Chapitre 12

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-Tu es sûr que tout va bien, William ?

Je sursaute. J'étais sur le point de m'endormir en plein dans ma tasse de café.

-Les fêtes de fin d'année étaient fatigantes, disons.

Aéna acquiesce.

-Je comprends. Tout le monde passe par là. Ça va aller.

Je fronce les sourcils.

-Ne le prends pas mal, mais des fois, on dirait que tu dis des phrases au hasard.

-Ah oui ? C'est possible. En plus, tu n'es pas le premier à me le dire.

Je hausse les épaules.

-Qui te l'a dit ?

-Une ancienne amie, Romane Miller.

Je m'étouffe avec mon café.

-Romane Miller ?

-Romane Miller, oui. Tu la connais ?

-Un peu.

-Comment ça ?

-Bah, euuuuh, je... Et toi ?

Oh mon dieu. Et si Romane était une ancienne amie d'Aéna parce qu'elles sont désormais en couple et que Romane a définitivement fait une croix sur moi ?

-Romane et moi étions dans le même groupe d'amis. Et puis, certains de nos amis sont... ils ont déménagé très, très loin. Alors on s'est divisé et on ne se parle plus, maintenant.

Ouf.

-Ah bon ? Elle ne me l'avait jamais dit...

Je déglutis. C'est vrai, elle ne me l'a jamais dit. Est-ce qu'elle me faisait vraiment si peu confiance que ça ?

Je soupire et me perds mes pensées. Quand j'en sors, Aéna n'est plus là. Je décide de retourner travailler. Je me lève.

Et puis.

Le.

Son.

Revient.

Je tombe à terre, la tête entre les mains. Depuis quand est-il aussi fort ? Des larmes me montent aux yeux. Pourquoi ça m'arrive à moi ? J'ai l'impression que mon cerveau dégouline...

Je me relève, tremblant, toussotant et reniflant. Mon coeur bat très fort. J'aimerais pouvoir passer ce moment en appuyant quelque part, comme avec les cinématiques dans les jeux. Je serre les dents, m'agrippe aux objets environnants.

Après plusieurs profondes inspirations indécises, je m'adapte et vais un peu plus vite.

Incapable de supporter l'atmosphère de l'immeuble, je sors de celui ci. Mes jambes me semblent aussi molles qu'un tas de nouilles cuites, mon cerveau aussi brûlant qu'un feu de camp en pleine lave. La lumière que me renvoie la neige torture mes rétines. Je cours en ayant l'impression d'être au ralentis, de marcher dans du sable, et me trimbale jusqu'au banc le plus proche.

-Monsieur... ?

Je lève la tête. Quelqu'un secoue la manche de mon manteau.

-Oui ?

-Pourquoi vous êtes la seule personne dehors...

Je fronce les sourcils. C'est rare de croiser des gens qui ne vivent pas à Melpomène dans les environs, après tout, personne n'a envie d'y prendre des vacances.

-Oh. Personne ne sort dans les rues, normalement. C'est à cause des bagarres de super-héros, c'est devenu trop dangereux.

-Je vois... Où est-ce qu'on est, déjà ?

Guide du super-vilain renommé [en pause]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant