Killing Spree

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La Dona

Résidence de la Dona - Nord de Moscou. 21 Octobre, 2H20.

Les discussions sont si bruyantes que trouver un endroit calme devient difficile. Si on rajoute la musique mise à fond, cela devient impossible. Les fenêtres fermées n'obstruent absolument pas le bruit extérieur. Peu de personnes sont présentes mais j'ai l'impression que la maison est envahie d'inconnus. J'aspirais à une soirée calme, où j'aurais pu travailler dans une complète sérénité. Je me retrouve finalement entouré d'une dizaine d'hommes et de femmes, dont leurs sens sont annihilés par l'herbe qui occupe toutes les tables pour fêter l'anniversaire des jumeaux.

J'entends parfaitement les cris de joie venant de l'extérieur, tout comme sa respiration posée. Cheveux devant les yeux, elle ne se laisse pas perturber par les scènes de liesse qui se déroulent devant la fenêtre de sa chambre tandis qu'il m'est impossible de les quitter des yeux ne serait-ce qu'un moment - nourrissant la nervosité qui vit en moi.

La musique continue de s'intensifier, faisant maintenant trembler les vitres à cause des basses. Les verres s'entrechoquent pendant que l'herbe disparaît des tables. Les discussions se font alors plus fortes et ce n'est plus qu'un tapage qui joue encore plus avec mes nerfs, renforçant l'aversion que j'ai pour ces soirées.

Bien qu'il a dû être invité, le majordome ne cesse pas de travailler. Ses perpétuels allers-retours entre le jardin et l'intérieur ne semblent cependant pas déranger les jumeaux, trop concentrés dans leur discussion pour apercevoir ce qu'il se passe autour d'eux.

Bougeant soudainement, Valya me désintéresse de la scène qui se passe en contrebas. La couverture baissée dévoile son dos nu et son immense cicatrice qui l'orne, l'unique trait de lumière illumine son visage reposé. Un sourire subtil sur ses lèvres et son innocence s'intensifie. Me perdant dans cette contemplation de cet être angélique déchu, la fête ne devient qu'un murmure.

Ses lunettes sur le nez et les dossiers envahissant le lit, elle s'est endormie sur les dossiers que les jumeaux ont décidé de laisser à l'abandon tandis que je ne parviens pas à fermer les yeux. En se laissant emporter dans un sommeil profond, elle se permet d'oublier - tout comme Lena et Alex. Ils continuent de vivre comme si rien ne s'était passé. Personne ne se rend véritablement compte de ce que la Souveraine tente d'accomplir.

Elle est tout autant un fantôme que ceux qui travaillent pour moi. Elle est tout autant pointilleuse et méticuleuse que les mercenaires qui me servent de garde. Elle me met tout autant sur les nerfs que la fête qui se déroule en bas. S'amusant avec mon esprit et détruisant mes nuits au point que même les cigarettes ne peuvent plus m'apaiser, elle me donne l'envie de jouer avec elle jusqu'à ce qu'elle me supplie d'abréger sa souffrance.

Un violent choc se fait entendre en contrebas, augmentant brusquement ma tension. Une table renversée: c'est juste ce qu'il faut pour que je m'embrase. Les sons deviennent de plus en plus difficiles à supporter, la lumière m'agresse lorsque je quitte sa chambre. Bien que la musique retentisse jusqu'à l'intérieur de la maison, il y a un tel silence que je peux entendre mes propres pensées qui, inévitablement, reviennent toujours sur cette inconnue. Les mêmes questions, les mêmes envies, se répètent depuis deux jours: détruire ceux qui essayent de se dresser devant moi, et ce jusqu'à ce que mon visage soit imprimé dans leur rétine.

Le majordome passe au pied des escaliers sans m'apercevoir. Des plateaux vides dans les mains, il ressort de la cuisine avec des bouteilles de champagne dans les mains jusqu'à la véranda, d'où des hurlements d'extase proviennent.

Épuisée par la journée, ma patience a atteint ses limites. Devant cette soirée qui dégénère au fil des minutes, il m'est impossible de retenir mon agacement. Alors, tandis qu'ils sont tous plongés dans leur monde, je m'installe à côté d'Alex - sans un bruit, sans un mot. Je regarde mes gardes et leurs amis vivre une soirée hors du temps en ayant une pointe de mélancolie que j'ignore instantanément.