Semi ouvrit la porte des toilettes et regarda sa sœur dans les yeux. Son corps tremblait légèrement mais elle le perçut et le serra dans ses bras.
- Allez bol de nouilles, ça va aller.
Il prit une grande respiration et tapota la tête de Suzu.
- Je vais bien.
- Bah oui aussi bien que si tu avais vu un fantôme, un vampire et un zombie y'a à peine dix secondes.
- Très drôle.
- Au moins tu sais toujours faire une tête de déterré, c'est bon signe, ricana-t-elle.
La jeune fille s'attendait à se faire taper l'arrière du crâne gentiment mais rien ne vint. Son frère se tenait le bras en regardant devant lui.
- Tu veux qu'on échange de place à table ? Ce garçon a l'air de te mettre vraiment mal à l'aise.
- Non c'est bon. Ça ne ferait qu'empirer la situation, tout le monde poserait des questions et j'y arriverai pas. Là j'aurais juste à inventer un mensonge pour éviter les questions. Mal de tête ou n'importe quoi.
- Prétexte une indigestion à la fin du repas, comme ça tu files dans ta chambre. J'occuperai les autres.
- Merci Suzu.
Son stress un peu redescendu, Semi partit vers la salle à manger, suivi de près par sa sœur. Ils entrèrent discrètement dans la pièce et s'installèrent à leur table. Le troisième année salua son camarade d'un signe de tête tout en l'évitant au maximum. Ce dernier répondit par un signe de tête similaire et n'ajouta rien.
Le repas se déroula sans drame et Eita se débrouilla pour être le moins possible à table, passant son temps à se lever pour débarrasser, amener des plats et autre. Les Shirabu ne semblèrent pas remarquer son malaise puisque personne ne fit de remarque sauf la mère qui releva son implication dans la famille.
Au moment de passer au dessert, le père de Semi se leva.
- Je vais chercher une bouteille de vin à la cave.
- Fais attention à la porte, il ne faut pas qu'elle claque sinon tu vas être bloqué. prévint sa femme.
Le jeune homme sauta sur l'occasion pour s'échapper une nouvelle fois.
- J'y vais papa, dis moi juste celle que tu veux.
Les indications en poche, Semi se précipita le plus lentement possible pour ne pas éveiller les soupçons vers la cave dont les escaliers étaient à côté de la cuisine.
Le froid le saisit quand il y entra. Il bloqua la porte avec une petite cale de bois et parcourut les rayons de la petite pièce pour trouver la bouteille de vin. Il respira un grand coup une fois qu'il l'eut trouvée.
C'est alors que la porte s'ouvrit en grand et qu'une silhouette se dessina dans la lumière. Ne faisant pas attention, Semi lança :
- J'ai trouvé papa ne t'inquiète pas.
- Je savais pas que j'étais ton père. rétorqua Shirabu.
Le troisième année tourna les yeux et le fusilla du regard.
- Ça te suffit pas de venir chez moi, faut aussi que tu me les brises comme tu le fais au lycée ?
- C'est ton père qui m'a envoyé, soupira-t-il, il est moins perspicace que ta mère. Il n'a pas remarqué que tu ne me supportais pas. Tu m'en veux toujours pour être devenu passeur titulaire ?
- Tu n'as que ça comme sujet de conversation quand tu me vois. Tu ne t'es jamais dit que ça devenait redondant à la fin ?
- Monsieur connait du vocabulaire dis donc.
- Arrête d'être aussi arrogant bon sang. Tu casses les pieds de tout le monde.
- Je ne savais pas que tu étais tout le monde.
- Dégage et laisse moi passer.
Semi se rapprocha de Shirabu, les yeux toujours brûlants de fureur.
- Tu vas faire quoi sinon ?
Le plus jeune avait un sourire moqueur sur le visage et se tenait très proche de son aîné. Ce dernier le poussa violemment et sortit de la pièce, donnant un coup de pied dans la cale de bois, la porte se refermant sur Shirabu.
