La fille aux fourmis regardait dans le vide, un peu comme celui qui habitait son coeur parfois.
"Eli... Tu crois qu'il y a quoi par delà le silence, par delà les larmes ?"
La fourmi ramassait un bout de feuille pour l'amener à ses congénères, puis finalement elle revint voir la petite fille au gilet rose.
"Moi je crois qu'après, y a rien. Enfin je crois qu'il faut encore tout construire, comme si y avait eu un raz de marée de larmes, et qu'après tout ça il fallait reconstruire les maisons, la vie, la joie. Mais je sais pas si j'arriverais à aller par delà le silence, par delà les larmes. Et puis si j'y arrive tu crois que j'aurais assez de force pour construire le reste ? Parce que tu sais moi j'ai des petits bras. Enfin je peux porter des gens, mais construire tout ! C'est beaucoup de travail, et moi je me fatigue vite tu sais. Je t'envie parfois, t'a pleins d'amies pour t'aider à construire ta maison, moi j'en ai pas. Fin j'ai toi mais t'es un peu trop petite parce qu'il me faudrait une grande maison comme je suis plus grande que toi !"
La petite fille regarda l'ovale noir qui montait les carreaux colorés. C'en était fini de l'optimisme pour le moment.
"Pour aller par delà les larmes et le silence, il faut que je construise un bateau. Mais je n'ai rien pour tout ça. Et puis même, comment veut tu remonter à la surface quand tu es si profond dans l'eau que tout est noir ?
Sans toi tout serait complètement noir, alors tu es un peu ma lumière je crois, tu es mon silence-lumière.
Si je voulais aller par delà les larmes tu viendrais avec moi ?"
L'espoir avait ressurgit dans les yeux de la fille aux fourmis.
"Moi de toute façon, quand je serait grande j'irais par delà les larmes."
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La fille aux fourmis
PoetryC'est l'histoire d'une petite fille avec une grande clé et d'une fourmi qui voulait bien écouter ses monologues.
