Partie 2 - chapitre 1

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Nous étions le 25 février, j'étais assise droite comme un piquet, ma main tenait fermement celle d'Elio alors que j'écoutais différentes personnes défiler sous mes yeux pour offrir des discours faisant l'éloge de ma mère. Éloges qui n'étaient pas méritées mais qui étais-je pour gâcher l'enterrement de ma génitrice ? Celle qui m'avait porté pendant neuf mois avant de m'élever seule, de la pire des manières peut-être, mais tout de même. Je n'avais laissé couler une seule larme simplement parce que je n'étais pas triste d'assister à ce moment. J'étais probablement une enfant ingrate d'être soulagée de ne plus avoir de maman mais j'avais le sentiment qu'elle était mieux maintenant puisqu'elle avait fait ce choix de s'ôter la vie. Nous ne nous étions pas vu depuis une éternité, j'avais reçu un message de mon père qui m'apprenait la nouvelle et me voilà, tout de noir vêtue au côté de mon meilleur ami à assister à une cérémonie plutôt réussie.

-Tu es sûre de ne pas vouloir parler ? m'avait demandé l'italien à voix basse.

-Je n'ai aucun joli mot qui me vient à l'esprit. Je préfère que ces étrangers s'en chargent.

Effectivement aucun visage ne m'était familier ici, ma mère n'avait jamais eu un grand cercle d'ami, encore plus depuis qu'elle était régulièrement internée à l'hôpital psychiatrique où avaient eu lieu nos dernières rencontres alors j'avais été étonné du nombre de venant mais si ça avait pour finalité de m'empêcher d'être le centre de l'attention c'était une bonne chose. Nous n'avions échange qu'un seul regard avec mon père, pas un sourire, pas une étreinte, j'étais venue par politesse et il le savait.

-Si tu veux partir tu me le dis Kaya.

-J'attend la fin des discours. J'en ai rien à faire de les voir mettre le cercueil sous terre.

Le brun avait acquiescé dans mon champs de vision périphérique et nous nous étions tu jusqu'à la fin de la cérémonie. Je ne m'étais même pas levée pour déposer une rose sur le cercueil, ça m'avait valu un faux regard noir de mon père mais je n'étais pas d'humeur à faire semblant de quoi que ce soit. Mon téléphone s'était mis à vibrer dans mon sac alors que nous nous étions levé avec Elio pour quitter la pièce, je l'avais attrapé en jetant un coup d'œil, c'était un message d'Achraf. J'avais décidé de l'ignorer le temps de recevoir quelques condoléances qui n'étaient pas nécessaires et de faire mes au revoir à cette foule d'humains qui n'avaient rien à faire ici. J'avais suivi le chemin entre les bancs talonnée de près par mon meilleur ami, quel plaisir ça avait été de recevoir une bourrasque de vent sur le visage une fois sortie de l'atmosphère si bizarre qui régnait à l'intérieur. J'avais observé les immeubles aux alentours en adressant un regard reconnaissant au beau brun qui était impeccable dans son costume noir, très classe.

-J'ai cru que ça ne finirait jamais, avais-je soufflé.

-Qu'est ce que tu veux faire maintenant ?

-Retourner chez moi pour me changer et foutre cette robe à la poubelle pour n'avoir aucun souvenir de cette journée.

Il avait acquiescé en attrapant mon bras pour me tirer mais une voix nous avait tout deux immobilisé. Mon père se tenait à quelques mètres de nous, il avait prononcé mon prénom à voix basse mais assez pour qu'elle parvienne à nos oreilles et qu'elle nous stoppe dans notre élan. D'un signe de tête j'avais fait comprendre à Elio que ça irait, que j'allais le rejoindre rapidement alors il m'avait laissé me diriger vers l'homme aux cheveux grisonnants tout en gardant un œil attentif à la situation.

-Kaya...

Les yeux verts de mon père étaient bordés de larme, il souffrait visiblement plus que moi de cette perte et un sentiment de culpabilité m'avait envahi en m'en rendant compte. J'avais posé mes mains sur mes hanches pour ne pas craquer car tout comme ma mère il m'avait fait vivre un enfer à sa façon et aucun décès ne pourrait retirer ces années de souffrance.

KylianOù les histoires vivent. Découvrez maintenant