18

23 4 0
                                    


Le lendemain, Norbert se réveilla avec un bonheur nostalgique que seul un matin de Noël pouvait lui procurer. Il se redressa et balaya le dortoir vide du regard. Il avait hâte de retrouver Leta pour se sentir un peu moins seul.
En sortant de son lit, il butta sur quelque chose de dur. Il se baissa et ramassa un petit paquet doré. Le Poufsouffle sourit ; ses parents n'allaient décidément jamais se résoudre à changer de papier cadeau.

Norbert releva les yeux et vit trois autres paquets, posés devant son lit. Comme c'était le premier Noël qu'il passait à Poudlard, il ne savait pas que les cadeaux étaient déposés directement dans les chambres, sans aucun doute par les elfes de maison (d'ailleurs, cela faisait un bon moment qu'il n'était pas allé leur rendre visite dans les cuisines, il emmènerait peut-être Leta aujourd'hui). Il pensait qu'ils étaient livrés avec le courrier, comme tous les matins.

Le jeune sorcier s'assit sur son lit et commença à déballer le cadeau de ses parents. Il trouva d'abord une petite lettre, dans laquelle ils lui disaient qu'ils avaient hâte de le revoir, qu'ils espéraient que le cadeau lui plairait, et qu'il passerait un bon Noël pas trop solitaire. Puis il trouva un livre avec une magnifique couverture verte brodée, intitulé Hippogriffes et tout ce qu'il faut savoir à leur sujet.

Le paquet suivant venait de son frère, qui lui avait offert une petite statuette de Niffleur, et le suivant, de ses grand-parents. Le dernier, comme il s'y attendait, était de la part de Leta. Il en sortit un jeu de bataille explosive, qu'elle avait magnifiquement décoré avec des créatures à l'aquarelle. Norbert ne put empêcher un grand sourire de s'installer sur ses lèvres en passant son doigt sur tous les détails. Elle avait dû passer énormément de temps à lui confectionner ce superbe cadeau. Et dire qu'il ne lui avait offert qu'un carnet noir aux reliures argentées et une vulgaire plume. Tant pis, il se rattraperait sur la belle journée qu'ils allaient passer ensemble.

Il finit par s'habiller et descendit prendre son petit-déjeuner. En jetant un coup d'œil à l'extérieur, il vit qu'il avait encore neigé pendant la nuit, recouvrant la couche blanche déjà bien épaisse.
En entrant dans la Grande salle, le regard de Norbert se tourna de lui-même vers la table des Serpentard. Leta était déjà là, en train de manger des œufs brouillés. Elle lui adressa un sourire suivit d'un signe de la main, auquel il répondit. Il régnait en cette matinée une bonne humeur collective, égaillée par les douze énormes sapins décorés qui entouraient les tables et les fins flocons de neige qui virevoltaient, tombant lentement du plafond magique.

Le Poufsouffle s'assit à la table de sa maison, en ignorant soigneusement Faïne, Lena, Venda et Eniris qui l'invitaient à s'assoir avec elles. Il prit son petit-déjeuner avec son air rêveur habituel, le regard survolant les différents groupes d'amis assis aux différentes tables. La plupart avaient le sourire aux lèvres, certains énuméraient les cadeaux qu'ils avaient reçu à leur voisin. Les Professeurs aussi étaient joyeux, à l'exception de Nigellus qui arborait son habituel air maussade, lançant de temps en temps des coups d'œil appuyés à Lorenz et Klens qui parlaient avec trop de vigueur à son goût.

Peu à peu, les élèves quittèrent la Grande salle par petits groupes, beaucoup projetant de sortir pour profiter de la neige. Norbert rejoint Leta, et tous deux suivirent les autres à l'extérieur après avoir cherché leur cape, écharpe et bonnet. 

Afin d'éviter les boules de neige qui fusaient déjà de toutes parts, les deux amis se dirigèrent vers le lac, qui était beaucoup plus calme.

- Merci pour le carnet et la plume, dit Leta, brisant le silence qui s'était installé depuis plusieurs minutes.

- Oh... de rien, répondit Norbert. La bataille explosive est magnifique, vraiment.

Leta ne répondit rien, mais Norbert la vit sourire dans son écharpe. 
Arrivés au lac, la Serpentard s'assit par terre tandis que Norbert s'affairait déjà à libérer une petite bête prisonnière de la neige, juste à côté de l'eau gelée.
Malheureusement, il s'était trop approché de ladite eau, et son pied glissa à la seconde où il se retrouva en contact avec elle. Avant de pouvoir comprendre quoi que ce soit, il se retrouva sur le ventre, à glisser loin du rivage.

- Norbert ! s'exclama Leta, mi-amusée mi-inquiète.

Elle se leva pour voler à sa rescousse mais quand elle posa un pied sur le lac, elle tomba aussi. Norbert tenta de se relever mais il retomba aussitôt, n'ayant aucun point d'appui. Leta éclata de rire ; il devait avoir l'air assez pathétique, mais la tentative de la Serpentard n'était pas mieux.
Les deux élèves se mirent à rire sans pouvoir s'arrêter, incapables de se lever. Leta essaya encore une fois, mais elle était trop proche de Norbert et retomba sur lui. Le Poufsouffle se mit à rougir instantanément, le visage de Leta à quelques centimètres du sien.

- Désolée, souffla Leta en se redressant.

Elle avait l'air aussi gênée que lui, mais quand elle se retourna pour tenter de regagner le large en restant au sol, Norbert aurait juré qu'elle lui avait fait un clin d'œil.

Reprenant ses esprits, le sorcier esquissa un geste pour la suivre, mais il s'arrêta net lorsqu'il entendit la glace craquer sous lui. Il jeta un regard alarmé à Leta, ne sachant quoi faire. S'il bougeait trop brusquement, il se retrouverait dans l'eau glacée, mais s'il restait trop longtemps sur la glace fragile aussi. Le cœur battant, il bougea le plus lentement possible.

Mais pas assez, apparemment.

La glace céda d'un coup, et, avant d'avoir eu le temps de faire le moindre geste, le froid l'engloutit.
Norbert ouvrit les yeux. L'eau était sombre à cause de la glace qui ne laissait pas passer la lumière du soleil. Luttant contre le froid qui le paralysait de toutes parts, il battit des jambes pour remonter, mais manqua de s'assommer quand sa tête heurta brutalement la glace. Le cœur battant de plus en plus vite, il leva les yeux, mais le rond de lumière qu'il était sensé apercevoir ne se trouvait nulle part. Complètement paniqué, manquant déjà d'air et le cerveau embrouillé par le froid, le Poufsouffle plaqua ses mains sur la glace qui l'emprisonnait et poussa de toutes ses forces, donna des coups, martela autant qu'il put.
Rien ne cédait.

Il était pris au piège.

Loin de tous (Les Animaux Fantastiques)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant