Chapitre 36 - Tyler

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C'est un putain de supplice.

Je n'en peux plus.

Ses lèvres m'obsèdent et je dois les embrasser en laissant croire à Harper que ça ne compte pas un seul instant pour moi.

Pourtant, je dois garder en tête que je la déteste.

Je dois continuer à me dire que ces baisers, aussi intenses qu'ils peuvent être, ne doivent pas compter.

Ils sont faux.

Aussi faux que notre relation.

Aussi faux que tout ce qui nous uni.

Je veux que cela change, je veux que notre relation s'affirme.

Pour de vrai.

J'ai aucune idée de ce que je ressens ni même si je ressens quelque chose.

Mais je ne peux pas croire que nous sommes faits pour être seulement liés par des mensonges.

J'ai envie que nous puissions enfin se dire les choses telles que nous les voyons.

Que nous soyons honnête l'un envers l'autre, et surtout envers nous-mêmes.

Je ne suis pas sûr de comprendre ce qu'il m'arrive ou ce qu'elle me procure.

Je sais seulement que quand elle est près de moi, je suis heureux – aussi heureux que l'on peut être quand on ne ressent rien.

Je sais que quand son corps se trouve si proche du mien, mon cœur s'emballe et je deviens fou.

Pourtant, je ne peux pas m'empêcher de me haïr, de me dire que je devrais tout faire pour éviter ce qui arrive, qu'après tout, elle me déteste.

L'attirance physique qui pourrait la parcourir quand elle est proche de moi ne traduit pas la moindre appréciation de sa part. Après tout, le sexe et les sentiments n'ont pas de lien direct.

Parfois, l'un avec l'autre, mais ce n'est pas toujours le cas.

Et ici, entre nous, il y a de la haine malgré l'attirance sexuelle.

Pour moi, le sexe n'est qu'un besoin vital, pour elle, ce n'est qu'une envie. Au fond, nous pourrions nous en passer. C'est même ce que nous nous sommes promis après cet article violent notre vie privée.

Pour autant, je rêve que cela recommence. Je rêve de sentir de nouveau ses lèvres contre les miennes et son corps collé au mien par notre sueur. Je veux que nous puissions remettre ça à l'occasion, pas parce que nous devons montrer au monde que nous sommes ensemble, pas pour les caméras.

Seulement pour assouvir cette attirance qui semble dépasser la raison, qui semble être bien plus forte que jamais.

Je rêve de mordre son épaule, de mettre mes mains dans ses cheveux ébouriffés alors que nous serions au bord du précipice.

Merde putain.

À force d'être obsédé par l'idée de coucher avec elle, j'en oublie que nous sommes en plein shooting et que ce n'est pas le moment pour avoir la trique.

Si on le voit à travers le costume, je suis foutu.

Ainsi, je me penche vers Harper.

— On doit faire une pause, lui chuchoté-je dans l'oreille.

Aussitôt, je sens sa peau tressaillir et se couvrir de chair de poule.

J'aime savoir que je lui fais un tel effet. Je ne sais pas pourquoi, mais cela rend ma vie meilleure, cela la rend plus joyeuse.

Elle me jette alors un œil, son sourire toujours plaqué sur son visage.

Je déteste ce faux sourire. Je n'aime que celui qu'elle porte lorsqu'elle est réellement heureuse, celui qui traduit ses vraies émotions et pas celui qui existe uniquement parce qu'on le lui a demandé.

— Pourquoi ? me questionne-t-elle finalement.

D'un regard éloquent, je fixe mon entre-jambes, la faisant immédiatement secouer la tête.

— Encore ? c'est au niveau d'un pré-pubère, là.

Soudain, elle part dans un fou rire tel qu'elle n'arrive plus à reprendre son souffle.

Son rire sincère est si communicatif que je me mets à rire avec elle.

Du coin de l'œil, j'aperçois encore le flash de l'appareil photo, capturant le moment présent.

J'espère que ces photos seront les plus belles qu'il prendra et qu'il décidera de les utiliser. J'aime tellement plus ce genre de photos naturelles plutôt que celles où nous devons poser, qui crient le mensonge et l'hypocrisie – à l'image d'Hollywood.

— Ce n'est pas sympa de se moquer, sorcière, fais-je remarquer.

— Je ne me moque pas, me corrige-t-elle, sa phrase hachée par les rires. Je ne fais que rire.

— C'est pareil, lui dis-je en lui donnant un coup dans l'épaule.

Elle lève les yeux au ciel en secouant la tête, bien que son sourire ne la quitte pas.

Soudain, je réalise que je ne veux pas gâcher cette relation qui s'est construite au fil du temps.

Nous ne pouvons ni nous identifier comme des amis ni comme des amants.

Mais nous pouvons au moins nous dire que nous ne nous détestons pas.

Je ne peux pas céder, je n'en ai pas le droit, je ne le mérite pas.

Pourtant, j'ai peur que mon coeur aille contre ma raison.

Mais ce sourire me fait tant craquer, il me rappelle la beauté de Harper, et l'honnêteté qui transperce constamment ses yeux.

Je ne la connais pas depuis longtemps, mais malgré cela, mes doutes sont moindres avec elle.

J'ai moins peur et je me dis que peut-être que finalement, le bonheur ne m'est pas interdit, que je devais seulement trouver la femme qui fait tambouriner mon coeur.

Cependant, ma peur reste intense.

La peur de l'abandon, la peur de la solitude, la peur d'être trahis.

Je ne sais pas quoi faire avec elle.

D'un côté, j'ai envie de me laisser vivre, de me laisser goûter à ce qui pourrait ressembler à de la joie. Mais de l'autre, je me dis qu'il serait mieux de rester dans mon cocon confortable et sécurisé.

C'est plus simple.

Je préfère ça que de souffrir une nouvelle fois. J'ai assez souffert.

J'ai assez senti mon coeur s'arrêter de battre dans ma poitrine tant la douleur est intense.

Je ne veux plus vivre ça.

C'est hors de question.

Alors je fais ce que je sais le mieux faire : je deviens froid, et j'agis comme si je la détestais du plus profond de mon âme, parce qu'en un sens, si elle peut m'apporter de la douleur, c'est le cas.

Même si je sais que ce n'est que temporaire avant que je cède une nouvelle fois à mon attirance pour elle.

— Je vais aller boire un coup, dis-je alors sèchement.

Harper hoche la tête alors que je m'éloigne d'elle.

Quelques minutes plus tard, après que j'ai pu souffler en me promenant le long de la plage, nous reprenons le shooting, dans l'eau cette fois.

Et si je pensais que la sensation des vêtements trempés sur ma peau serait dérangeante, je réalise que la sensation du corps froid de Harper contre le mien est bien plus compliqué à supporter.

Surtout ses tétons qui pointent contre mon torse.

Scandal [ANCIENNE ÉDITION]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant