PLUS JAMAIS NULLE ( En Réécriture)

TROIS

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Le son strident de la sonnerie provenant de l'horloge rompit le silence paisible de la chambre. Un grognement s'échappa des lèvres de la jeune femme, qui, agacée, asséna un violent coup à l'objet perturbateur. Chaque matin, cette horloge semblait avoir pour unique dessein de troubler son sommeil sans raison apparente. La vie monotone et banale de Lydy ne méritait pourtant pas d'être ainsi troublée.

L'instrument continuait imperturbablement sa danse macabre sur le sol, insensible aux supplications muettes de sa propriétaire.

- Lydy ? Pourrais-tu fermer ce machin s'il te plaît ?

Surpris par cette intervention inattendue, Lydy ouvrit un œil et découvrit avec gêne Marline, qui avait choisi cet instant précis pour faire irruption dans sa chambre intime. La jeune femme ressentit une pointe d'embarras en réalisant que son coq infernal venait tout juste d'être dévoilé à une tierce personne.

- tu fais un sacré boucan avec ça, fit celle-ci avant de disparaître.

Marline était l'une des amies d'Elisa ; la cousine de Lydy. Peut-être la meilleure car Marline était celle qui passait le plus de temps avec Elisa et qui dormait le plus souvent dans la maison.

- Mais vas-tu donc te taire ? Tu me met la honte si tôt ?

Le bruit de fermeture de l'horloge lui répondit par un déclic, et Lydy eut l'impression qu'il se moquait d'elle.

En passant devant son miroir, elle fit une grimace habituelle en se confrontant à son apparence qu'elle trouvait hideuse. Une vague de frustration l'envahit immédiatement, se demandant pourquoi elle devait être si différente. Elle ne se trouvait pas laide, juste ordinaire, sans plus.

Elle se sentait incapable de rivaliser avec Elisa et Marline. Elle se trouvait insignifiante avec ses vêtements trop amples, ses cheveux raides, ses grands yeux et sa large bouche. Les autres avaient raison de la considérer comme une nulle, sans amis à part sa mère excentrique qui l'appelait souvent depuis la province où elle vivait avec son étrange nouveau mari.

Lydy ne sortait jamais en soirée car elle n'était jamais invitée, et elle évitait les boîtes de nuit par peur d'y aller seule. Elle préférait écouter les commentaires négatifs de sa cousine et de sa tante, ou les longs sermons de Lady Balge, son employeuse.

Après une douche rapide, elle en ressortit dix minutes plus tard, pressée par le temps et dégoûtée par l'idée que l'eau puisse la laver. Elle s'habilla avec ses vêtements de travail habituels : une jupe noire simple, une chemise blanche et des chaussures à petits talons. Elle se fit un chignon en vitesse, évitant de se regarder trop longtemps dans le miroir pour ne pas se démotiver, puis se dirigea vers la cuisine.

Elle trouva Elisa et Marline déjà assises à table, absorbées par leurs smartphones et plaisantant en même temps ; elles rayonnaient littéralement. Saky, la maman d'Elisa, les servait en essayant de participer à la conversation. Lydy se sentit immédiatement mal à l'aise, comme si elle n'avait pas sa place ici.

- Bonjour.
Lança-t-elle en s'asseyant discrètement sur une chaise.

- Merci de nous avoir réveillées Lydy, sans toi nous nous serions levées à l'heure habituelle et nous voilà levées de très tôt.
Répliqua Elisa sans lever les yeux.

Tout le monde éclata de rire, sauf Lydy qui se sentait extrêmement gênée. Son cœur se serra tellement qu'elle ressentit une douleur. Elle se laissa servir et mangea en se réprimandant intérieurement pour l'incident du matin.

- Il faut que j'y aille.
Lâcha-t-elle deux minutes plus tard, en se levant.

- Ce shooting me tient réellement à cœur, il est impératif que je suscite l'admiration dans ma carrière de mannequin, déclara Elisa en rejetant une mèche de cheveux imaginaire en arrière. Marline acquiesça et sa mère la regarda avec un sourire attendri, on aurait dit qu'elle découvrait sa fille pour la première fois.

Lydy poussa un profond soupir de soulagement une fois sortie de la maison, adossée contre un mur. Si elle était demeurée près de cette table, elle aurait commencé à transpirer. Pourquoi sa vie devait être autant épreuve elle ne le savait point du tout, juste qu'elle en souffrait atrocement.

Elle ajusta ses vêtements et se mit en marche en maugréant, vous devez vous rendre à votre fameux travail à pied. Vous travaillez dans la boutique d'une vieille dame très grincheuse appelée Lady Balge, qui vous emploie depuis que vous avez fini vos études de secrétariat, en tant qu'assistante. Mais dans les faits, vous faites surtout le travail de caissière.Lady Balge ne lui permettait pas d'accéder à son argent réel, allant même jusqu'à insinuer que Lydy voulait profiter de son statut de vieille dame pour lui prendre tout son argent. Déterminée à changer sa routine monotone et ennuyeuse, Lydy décida de marcher lentement pour une fois, se moquant des éventuels reproches de Lady Balge. Elle était habituée à écouter les sermons de cette dernière pour des erreurs imaginaires qu'elle aurait commises. Cependant, elle aspirait à une vie plus excitante et complexe, rêvant de devenir célèbre du jour au lendemain, comme les acteurs de films ou les héros de romans d'amour, avec son nom sur toutes les lèvres et dans tous les journaux.
Non, sa vie était monotone, loin de tout cela. Un véritable miracle serait nécessaire pour que les choses changent, et même si ce miracle se produisait, cela ne se ferait pas rapidement, elle en était persuadée. Ainsi, une fois de plus, elle se résignait et se lançait dans la quête de réussir dans cette vie monotone à laquelle elle semblait destinée. Tout en espérant timidement un changement un jour.

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