𝐋'𝐀𝐧𝐠𝐞 𝐏𝐥𝐞𝐮𝐫𝐞𝐮𝐫 [Good Omens x Doctor Who]

- L'Ange Pleureur -

[Inspiré par le fanart (en média) d'Aiwasensei qui se nomme "...Angel?" (je précise le titre, j'ai fait une référence à celui-ci.)]

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Le Docteur marchait toujours à reculons, les yeux rivés vers la silhouette dont les courbes se dessinaient à peine dans l'obscurité. Il se tâchait de toujours avoir les yeux grands ouverts.

Surtout, ne jamais cligner. Rester les yeux ouverts. Ne jamais cligner...

Lorsque soudain, dans son dos, il sentit une masse lui faire affront, et le freiner dans sa lente fuite. Surpris, réflexe de terreur oblige, il se retourna d'un vif mouvement.

Un mur. Il était piégé...

Il se hâta de se retourner. Un hoquet d'effroi lui échappa. Ses deux cœurs ne firent qu'un bon à l'unisson. Son corps lui manquait : mains prises de spasmes, peau d'une sensibilité terrifiante, tout recouvert d'une sueur accablante.

Là, juste devant ses yeux, figé dans la pierre, un Ange Pleureur. Un de ces anges qui terrifiaient, et dont le Paradis, d'un toucher, n'offrait que misère.

L'homme se tâcha, dans sa terreur, de fixer cet être grisâtre, dont les dents affamées menaçaient ses yeux de s'exorbiter sous la peur, dont les griffes manquaient à peine de lui déchirer la peau, et dont les yeux, vides de toute émotion, si ce n'est la rage, le fixait à lui brûler les entrailles.

Ne surtout pas cligner, ne surtout pas cligner...

Toutefois, les yeux de l'horrifié ne purent s'empêcher de parcourir ce visage, de l'étudier de long en large, tout en travers. Il ne sut pourquoi d'abord...mais une étrange sensation, au-dessus de la peur, l'envahissait...il semblait...comment dirait-on...reconnaître cette figure...

Car il le remarquait enfin, cet ange était bien différent des autres. Les autres avaient un visage d'une maigreur médisante, de longs cheveux tombant dans leur nuque, et un faux semblant de pureté enfantine que laissait présager ce visage juvénile.

Le visage qui lui faisait face était fatigué. Il semblait avoir vécu, longuement vécu. Un visage plus rond, un petit rez légèrement en trompette, des cheveux courts, bataillés sur le crâne, tout lui donnait une image différente. Son innocence semblait plus...vraie...

Et puis, ce regard... Quelque chose n'allait pas avec ce regard...

Non ! Que faisait-il ?! Il savait très bien qu'en osant le fixer ainsi, il serait à la merci de l'ange, qui saurait infiltrer ses plus profondes pensées !

Pourtant...pourtant il ne put s'en empêcher... Ce regard... Ce regard...l'hypnotisait...ou plutôt...le fascinait... Il avait déjà vu ce regard...

Mais où ? Où l'avait-il vu ?

Subitement, son corps se mit en transe. Ses pensées se bousculaient. Il n'était plus, son esprit seul comptait, son corps l'avait quitté. Tout se confondait, la dolence le tenaillait, il hurla. Il se tint le crâne, sans jamais quitter les yeux de l'ange.

Et puis, plus rien.

Il entendit le chant des oiseaux. Il ouvrit les yeux. Il se trouvait assis sur un banc. Il regarda autour de lui, paniqué. L'ange n'était plus. Le danger avait fui. Il se trouvait désormais dans...un parc, semblait-il ?

L'air était chatoyant, le soleil caressait sa peau. Il ne comprenait ce qui lui arrivait.

Tout à coup, à sa droite, il sentit une présence. Un souffle contre sa nuque, un murmure indistinct contre son oreille. Il était pétrifié, il ne parvenait à bouger. Il ne comprenait pas ce qu'il faisait ici... L'ange tentait-il de le malmener, d'enfumer son esprit ? Ou était-il déjà dans le passé ? Où était-il ? Quand était-il ? Il ne savait pas, il ne savait rien...

Une main sur la sienne le sortit de sa torpeur.

«Crowley ?»

Une voix aussi délicate que reposante. Un doux accent, qu'il aurait dit anglais, un peu gallois ? Mais quelle douceur de voix...une vraie voix d'ange...

Il ne dit rien. Simplement, lentement, dans un mouvement mécanique de crainte et d'appréhension, il tourna la tête en direction de la voix. Il se pétrifie soudain.

Devant lui, l'ange incarné. Une peau claire, colorée, légèrement rosée. Ces cheveux emmêlés, d'un blanc éclatant, un visage rond, doux, et ce regard, d'un bleu légèrement perlé, grisé, mais ravivé d'une étincelle flamboyante, ensorceleuse de délices.

Cet être lui tendait le plus pur, le plus beau et innocent sourire qu'il n'eut jamais vu de sa longue vie... Oui, c'était peu dire...il était une apparition divine...

Lui ne sut que dire, alors il demeura dans le silence. L'ange dut dénoter l'inquiétude qui reflétait le regard du Docteur. Il resserra légèrement sa main, avant de chuchoter avec douceur, un large sourire embellissant ce visage rassurant :

«Tout va bien, Crowley...»

Mais n'eut-il pas même le temps de demander qui était ce Crowley, que déjà son esprit se jouait à nouveau de lui. L'ange semblait s'éloigner de lui, tandis qu'il tombait dans une abysse obscure, dont il ne voyait pas le fond.

Des images glissaient sous ses yeux. Des souvenirs, qu'il jura n'être pas les siens, mais qui lui parurent parfaitement réels, vécus, presque vivants... Il se voyait tantôt dans une luxueuse voiture, tantôt dans une sublime bibliothèque, jusque dans un somptueux restaurant. Et toujours, l'ange était à ses côtés. Toujours...ce sourire, ce regard sur lui...

Ses cœurs battaient la chamade, des pensées, qui n'étaient pas les siennes, brouillaient son esprit, confusaient son âme. Il respirait plus fort. Une ribambelle d'émotions lui tint la gorge serrée. Il revivait chaque souvenir, étranger, comme les siens...

Soudain, il retomba contre ce mur, sur ce parterre humide, dans cette bonne vieille réalité.

Il respirait fortement, ses cœurs battant sa poitrine, ému de toutes ces choses. Il releva son regard sur l'être de pierre.

Etaient-ce...des larmes qui roulaient sur ces joues de roc ?

Alors que l'homme s'approchait imprudemment, les jambes tremblantes, passant sa main palpitante à quelques millimètres de ces larmes figées dans la roche, un seul mot ne put s'échapper impunément de ses lèvres :

«Angel...?»