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Charles

Je savais qu'il y avait quelque chose d'étrange la seconde où j'ai vu son visage timide. J'ai essayé de me retenir, mais quand elle a bafouillé j'ai bondi de mon siège. Je devais savoir à qui elle parlait. Quand j'ai vu l'homme sur son écran, la jalousie s'est emparée de moi. Je suis conscient que je n'ai pas le droit de réagir ainsi, mais c'est impulsif. En plus, avec son ton offensif...pour qui se prend-il, ce connard. On marche rapidement dans les paddocks et j'essaie d'atteindre la caravane Ferrari. On aura un peu d'intimité, car je sens que notre discussion sera animée et on ne doit pas nous entendre.

-Charles...ralentit...on n'est pas tous des putains athlètes professionnelles. Gronde, Evy.

Merde, quel con!

Je ralentis en trouvant enfin la foutue porte d'entrée rouge. Je la laisse passer d'abord en lui pointant la pièce du fond. C'est mon vestiaire personnel. Je déverrouille et entre en premier pour allumer les lumières.

-On peut savoir c'est quoi ton putain de problème? lance-t-elle sèchement en claquant la porte derrière elle.

- Mon problème? Tu te fous de moi?

Je me retourne vers le mur et y appuie mon front. J'essaie de trouver comment formuler ma phrase sans passé pour le pire des connards.

-Réponds-moi bordel.

-Tu aurais dû me prévenir que tu avais quelqu'un dans ta vie !

Son rire résonne dans la pièce et ce n'est rien pour m'aider à retrouver mon calme.

-Ah parce que tu vas me dire que tu m'as appelé chaque fois que tu baisais une fille!

-Ce n'est pas de ça qu'on parle. C'est ton nouveau mec?

-On va mettre quelque chose au clair... Je peux baiser qui je veux, quand je le veux. Ça ne te regarde pas du tout.

Putain, pourquoi fallait-elle qu'elle me mette ces images-là dans la tête.

-On est marié Evy...MARIÉ! Tu imagines si quelqu'un te voit. Tu passeras pour la pire des trainés! dis-je en me retournant vers elle.

Je m'attendais de la découvrir rouge de colère, mais c'est tout l'inverse. Ses yeux sont humides et les larmes coulent sur ses joues.

-Merde Evy...je m'excuse...dis-je en m'avançant doucement vers elle.

Elle recule et lorsque son dos touche la porte, elle relève enfin les yeux vers moi.

-Mes paroles ont dépassé mes pensées...

-Je...déglutit-elle en même temps que mon téléphone sonne pour m'avertir d'un appel entrant.

Par obligation, je dois regarder si ce n'est pas mes patrons qui cherchent à me joindre. Je soupire en sortant mon appareil de ma poche. Je découvre en même temps qu'elle, qui est au bout du fil. Un petit rire étouffé quitte la bouche d'Evy.

-Et c'est moi la trainée...! Dis bonjour à la belle Charlotte pour moi. Ajoute-t-elle avant de quitter la pièce brusquement.

Charlotte à la con! Toujours là au pire moment.

Je lance mon appareil sur le mur et lorsque l'écran se fracasse, je m'enrage encore plus et me défoule sur les coussins du canapé. Tout vole dans mon vestiaire; les supports, les vêtements de rechange et les chaises pliantes. Mes cris doivent alerter les autres, car moins d'une minute plus tard, on frappe à la porte.

-QUOI?

La tête de Carlos apparaît dans le cadrage de la porte. Il analyse l'état de la pièce et entre sans me poser de question.

-Je vois bien que c'est un mauvais moment, mais Fred veut nous voir dans la salle de stratégie.

-Fuck! J'ai besoin de ça encore...

La dernière chose dont j'ai envie c'est de rester dans une pièce d'ingénieur et revoir les courses antérieures. Je sais ce que j'ai à faire sur la piste. Je ramasse mon cellulaire en constatant qu'il ne fonctionne plus du tout.

-Carlos... Je peux t'emprunter ton téléphone, deux minutes.

Il me tend l'appareil sans la moindre hésitation. Je compose le numéro et le dépose sur mon oreille.

-Holà Carlos!

-Non, mec c'est Charles....

-Pourquoi tu m'appelles du cellulaire à Carlos? dit-il, perplexe.

-Longue histoire... Écoute J'ai merdé à fond avec Evy. Crois-tu que tu pourrais aller lui parler. Je dois aller en salle de réunion et je ne veux pas qu'elle parte avant qu'on ait la chance de clarifier certaines choses.

-Foutue Charles...tu as le don de te mettre dans le trouble. Je te promets de faire de mon mieux, mais ce n'est pas garanti qu'elle voudra m'écouter.

-Merci, vieux. Ah... une autre petite chose...

Je donne la dernière instruction à mon ami et redonne enfin l'appareil à Carlos. Ce dernier hoche la tête en ramassant quelques items sur le sol de mon vestiaire.

-Tu as du merdé solide, pour t'emporter ainsi.

-En gros, je l'ai traité de traîner parce qu'elle parlait avec un autre mec.

Il s'immobilise et me regarde comme si je venais de lui annoncer la pire nouvelle au monde.

-Dis-moi que c'est une blague?

-Si seulement! Dis-je en passant les mains dans mon visage.

Il agrippe mon épaule en guise de support et m'offre de m'aider à remettre de l'ordre dans la pièce, avant de rejoindre notre équipe dans la salle de réunion. Je le remercie, je ne mérite pas sa gentillesse. On se met à la tâche pendant que je pense à Evy. J'espère que Pierre réussira à l'empêcher de partir.

Bienvenue à VegasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant