L'alarme résonnait d'un son criard dans toute la station spatiale. Une lueur rouge balayait les parois d'une rotation régulière tandis qu'une trappe, perdue parmi les dizaines de garages verticaux sur le mur du fond, s'ouvrait lentement. Haut et tapissé d'alvéoles géantes, ce mur s'apparentait à une gigantesque ruche métallique.
Le garde du hangar, séparé de ce dernier par une épaisse vitre – sans quoi il n'aurait pu respirer –, était tout affolé. Ses instructions étaient claires : « Cellule B18 ouverte ; véhicule privé démarré sans autorisation ; fermer toutes les issues ». Or l'immense porte de sortie, à l'autre bout de l'entrepôt, était encore grande ouverte afin d'accueillir les vaisseaux de passage. Il passa une annonce sur le canal radio prioritaire.
— Mesure d'urgence activée : fermeture du hangar. Obligation à tous les véhicules de regagner leur cellule.
L'imposante porte commença aussitôt à glisser verticalement, masquant lentement la nébuleuse dorée à l'extérieur. Comme le hangar n'était pas oxygéné, aucun son n'en résulta. Tous les véhicules volants ralentirent et entreprirent des manœuvres confuses afin de regagner leur garage. Parmi eux, une petite ombre zigzagant à la vitesse de l'éclair. L'agent fut stupéfait de la vitesse de l'engin, puis reconnut la forme caractéristique d'un Blitz-DT5 de l'armée.
Le vaisseau était de forme triangulaire et allongée, fin sur l'avant, plus épais à l'arrière. La cabine de pilotage constituait à elle seule une bonne partie de l'appareil : le pare-brise s'étendait du nez jusqu'à la moitié de la longueur, puis laissait place au corps plus large où étaient fixées deux fines ailes latérales et un aileron vertical. Enfin, un gros réacteur crachait une traînée de flammes bleutées à l'arrière.
Les dernières lueurs d'étoiles disparaissaient sous le rideau métallique, mais le vaisseau accélérait. Le garde enclencha la mesure défensive d'urgence : deux énormes tourelles se déployèrent de part et d'autre de la grande ouverture. Plusieurs vaisseaux traînaient encore dans les parages, mais le vol d'un tel appareil représentait une catastrophe au moins aussi importante que la vie d'une poignée de civils. Il hésita, puis activa le tir automatique. Deux lourds filets de balles fusèrent dans l'entrepôt en un silence troublant.
Le vaisseau opéra une vrille latérale et fila entre les projectiles. La porte se fermait, c'était trop tard. Mais il traça soudain un large demi-tour vers sa gauche et se rapprocha du poste de contrôle. L'agent perçut une soudaine secousse, accompagnée d'impacts sur la vitre face à lui. Les tourelles visaient le vaisseau et ne se souciaient guère des dégâts collatéraux. L'engin effectua un nouveau demi-tour vertical et effleura la vitre d'encore plus près. Les mitrailleuses suivirent le mouvement et la fenêtre explosa sous leurs tirs.
La pression s'égalisa violemment et l'homme fut projeté dans le vide du hangar en une terrible explosion. Le choc se propagea en toutes directions et sa puissance seule suffit à fendre une partie du plafond. Le vaisseau fusa dans la fumée et s'échappa par l'ouverture.
— Fantastique ! cria Stephen dans la cabine. Quel pilote... je t'avais sous-estimé !
— Je viens de tuer un homme, fit Thomas d'un ton glacial, peut-être plus.
— Techniquement, il s'est tué avec son arme...Un choc soudain secoua la cabine. Stephen, trente-sept ans, debout à côté du siège de Thomas, dix-neuf ans, fut aussitôt projeté sur le mur derrière lui.
— Attache-toi, ordonna Thomas, les renforts sont là.
— Déjà ! balbutia l'autre en se relevant.
— Ce vaisseau doit vraiment être précieux Accroche-toi, ça risque de secouer.Effectivement, le radar du tableau de bord indiquait cinq poursuivants de la Brigade derrière eux. Un « bip » aigu et répété retentit à un rythme effréné, signalant l'approche imminente d'un missile. Parvenu sur son siège, Stephen boucla sa ceinture à l'instant où le haut et le bas s'inversèrent en une rotation brusque. Le son s'interrompit et les deux hommes aperçurent une traînée rouge effleurer le plafond vitré au-dessous d'eux, avant de les dépasser. L'ordinateur de bord recalcula automatiquement la gravité et les objets projetés au plafond rechutèrent brusquement vers le sol.
VOUS LISEZ
Parole d'astronaute [30min]
Science FictionAlors qu'ils fuient la police spatiale à bord d'un vaisseau volé, deux brigands défient les lois de la physique pour rentrer chez eux.