Je ne viendrai pas. Je ne viendrai jamais. Je pars pour Chicago dans deux jours. Pardonne-moi.
Je me retourne et commence à marcher, vers la où mes pieds me mèneront. Soudain je le vois, sortant d'une voiture. Il courre après moi, me retient et me prend dans ses bras. Il me dit qu'il ne me laissera jamais partir. Il me dit que je suis le seule chose qui compte pour lui. Il me dit quil m'aime. Et il m'embrasse.
Ça, c'est la fin que j'avais imaginé pour nous. Mais nous ne sommes pas dans un film. Même si les derniers mois m'ont donné l'illusion d'être dans un film.
Tout d'un coup, les caméras se sont arrêtées. La cacophonie est devenue silencieuse. Les projecteurs se sont éteints. Il y a du noir, partout. Du silence, insoutenable.
Le manque vous laisse avec l'espoir de le combler.
Le vide aspire tout. C'est un trou noir. Il ne vous laisse rien pour vous.
Avec ce message, c'est le vide qu'il a engendré, pas le manque. Il ne me manque pas. C'est plus que ça. Je ne peux pas respirer sans lui. Mais j'avance, un pas après l'autre. Faisant grandir ce trou noir.
Je ne regrette rien. Je ne regrette pas le jour ou je lui ai parlé au CDI, nos disputes futiles, les heures à rester allongés, dans ses bras. Le jour ou je lui ai dit que je l'aimais, le jour ou j'ai accepté qu'il serait tout pour moi.
J'arrive chez moi, et vais directement dans mon lit. Je ne veux plus voir ni parler à personne. Son message est ancré dans mon cerveau. Le pardonner ? De quoi ? De m'avoir fait vivre la plus belle année de ma vie ? De m'avoir appris le sens du mot aimer ?
-Il n'y a rien a pardonner Ju. Rien du tout.
Si je l'appelle viendra-t-il ? Est-ce qu'il sonnera a ma porte ? Est-ce qu'il viendra s'allonger près de moi pour quelques heures ? Est-ce qu'il m'embrassera une dernière fois ? Certainement pas.
Je n'ai jamais pleuré pour un mec avant lui. Je me suis promise de ne jamais pleurer pour un mec. Mais d'un coup, après une heure a fixer le plafond, j'éclate en sanglots. Les larmes coulent en abondance. Elles n'en finissent plus. Je crois que je viens de réaliser que je ne le verrai plus jamais.
De toutes façons, qu'est-ce que que je croyais ? Que nous allions nous séparer d'un commun accord ? Que nous allions nous dire des paroles dignes de Victor Hugo ? Que nous allions faire l'amour une dernière fois ? Qu'il y aurait un dernier baisé théâtral ?
Qu'il me dirait "Je t'aime", que je lui dirait " je t'aime" et qu'il me prendrait dans ses bras ? J'ai honte de reconnaître que c'est comme ça que j'imaginais la fin. Notre fin. Je me rend compte que j'étais conne. Nous ne sommes pas dans un film. La vie me l'a rappelé plusieurs fois, et au moment ou je l'avais oublié, elle me fait une piqûre de rappel. Douloureuse.
Je me réveille, nous sommes en plein milieu de la nuit. Ju n'est certainement pas endormi. Je mapprête à prendre mon portable pour lui envoyer un message quand je me remémore ce qu'il s'est passé quelques heures avant. Je tombe de haut, encore une fois. Difficilement, je me tire de mon lit. Je vois ma valise, a moitié déchargée qui témoigne de nos courtes vacances. Je me force à ne pas pleurer. Quand je vois mon reflet dans le miroir de la salle de bain, je me reconnais à peine. Mon visage est bouffi, mes yeux rougis. Le temps de prendre une douche et de me mettre en pyjama et je retourne dans mon lit.Page 261
Extrait d'un livre que je nécrirai jamais 4.