Chapitre 13

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« Parfois le cœur voudrait hurler ce que la bouche ose, à peine, murmurer... »
- V.H. SCORP

Je rejoignis Arsène en bas de chez moi pour 20 heures, vêtue d'une jupe longue dorée en satin et d'un top blanc dos nus assorti. Je portais des talons blanc cassée que je savais pouvoir supporter plusieurs heures avant de souffrir. Ok, je n'allais pas apprécier cette soirée, très probablement, mais ce n'était pas une raison pour m'y rendre mal habillée. Autant en profiter pour sortir des vêtements que je ne pouvais jamais sortir de mon placard.

    Dix secondes après avoir fermé la porte de l'immeuble, Arsène arriva devant la résidence en taxi. Opaline habitait en province et vivait à l'internat, mais pour l'occasion ses parents lui avaient loué un Airbnb dans le XVIe.

- Est-ce qu'il y avait un code vestimentaire ? Demandai-je à Arsène lorsqu'il sortit de la voiture, vêtu de blanc et de beige.

- Pas à ma connaissance, mais au moins on sera bien accordés, dit-il en esquissant ce qui ressemblait le plus à un sourire.

    Était-ce risible de dire que, oui, on s'accordait presque trop bien ? Et pas seulement à cause de nos choix de couleur vestimentaire. Je le suivis à l'intérieur du taxi, pas franchement excitée d'aller à cette soirée. Aussi minable que ce soit, j'y allais uniquement pour Arsène. Et si ça n'avait tenu qu'à moi, j'aurai préféré passer la soirée seule avec lui plutôt qu'avec toute la promo. Je les voyais cinq jours sur sept, sans avoir besoin de les voir le weekend.

- Dis, tu ne vas pas avoir mal aux pieds avec ces chaussures ? S'enquit Arsène au bout d'un moment.

- Non, dis-je d'un ton moqueur. Les plaies sont en bonne voie de guérison, si c'est ce qui t'inquiète.

    Porter mes pointes provoquaient des douleurs nettement plus désagréables que porter des talons. Et honnêtement ? Je pouvais supporter n'importe quoi avec des anti-douleurs et un peu de volonté.

    Après une demi heure à tourner dans la ville, le taxi s'arrêta en face d'un bâtiment élégant. Arsène, en parfait gentleman, m'ouvrit la porte et me tendit la main pour m'extirper de la voiture. J'aurais refusé cette aide de n'importe qui d'autre, mais tout ce qui venait de lui était bon à prendre. Avais-je déjà dit que je haïssais profondément cette parfaititude qu'était la sienne ?

- J'aurais pu sortir toute seule, lui fis-je remarquer quand le taxi eut disparu au coin de la rue.

- Je sais, mais je n'avais pas envie que tu le fasses.

    Sa longue silhouette s'engouffra dans l'immeuble sans que j'ai pu saisir une seule émotion sur son visage. Cesserait-il d'être aussi imperméable un jour ? Ou fallait-il que je le torture pour obtenir une miette de sentiment ? Comment je devais interpréter cette réponse ? Se rendait-il compte qu'il me déconcertait à longueur de temps ?

- Arsène, Rubis ! S'exclama Opaline en nous ouvrant la porte du luxueux appartement que louaient ses parents pour la soirée. Je ne pensais pas vous voir !

    Elle me serra dans ses bras comme si nous étions les meilleures amies du monde, et nous laissa entrer. L'appartement faisait au moins cent mètres carré, avec des meubles d'époques à la française et une luminosité incroyable.

- Amusez-vous bien ! Nous cria-t-elle avant de s'éclipser dans le salon.

    À quel moment avais-je pensé que ce serait une bonne idée de venir ? La musique couvrait toutes les conversations, et même s'il y avait très peu, ou pas, d'alcool, tous avaient l'air dévergondés et trop décontractés. Je me dirigeai vers la cuisine, très bien équipée, où la musique avait l'air plus tolérable. Noah, Adam et Raphaël discutaient à l'intérieur. Je manquais de faire demi-tour dans l'embrasure de la porte mais Noah me vit très vite, et la main d'Arsène exerça une légère pression entre mes reins pour me faire avancer. Je ne pus que suivre le mouvement et entrer complètement dans la pièce.

l'Opéra : le lac des cygnes (Terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant