Chapitre 51- Tyler

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Lorsque nous arrivons à la soirée, tous les visages se tournent vers nous.

Harper est accrochée à mon bras, tel les plus grands films de romance.

Je décide, pour ne pas lui gâcher la soirée, d'oublier mes problèmes, et de tenter de m'amuser.

Après tout, même si je me fiche pas mal des autres, j'aime les soirées.

Pour une fois, je dois faire l'effort de ne pas trop boire et surtout de ne pas finir dans le lit de qui que ce soit.

Ainsi, je me lâche, me limitant cependant à deux bières pour la soirée.

Alors que la musique résonne dans les haut-parleurs du toit, nous nous mettons à danser.

Le rythme nous fait doucement glisser dans une bulle imperméable au reste du monde.

Harper et moi plantons nos yeux les uns dans les autres et entamons une danse nous liant plus que jamais.

Plus que cette nuit où nous avons couché ensemble.

Me rappeler de celle-ci me fait alors me demander si elle s'en souvient à présent.

— Harper ? demandé-je d'une voix presque tremblante.

— Oui ?

— Tu te souviens de la nuit à Las Vegas ?

— Non, répond-elle aussitôt sans la moindre hésitation.

— Et en vrai, sans mentir ?

— Des bribes me sont revenues au fil des jours, lâche-t-elle en se mordillant la lèvre inférieure, gênée.

— Et quelle est la conclusion ?

— Que veux-tu dire par là ?

Un sourire naît sur mes lèvres.

— Je veux dire, est-ce que cela t'a plu ?

Elle secoue alors la tête, perdue.

— Pourquoi est-ce si important pour toi de savoir ça ? Cela ne changerait rien. Ça n'arrivera plus.

— J'en conclus donc que tu ne te souviens pas de suffisamment. Aucune femme ne m'a jamais dit qu'elle ne voulait pas plus d'une nuit après avoir goûté à mes prouesses.

Elle lève les yeux au ciel, mais ne peut s'empêcher d'adopter un léger sourire en coin.

— Je me souviens de tout. Dommage pour toi, bite sur pattes, je n'ai aucune envie que cela recommence. C'était bien parce qu'on était alcoolisés, mais je ne coucherai jamais avec toi en étant sobre. Et je ne compte plus faire l'erreur de trop boire parce qu'après, des cons à l'égo brisé tentent de remettre le couvert.

Un rire sincère m'échappe.

— T'es vraiment quelque chose, sorcière. Je sais pourquoi je te kiffe à ce point.

Ses yeux papillonnent alors qu'elle semble réaliser en même temps que moi la gravité de mes paroles.

Soudain, une vague de peur envahit ses yeux.

Je m'apprête à reprendre la parole afin de m'excuser, de dire que ce n'est pas exactement ce que je voulais dire, mais tous les invités sont appelés à se regrouper pour chanter les paroles de la fameuse chanson d'anniversaire.

À quelques pas de moi, Harper tape dans ses mains, heureuse.

La voir si joyeuse rend cette soirée bien plus plaisante qu'elle n'y paraissait il y a quelques minutes.

Je sais qu'elle se concentre sur la chanson pour éviter la discussion que nous allions avoir.

Cependant, je ne compte pas la laisser me fuir.

Ainsi, quand le chant se termine et qu'elle s'éloigne pour prendre Victoria dans ses bras, je la suis et me joins à leur embrassade.

Dès que Victoria est prise par d'autres invités, je réussis à attraper Harper par le bras et de la mener vers un endroit plus calme, plus intime.

— Je pense ce que j'ai dit, tu sais ?

Elle opine silencieusement de la tête.

— Ce genre de réponse ne me suffit plus, Harper. T'es censée me dire si toi aussi, tu ressens ces choses.

Ses yeux se plantent un instant dans les miens avant de se détourner pour espérer fuir.

Alors, de mes mains, j'attrape doucement son visage et l'oblige à me faire face.

D'un mouvement de tête, je l'encourage à me parler.

À m'avouer qu'elle aussi ressent ce que je ressens, ce qui me tue jour et nuit parce que mon corps est en manque du sien.

Elle secoue alors la tête.

— Je suis désolée. Tu te fais des idées. Je sais que j'ai été ambiguë à Las Vegas, mais c'était l'alcool. Je ne ressens rien pour toi. Tu es un collègue pour moi. Rien de plus. Je suis désolée que tu aies pu croire que je ressentais quelque chose de particulier, ce n'était pas mon but.

Crack.

Voilà le son que mon coeur a fait à la seconde où elle a terminé sa première phrase.

Pourquoi ai-je voulu m'engager dans un chemin si sinueux ? Pourquoi me suis-je dit que ce serait une bonne idée d'avouer mes sentiments ?

Comment ai-je pu être assez naïf pour croire qu'elle aussi, elle m'aimerait ?

Personne ne peut m'aimer. Je ne le mérite pas, pas après ce que j'ai fait.

Pas après cette erreur qui était irréparable.

Soudain, alors que je me sentais assez mal, l'univers semble vouloir m'enterrer encore vivant.

Presque à bout de souffle, je m'échappe au plus vite dans le bâtiment, fuyant mon Enfer.

Doucement, sans savoir qu'elle peut être destructrice, la pluie se met à tomber.

Mon cœur se met à battre à un rythme si effréné que je me demande s'il ne va pas quitter ma poitrine.

Mon ventre se met à se tordre de stress, mes organes se contorsionnent, s'emmêlent tant mon anxiété est intense.

Après un temps qui me semble infini, je me réfugis dans les toilettes et lâche tout.

Ma crise d'angoisse s'intensifie, mes larmes coulent sans s'arrêter le long de mes joues.

Je me laisse faire, ne pouvant pas agir contre cette douleur qui me parcourt.

Je ne mérite de toute façon pas moins que cela.

Tout est ma faute et cette phobie de la pluie ne serait jamais née si je n'avais pas été égoïste par le passé.

Je me déteste, je me haïs.

Je rêve de frapper mon crâne contre le mur pour faire taire mes démons, mais si notre tête devient notre propre Enfer, c'est qu'on le mérite.

C'est qu'on a fait les mauvais choix dans la vie.

Il faut l'accepter.

Je n'ai pas le choix.

Je n'ai pas le droit de l'avoir.

Mon regard croise le miroir, et je m'observe.

Immobile et putain de pitoyable.

Me détestant plus que n'importe qui d'autre dans ce monde.

Scandal [ANCIENNE ÉDITION]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant