MAX

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L'infirmière venait de partir. Une énième piqûre d'Abilify dans la fesse, je reprends mon travail d'écriture. Max, le chasseur d'éclair. Un petit garçon blondinet qui traverse mon esprit. Le fils que je n'aurais sûrement jamais.

J'ai toujours eu un rapport particulier avec l'écriture. Elle m'a sauvé à de nombreuses reprises d'une avalanche émotionnelle, elle m'a parfois conduit à la folie, mais aussi à la source de vie littéraire, la poésie.

Je marche à travers les pages vierges, dans cette immensité, mes doigts s'attardent sur certaines touches, brise cet espace encore sauvage. Des mots résonnent, en écho, porte ma voix jusqu'à vos coeurs.

Max, ma couche fausse, cet enfant que je n'ai pas voulu laissé partir, qui est resté en moi, malgré les années qui me séparent de lui. De son insouciance, de ses rêves, de son imagination sans limite, de sa liberté de faire et de défaire à l'infini. Le monde des adultes s'offre à moi encore une fois.

Malgré la maladie, mon état de santé, j'ai à nouveau l'opportunité de rattraper le train de la vie.

Il n'y avait qu'une infime frontière qui me séparait de tes mains. Couché dans ce lit, je vois notre histoire se dérouler dans une infinité déconcertante. Tes appels à l'aide se succèdent, je ne peux y répondre que par une énième question sans réponse.

Ca va mieux ?

Non, ça n'ira pas mieux, depuis petite ça n'est jamais allé, alors pourquoi aujourd'hui ? alors que hier encore tu voulais mettre fin à tes jours...tu en avais assez de vivre les mêmes drames répétitifs.

Mais elle est là, elle te maintient en vie, jour après jour, ta fille te donne la force de continuer le combat contre la maladie. Encore et encore, se lever, aller travailler, faire comme si ton cancer n'était qu'un détail.

Je me suis habitué à ton silence, c'est la réponse à cette question qui me mord la langue

Ca va mieux ?

Je n'arrive pas à te laisser partir.

Dans ce lit d'hôpital, tu m'appelles en pleurs, une nouvelle rechute. Il est là pour toi, cet homme que tu as laissé entrer dans ta vie après mon départ, après ma fuite. A ton chevet, il te lit mes lettres pour te maintenir en vie. J'ai été blessé de l'apprendre. De ne pas pouvoir te chuchoter mes vers et puis j'ai compris, que la vie n'attend pas les retardataire, que la vie est plus forte que la jalousie, que la vie ne tient qu'à un fil et qu'il fallait la célébrer chaque jour qu'il nous est donné de vivre.

Tu n'as pas la force de me répondre.

Je reste prostré à ce bureau, à écrire nos vies qui s'évanouissent dans les nuages de ton coeur. J'aimerais te prendre la main, la saisir au vol, temmener loin de cette chambre blanche, loin de cette ville qui nous a tant fait de mal.

Pour une fois, tu prends de mes nouvelles, tu me retournes ma question.

Je ne te réponds pas sincèrement, je suis malade, je suis bipolaire, en pleine phase de dépression.

Tu me manques depuis des mois. Tu viens de te séparer. Nous devons nous revoir. Je ne veux pas te faire fuir en te répondant sincèrement.

Non, ça ne vas pas mieux.

La dernière crise a laissé des marques indélébiles sur mon esprit. Je n'arrive plus à écrire. J'ai du mal à canaliser ma pensée, je reste au lit une bonne partie de la journée. Prostré.

Ma poésie stagne, mon livre n'avance pas.

Il devait changer la face du monde, me permettre de changer de vie. Le dernier livre que j'ai écris, un petit essai révolutionnaire et poétique intitulé « la dernière minute » m'a plongé dans une phase maniaque que je n'avais pas connu depuis trois ans. Une douce folie qui m'a conduit à être interné sous contrainte en hôpital psychiatrique.

Personne ne lira la dernière minute. Écrite dans le temps, elle à déjà perdu toute sa saveur.

Il faut que je me renouvelle, trouver un autre thème qu'une révolution lors des Jeux Olympiques de Paris en 2024.

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⏰ Last updated: Aug 20, 2023 ⏰

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CélesteWhere stories live. Discover now