséder la vigueur d'un démon ? Carolyn Primrose cherchait la réponse depuis l'arrivée de cette patiente, sans jamais comprendre.
« Mademoiselle Girault ! Bon sang de... »
Un filet de bave se mit à couler le long du menton de Marie alors qu'elle essayait encore d'extraire quelque chose de cette peau épaisse.
L'infirmière ne souhaitait pas faire du mal à sa patiente, mais la douleur finit par faire remuer son bras libre. Elle frappa le sommet de ce crâne, tout d'abord avec des claques, puis les claques se transformèrent en coups de poing. Au troisième coup, l'aliénée poussa un cri de surprise et lâcha enfin sa prise.
« Aïe ! »
Marie Girault contourna la baignoire avec un gémissement. Elle se mit à se frotter la tête afin de cacher les larmes qui lui montaient aux yeux, puis, certaine qu'elle ne se trahirait pas, elle se mit à feuler en direction de l'infirmière, montrant ses dents comme l'aurait fait un fauve.
Plus que ses dents tordues, on remarquait surtout ses gencives d'une couleur étrange : une teinte pourpre qui imitait le sang d'une framboise à peine mâchée, colorant jusqu'à l'émail et la langue.
« Vous m'avez fait mal, Carolyn !
— Et vous donc ! Vous collectionnez les idées d'illuminée, mademoiselle, mais me mordre ?! Le docteur Lütscher en entendra parler !
— La nuit a été longue, Carolyn ! Soyez indulgente, j'ai besoin de me nourrir !
— Vous n'êtes pas un vampire, mademoiselle Girault, vous n'êtes qu'une jeune femme souffrante ! »
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Le Lexique des Mélancoliques
ParanormalSeconde histoire d'une anthologie sur des vampires à la fin du XIXème siècle. / La lecture de la première nouvelle est nécessaire ! Marie Girault redoute le soleil. Marie Girault mord ses victimes pour s'abreuver de leur sang. Marie Girault fait pli...