Eita revint dans la salle à manger, la bouteille à la main et s'assit.
- Kenjiro n'est pas avec toi ? demanda Madame Shirabu.
- Euh non. avoua Semi.
- Je lui avais demandé de voir si tu t'en sortais. Tu ne l'as pas coincé dans la cave quand même ? s'exclama son père.
- C'est un grand garçon il peut sortir tout seul. soupira-t-il.
- Chéri, la porte ne peut pas être ouverte de l'intérieur. lui annonça sa mère.
Le jeune homme se mordit la langue pour ne pas dire quelque chose qui lui vaudrait un regard de travers de la part de tout le monde et se leva.
- Très bien je vais le chercher.
- Ça vaudrait mieux, il est claustrophobe. rétorqua Madame Shirabu.
- Oui bah la cave est pas si petite. cracha Semi en partant.
La mère de Shirabu avait le don de l'énerver. Son fils chéri semblait être tout ce qui comptait à ses yeux. Son mari et ses deux autres fils n'avaient qu'à peine ouvert la bouche pendant tout le repas pour dire autre chose que "s'il vous plait" et "merci".
Semi s'avança vers la porte de la cave, une fois les escaliers descendus. Des coups retentissaient sur la porte. Le jeune homme fut partagé entre deux idées. La première, ouvrir la porte à Shirabu parce qu'il était vicieux de le laisser encore un moment dans la cave. La seconde, le narguer à travers la porte pour lui rendre la monnaie de sa pièce.
Finalement, bien que rancunier, Semi ouvrit la porte et découvrit un Shirabu assis par terre, légèrement essoufflé. Le plus jeune se jeta sur le plus vieux et le fit tomber en arrière. Il lui assena un coup de poing sur la joue et le troisième année essayait de l'arrêter tant bien que mal.
- Mais tu vas pas bien ! lui cria-t-il. Qu'est-ce que tu fais à la fin ?!
Ils auraient pu continuer de se battre ainsi mais une main stoppa celle du deuxième année alors qu'il s'apprêtait à l'abattre de nouveau.
- Ça suffit là !
Suzu, le visage rouge, serrait le point de Shirabu dans le sien. Semi se redressa dans les escaliers et posa sa main sur sa joue. La douleur le brûlait.
- Va mettre de la glace dessus, indiqua la jeune fille à son frère, tandis que l'autre garçon s'échappa de son emprise et partit dans la salle à manger.
Le frère et la sœur se rendirent à la cuisine et sortirent un sac de glaçons du congélateur que le jeune homme posa sur sa joue presqu'enflée.
- Ça va ? s'inquiéta sa sœur.
- Oui t'inquiète pas.
- Il s'est passé quoi ?
- Il s'est jeté sur moi quand j'ai ouvert la porte.
- C'est un malade.
- Il est peut-être vraiment claustrophobe.
- Ça explique pas une réaction comme ça.
- On sait jamais, les gens sous stress font des choses étranges des fois.
- On dirait que tu le défends là.
Semi se stoppa. Est-ce qu'il le défendait vraiment ? Pourquoi faisait-il ça ? Ses sentiments de début de deuxième année refaisaient-ils surface, prenant le dessus sur la colère ? Cette idée lui fit peur et il se contenta de passer le sachet de glace sur sa joue.
Une fois sa joue anesthésiée, il remit le sac dans le congélateur et retourna dans la salle à manger avec Suzu.
- Ils sont partis, annonça leur mère, le visage déconfit, quand ils entrèrent dans la pièce.
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Le bal de Shiratorizawa
FanfictionLe bal de fin d'année a été annoncé à Shiratorizawa et être accompagné est obligatoire pour y participer. Le club de volley est bien décidé à y participer mais Kenjiro Shirabu se retrouve face à un dilemme. Se coltiner Eita Semi tout le bal pour que...