CHAPITRE 5 : l'Autre Monde

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Je ne sais pas où je suis.

Autour de moi, l'environnement m'est inconnu. Je flotte dans les airs, contemplant la structure qui m'entoure : rien de grandiose. C'est une petite pièce en bois, meublée de quelque placards et une machine à laver. Ce doit être une buanderie.

Soudain, un jeune couple, d'une vingtaine d'années, fait irruption dans la pièce. Le père s'empresse de fermer la porte à clé, puis s'adosse contre elle, comme pour empêcher quelqu'un d'entrer. Tandis que la jeune mère affolée, tenant leur petite fille d'environ cinq ans dans les bras, sonde les alentours à la recherche de quelque chose, d'une cachette peut-être ? Elle finit par opter pour un placard, s'y avance et y cache leur fille.

- Surtout, pas un bruit ma choupette, on va jouer à cache-cache, fais en sorte que le loup ne te trouve pas okay ? souffle-t-elle à l'enfant. 

Des larmes commencent à dévaler sur les joues de la jeune mère.

Elle porte un médaillon, dans lequel est incrusté un morceau de cristal d'un vert presque translucide. Elle l'ôte de son cou pour le mettre autour de celui de sa fille. Je porte in extremis ma main à ma clavicule, empoignant fermement le pendentif  au cristal vert pomme de ma mère, qui ressemble étrangement au médaillon de cette jeune mère. 

- Surtout tu gardes ça, c'est un objet précieux pour maman, tu y fais bien attention. Protège-le bien, et par dessus tout : ne le montre à personne... pour pas que les gens soient jaloux, indique la mère.

Une nouvelle fois je ressens un pincement au cœur en entendu le discours de cette femme, presque similaire à celui que m'avait fait ma mère lorsqu'elle m'avait offert son pendentif. Et j'ai toujours tenu cette promesse, j'ai toujours dissimuler ce pendentif sous mes vêtements, le gardant toujours sur moi, comme un porte bonheur. 

La petite fille sourit, ne comprenant pas la situation et acquiesce d'un hochement de tête.

- Le jeu a commencé ? chuchote-t-elle, impatiente. 

Une autre larme dévale sur la joue de sa mère.

- Oui ma chérie, le loup ne va pas tarder à arriver, surtout tu ne sors pas de ta cachette. 

Elle empoigne délicatement les mains de la fillette et les plaque contre ses oreilles. 

- C'est mieux comme ça, on ne sait jamais, souffle la femme, presque pour elle même. 

La fille lui sourit. 

Inconsciemment, je sens le danger arriver. 

 La jeune femme dépose un dernier baiser sur le front de l'enfant, puis referme le placard.

- Ils arrivent, informe le père, toujours adossé contre la porte.

- Eloignons-nous un maximum, pour elle, répond la mère en montrant d'un signe de tête le placard où se trouve la fille.

Le père inspire profondément. On entend des vacarmes assourdissant s'approcher dangereusement de la porte d'entrée. La lèvre inferieur de la femme tremble et les larmes continuent à couler.

- Je t'aime... souffle alors l'homme d'une voix tremblante.

- Moi aussi.

Elle dépose un doux baiser sur les lèvres de son amant. Front contre front, ils profitent de ce dernier instant d'intimité. Puis la femme se redresse, chassant une dernière larme. 

- Allons-y. 

L'homme se relève à son tour, et agrippe la poignée de la porte, avant de l'ouvrir brusquement. La femme se faufile furtivement, et lui fait signe de la suivre. Il se retourne une dernière fois en direction du placard, puis décoche un sourire triste, avant de se faufiler en refermant la porte derrière lui. Après ça, le silence retombe. 

le Magisteril et les anneaux de feuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant