Chute, chut

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Les deux voisins étaient montés chez Dongyoung. Le vendeur s'était assis sur le canapé et avait indiqué au dit Jeno où se trouvait sa trousse à pharmacie. Ce dernier était revenu quelques secondes plus tard une pochette à la main et s'était installé près du plus grand en s'affairant à rechercher l'utilité des différents produits. Dongyoung coupa le silence de son ton rieur :

« Je ne chute jamais habituellement, mais j'y ai eu le droit lors de nos deux rencontres sans faute. Je vais finir par croire que tu le fais exprès.

- Je suis vraiment désolé, d'habitude ma maladresse ne touche que moi mais j'ai l'impression que récemment les astres ont décidés de s'en prendre à toi aussi.

- Ce n'est rien. répondit Dongyoung. Lee Jeno, c'est ça ?

- Oui, comment as-tu su ?

- J'ai vu ton nom sur ta boîte aux lettres. Moi c'est Dongyoung.

- Enchanté, tu habites là depuis longtemps ? Je ne t'avais jamais vu avant, enfin avant l'autre fois dans l'ascenseur. demanda Jeno les mains sur les genoux.

- Non, je suis arrivé il y a quelques mois.

- Oh, je vois. »

Le plus jeune sembla embarrassé. Il aurait bien aimé poser plus de questions et engager une vraie conversation mais sa timidité semblait prendre le dessus une fois de plus. Dongyoung l'intimidait très certainement, après tout il faudrait être aveugle pour ne pas remarquer ses charmes. Mais surtout, Jeno se souvenait de la manière cinglante dont ce-dernier lui avait parlé lors de leur premier échange incongru dans le métro. Il l'avait trouvé dur dans ses mots pour quelqu'un qu'il ne connaissait pas. Alors, il se méfiait de sa soudaine gentillesse.

« - Tu es étudiant ? continua alors naturellement Dongyoung.

- Oui, et toi ?

- Je travaille au centre commercial de Starfield depuis aujourd'hui à vrai dire. »

Jeno acquiesça simplement une fois de plus face à cette information. Le plus vieux sembla gêné par ce nouveau silence. Il finit par mettre la main sur ce qui semblait être une pommade et demanda à l'autre de relever légèrement sa chemise afin qu'il puisse avoir accès à la plaie. Il lui demanda timidement son accord avant de poser sa main sur la plaie et d'y étaler délicatement la solution. Il remarqua des frissons se dessiner sur la peau du plus vieux, sûrement à cause de la soudaine sensation de froid.

« Je m'excuse pour la dernière fois. J'ai conscience d'avoir été un peu dur dans ma manière de dire les choses. J'aurai du tourner ma langue dans ma bouche avant de parler. C'était de ma faute.

- Oh, je vois. J'aurai aussi dû faire attention. Je m'en veux d'avoir été aussi maladroit. Si j'avais vérifié où je mettais les pieds alors tu ne te serais peut-être...

- Ce n'est rien. C'était de ma faute. insista Dongyoung en le coupant une nouvelle fois. »

Leur échange se termina sur quelques banalités, quelques mots de bienveillance à l'égard de Dongyoung et de ses soins. Puis Jeno rejoignit la porte afin de retourner dans son appartement :

« Oh, juste avant que tu partes, tu habites à quel étage ? demanda une fois de plus le plus vieux.

- J'habite juste en-dessous de celui-ci.

- Dans ce cas si tu as besoin de quelque chose, n'hésite pas !

- Oui hyung, bonne soirée.

- Bonne soirée Jeno. Merci encore pour tes soins. »


Cela faisait une heure que Minhyung attendait Jeno sur un banc. Les deux garçons avaient toujours été amis mais un lien plus fort s'était formé entre eux depuis sa dispute avec Donghyuk.

Heureusement pour Minhyung, son ami lui avait répondu qu'il avait eu un imprévu mais qu'il le rejoindrait tout de même. Alors, le canadien s'était assis sur un banc face à la magnifique bâtisse qui lui servait de lieu d'études. L'air frais qui lui caressait le visage réussissait à le détendre pour la première fois depuis plusieurs jours.

En effet, son visage était maintenant marqué par un coquard et d'une légère balafre qui ne manquaient pas de lui rappeler sa chute de temps à autres. Il ne souvenait pas réellement de ce qui s'était passé sur le moment où après. La douleur fut tellement lancinante qu'il avait passé la majeure partie de l'incident dans les pommes.

L'arrivée de Jeno le sortit de sa réflexion, ou presque :

« Hyung ! Oh mon dieu, je suis vraiment désolé pour la marque. Tu t'es bien rétabli ? On t'a donné un traitement ? »

Le plus vieux sourit devant l'inquiétude du nouvel arrivant. Sans aucun doute, Jeno était bien un ami adorable et serviable.

« Je vais bien, la blessure à eu le temps de se résorber un peu.

- Tu es resté longtemps à l'hôpital ?

- J'y ai passé la journée, on m'a fait faire une batterie examens car j'avais l'œil injecté de sang et puis on m'a recousu l'arcade sourcilière. Une sacré journée. Mais bon j'ai connu pire, une fois j'ai trébuché sur ma valise dans le métro et je me suis ouvert le crâne. expliqua Minhyung.

- Renjun m'a dit que Donghyuk avait passé la journée à l'harceler de messages pour savoir comment tu allais. Il a même finit par le mettre en sourdine. rit Jeno.

- Oh ? Vraiment. Je pensais qu'il m'en voulait encore pour l'autre fois.

- Hyung, si ça ne te dérange pas, pourrais-tu m'expliquer ce qu'il s'est passé entre vous ?

- Je... À vrai dire je crois que j'ai des sentiments pour lui. Et je supporte peu de le voir amoureux d'un autre.

- Je vois. Est-ce qu'il le sait ?

- Non, maintenant c'est trop tard pour lui dire. Et de toute façon j'ai toujours voulu garder ça pour moi-même, je ne veux pas gâcher notre amitié.

- Mais tu n'en sais rien, peut-être que ça aurait été réciproque.

- Peut-être, mais dans tous les cas maintenant c'est trop tard. »

Les deux amis restèrent dans un silence des plus complets plusieurs minutes avant que Jeno ne propose au plus vieux de passer la soirée dans l'un des quartiers populaires de Séoul, Hongdae. Minhyung hésita un instant en se remémorant son état. Puis venant à la conclusion qu'il pourrait oublier son cœur brisé le temps d'une soirée, il céda.

La poudre d'escampette | Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant