MIDDLE OF THE NIGHT

8

Moonlight - Ariana Grande

Le lever de soleil face à moi est magnifique. Il est cinq heures du matin, et je suis assise sur le canapé, près de la fenêtre, admirant le paysage. Cela fait maintenant une semaine que je suis rentrée de l'hôpital, et mon état de santé s'améliore. Quelques douleurs à la tête reviennent parfois, mais elles passent rapidement. Johanna n'a cessé d'être présente pour moi, jour et nuit, jusqu'à ce que je lui demande de rentrer chez elle pour qu'elle puisse se reposer et s'occuper d'elle-même. Après tout, elle s'est occupée de moi pendant des jours, et désormais, elle doit se retrouver elle-même, ainsi qu'avec son copain.

Hayden est venu à plusieurs reprises chez moi pour relayer Johanna. D'ailleurs, il doit venir juste après sa journée de travail. Johanna m'a tout de même imposé certaines conditions : "Hors de question que tu restes seule. Hayden viendra à son tour en surveillance." Je n'ai pas le choix, mais je dois dire que sa présence n'est pas de refus.

Mes pensées vagabondent vers mon téléphone, et notamment vers ces nombreux messages que j'ai reçus, toujours de ce numéro inconnu. Il est là, tout près, et il m'observe. J'essaie de garder mon calme et de ne rien laisser paraître. Cette situation prend un tournant inquiétant, et je dois m'attendre à tout.

Le temps passe, et je m'en rends compte lorsque je reviens à moi. Je dois me préparer et faire un peu de ménage pour que tout soit présentable. Je me lève et décide de mettre de la musique en fond, parfait pour débuter mon ménage.

18h00. Ma journée s'est résumée à un grand ménage et une réorganisation de l'agencement de mon appartement. Les fenêtres sont ouvertes, laissant entrer une brise d'air frais qui m'apaise. Mon repas est préparé, et Hayden ne devrait plus tarder. Je suis posée sur mon canapé depuis une bonne heure, regardant une série, "L'été où je suis devenue jolie."

Complètement absorbée par la série, je n'entends pas Hayden entrer. Ce n'est que lorsque la porte d'entrée claque que je me retourne pour le voir dans l'encadrement de mon couloir.

- J'ai toqué plusieurs fois, tu n'as pas entendu ?

- Pardon, j'étais trop absorbée par cette merveilleuse série.

Il regarde la télé et s'approche pour s'asseoir. Il soupire, il a l'air terriblement épuisé.

- Qu'est-ce que tu regardes pour être autant plongée dedans ?

- "L'été où je suis devenue jolie", une merveille. Dis-moi, ça va ? Tu as l'air fatigué.

Il soupire et s'étire, une lueur de contrariété dans les yeux.

- Disons que c'était une journée éprouvante. On a enchaîné les interventions.

- Mh, je vois. Interventions de quoi exactement ?

Hayden m'intéresse énormément. Il effectue un travail sublime, il sauve des vies, et ça, c'est merveilleux. Intense et difficile mentalement, il éprouve beaucoup d'émotions chaque jour.

- Nous avons eu énormément d'accidents de la voie publique et un incendie.

- Un incendie ? Sérieusement ? Ça doit être super éprouvant. Mon Dieu, je ne sais absolument pas comment tu fais. Tu n'as pas peur de ne pas revenir ? De laisser ta vie, Hayden ?

- Nous sommes entraînés pour cela. Nous avons des règles strictes à suivre pour ne pas nous mettre en danger. Mais oui, chaque jour peut être le dernier pour moi ou mes collègues. Alors, à certains moments, j'ai peur.

Je hoche la tête, comprenant et ressentant ses maux. Sa contrariété est justifiée, il doit se reposer, cela lui fera le plus grand bien. C'est à mon tour de veiller sur lui.

- Je comprends. Les personnes qui te côtoient doivent être si fières de toi, mais doivent avoir peur constamment lorsque tu pars en intervention. Prends soin de toi, Hayden.

- Mon entourage prend sur eux, mais dès que j'ai terminé une intervention importante, je les préviens. C'est important pour eux, ainsi que pour moi.

- D'accord. Si tu le souhaites, tu peux aller prendre une douche et te mettre à l'aise, ça te détendra.

Il me regarde et me sourit tendrement. Un baiser sur le front, et il se lève, se dirigeant vers ma salle de bain. Nos comportements sont tellement naturels. Chaque fois qu'il vient pour me surveiller, nous nous rapprochons de plus en plus. Cela me fait peur, mais aussi beaucoup de bien. Peut-être que Johanna avait raison, une présence masculine ne me ferait pas tant de mal et m'apporterait bien plus que du bonheur. En tout cas, lorsqu'il est ici, je me sens en sécurité. Avoir Hayden à mes côtés est une bouffée d'air frais, il devient petit à petit quelque chose pour moi. Je dois juste apprendre à lâcher prise pour mon bien-être.

Les heures défilent rapidement. Il est 19h30. Je décide de mettre ma série en pause et me lève pour réchauffer la nourriture. Je profite également de mettre la table. Mon téléphone émet une notification, et je me dirige vers lui.

Johanna : Li', comment vas-tu ?

Voici un premier message, et le second : inconnu, une photo. Une montée de stress m'envahit. Je n'y crois pas. Hayden est sur la photo, entrant dans mon immeuble.

Inconnu : Tu tiens à lui, n'est-ce pas ? Tic, tac, tic, tac, qu'il fasse gaffe à ses arrières.

J'avale difficilement ma salive, mon corps tressaille et devient blême. Je ne me sens littéralement pas bien, les battements de mon cœur s'emballent. J'ai chaud, très chaud. Ce n'est pas le moment de faire une crise d'angoisse. Il est vraiment tout près, il va s'en prendre à Hayden, et je ne veux pas ça. Je respire profondément et me calme au bout de quelques minutes. Je reste tout de même angoissée et stressée. J'ai si peur pour lui, je ne veux pas qu'il meure. Perdue dans mes pensées, je ne vois pas Hayden s'approcher de moi.

- Hey, Lia, ça ne va pas ?

Je hoche plusieurs fois la tête pour le rassurer et essaie de reprendre une contenance correcte. Je mets un masque et lui souris.

- Si, tout va bien. Le repas est prêt, assieds-toi.

Le repas se passe dans le calme. Hayden m'observe, je le vois.

- Tu pourrais arrêter de me regarder comme ça ?

- Te regarder comment ?

Il le fait exprès. Je lui lance le torchon à la figure.

- Tu te fiches de moi, monsieur !

Il réplique avec un clin d'œil et me renvoie le torchon. Nous rions de nos comportements, et je débarrasse la table. Nous apprenons à nous connaître petit à petit. J'apprends alors que Hayden est né au Canada, à Vancouver, et qu'il a déménagé ici à l'âge de deux ans, après la séparation de ses parents.

Hayden est doublement surprenant et divinement calme lorsqu'il raconte une partie de sa vie. Parfois nostalgique, je bois ses paroles abondamment. Nous sommes assis sur le canapé, une tasse de thé entre mes mains. C'est à mon tour de parler de moi. Un petit jeu s'est instauré entre nous, parfait pour apprendre à nous connaître, chacun notre tour. Nous passons donc la soirée à parler de nous, de notre enfance, de notre vie, du moins en partageant seulement certaines choses essentielles à sa connaissance.

Cette soirée me confirme que, au plus profond de moi, la personne en face de moi sera l'homme qui me sauvera de ce douloureux passé.