20's

𝐴𝐼(𝔎)𝐴

"Aika ? Tu m'écoutes ?"

A vrai dire, je n'écoutais pas, j'étais encore une fois perdue, à observer les passants. Assise sur une chaise en bois mal vieillit de la terrasse du café non loin de l'université, un café à la main. J'étais en face de mon amie qui me racontais son énième conquête de la semaine. Mais de mes pupilles sombres, j'observais les passants, dans cette rue si bruyante buvant quelques gorgées de mon café qui diminuait lentement. Le pouvoir de l'observation vous connaissez ? Avoir la possibilité de cerner une personne en posant simplement ses yeux sur cette dernière. Je crois avoir hérité de ce sens, c'est comme un sixième sens pour moi. Observer, comprendre et imaginer. Par exemple, cet homme la, grand, brun, vêtu d'un costume mal boutonné, les cheveux en bataille. Une chaussure lacée mais l'autre mal enfilée. A première vu on pourrait imaginer qu'il s'est réveillé en retard n'est-ce pas ? En réalité, il s'est réveillé à l'heure mais il a eu un problème sur la route, probablement un groupe de jeune rebelles qui lui on demandé une cigarette mais il avait refusé, alors ils se sont emporté, voilà comment il a fini dans cet état. Mais pourquoi suis-je aussi sûre de moi ? Honnêtement, je ne sais pas car je peux totalement me tromper. Mais c'est une intuition, mes amis me répètent souvent que j'aurais du m'orienter dans la psychologie pour ma capacité à écouter et observer afin de trouver des réponses. Cependant, ce métier n'est pas aussi simple et puis, ce n'est pas ce qui m'intéresse. Enfin, j'avais relevé les yeux vers mon amie, qui essayait désespérément de retrouver un peu d'attention de ma part. Un faux sourire gêné, j'avais alors répondu.

"Excuse-moi, tu disais quoi ?"

Puis elle avait repris son monologue sur sa nouvelle conquête. Mon attention sur ce qu'elle disait devait être de trente secondes, avant de finalement me perdre de nouveau. Mes yeux jonglaient entre les passants, les nombreux passants. Tokyo était comme toujours bondé de monde, les gens pressés, les gens paisibles. Chacun vaquait à ses occupations, les journées étaient longues, les lycéens traînaient les pieds n'ayant visiblement pas l'envie d'aller en cours. Les plus petits, écoliers eux avaient l'air plutôt excités, retrouver les copains, jouer était leurs seule préoccupation de la journée. Cependant leurs parents, eux avaient l'air excédé de cette énergie chez leurs enfants. Puis, ceux qui se rendent au travail sous la précipitation, panne de réveil, pas de motivation. Ceux qui vont faire du sport. Enfin, je ne vais pas continuer à décrire la population de Tokyo, c'est partout pareil. J'ai vingt ans, je passe mon temps à observer, écouter, retranscrire. J'écris, je compose. Je vis seule et tous les matins, je me retrouve au café du coin de ma rue, avec ma précieuse amie avant le début des cours. Les études supérieures, c'est agréable d'être libre mais je n'ai aucunes idées de comment ma vie va évoluer et je suis bien trop curieuse de mon propre destin.