le Magisteril et les anneaux de feu

CHAPITRE 4 : le bel inconnu

J'avais une crampe à l'estomac et retenais mon souffle afin de ne pas repartir dans un éclat de rire. Cette fille était extrêmement drôle, bien que -gros red flag- elle ne connaissait pas Billie Eilish. On allait vite remédier à ca. 

Nous nous étions engouffrées dans le passage secret que protégeait le lion, depuis deux bonnes heures, et nous baladions dans les catacombes de Paris, se partageant quelques anecdotes foireuses. 

Elle s'appelait Maude. 

Elle était orpheline, mais vivait maintenant depuis huit ans avec son frère chez leur tante, qui était directrice d'une école de "Magie". Elle était folle- mais drôle, donc ça compensait.

Je lui racontais quant-à-moi ma merdique vie sentimentale, et mes déceptions amicales. 

Si elle m'avait à première vue paru méfiante et quelques peu hostile - après tout elle avait tué mon ex-crush pour me sauver la vie- je ne la voyais à présent plus que comme une ado comme les autres, une ado qui, pour une fois, ne me détestait pas.

Son éclat de rire m'arracha à mes pensées. Ce son était doux et mélodieux. Sous ces catacombes, seule une torche enflammée éclairait notre chemin. Elle avait l'air de connaitre les lieux par cœur. Je scrutais sa mine concentrée. Elle avait de fines lèvres pincées bien dessinée qu'elle se mordillait, sans doute par reflexe. Ces yeux étaient d'un gris orage, courbés en amande. Ses taches de rousseurs s'étalaient sur l'entièrement de son visage, ce qui lui donnait un certain charme. Elle était plutôt mignonne.

- Dis-moi, dit-elle d'un ton un peu plus sérieux, presque hésitant. Qui était cette personne qui portait une capuche tout à l'heure dans tes visions ?

Un frisson parcourue mon corps. Comment savait-elle que j'avais eu un flash de l'individu à capuche ? lisait-elle dans mes pensées ? Oh non, savait-elle que j'avais dit qu'elle était mignonne alors ?? 

- Parfois je peux lire dans l'esprit des gens, m'expliqua-t-elle en réponse à ma mine effarée. Mais je ne maitrise pas encore ce don..., si on peut appeler ça comme ça? 

Bien sûr. 

Tout à fait normal. 

J'acquiesça d'un hochement de tête, ne sachant pas quoi répondre face à cette information. Elle était putain de folle. 

- Il me suffit de poser ma main sur le front de la personne de mon choix, et souvent des brides de pensées ou de souvenirs me viennent à l'esprit, poursuivit-elle d'un ton neutre. Je m'excuse, ajouta-t-elle rapidement, comme gênée. D'habitude je ne m'immisce jamais dans la pensée des gens sans y avoir été invité... 

- Pas de soucis, bredouillais-je, la conversation me paraissant surréaliste. 

Je me racla alors la gorge, repensant à sa question juste avant :

- Non, je n'ai aucune idée de qui est cette personne, concluais-je.

Il y eut un silence. Elle fronçait des sourcils sans rien dire, en continuant son chemin, sans doute réfléchissait-elle à quelque chose. Quant à moi une question me brulait les lèvres. Je pris mon inspiration et me tourna vers elle quand celle-ci posa son index sur mes lèvres, signe de me taire.

- On est arrivées, fini-t-elle par dire, le visage de nouveau radieux. 

Folle ET bipolaire, de mieux en mieux...

Maude me tendit la torche, que j'attrapa, et s'avança dans l'obscurité. La torche dévoila alors face à nous un énorme mur d'une dizaine de mètre de hauteur.