☕️Octobre 🍁

12 2 0
                                    

Le 21 octobre 1854


Cher Journal,

Aujourd'hui, je ressens l'impérieux besoin de confier mes pensées à tes pages, d'y déposer sans crainte mes peines et mes songes, comme un murmure que personne d'autre n'entendra.

Je me nomme Elona, et j'ai vu quatorze printemps. Ce matin, en croisant mon propre reflet, j'ai aperçu une fois de plus mes yeux bleus, d'un azur si profond qu'ils semblent renfermer quelque mystérieuse promesse. Ce bleu, souvent, trouble les gens que je rencontre, peut-être parce qu'il s'accorde si bien avec mes longues boucles brunes, que j'aime à laisser voler au vent.

J'ai maintes fois interrogé ma mère sur l'origine de cette couleur envoûtante. Elle ne sait que répondre. Une certitude demeure : ce n'est ni d'elle ni de mon père que je tiens ces yeux. Ma mère a les siens d'un brun profond, tandis que feu mon père portait un regard d'un vert éclatant.

Père... Ah ! Depuis qu'il nous a quittés l'an dernier, après un long et douloureux mal qui le rongeait, tout a changé. Il était mon héros, mon étoile.

Depuis sa mort, ma mère est plongée dans un chagrin sans fond. Elle verse chaque soir des larmes qui semblent ne jamais s'assécher, incapable de faire ses adieux à celui qui fut son plus cher compagnon durant douze années.

Pendant six mois, elle ne quitta guère sa chambre, errant comme une âme en peine, croyant percevoir la présence de mon père en chaque recoin de la maison.

Puis, après ces longs mois, elle prit une décision brutale : nous devions quitter les lieux de notre passé. Elle décida de tout abandonner pour chercher ailleurs un semblant de paix.

Il me fallut alors dire adieu à ma chère amie Camille. J'étais accablée. Nous sommes passées d'une vaste demeure à une petite chaumière bien modeste. Depuis ce jour, ma mère et moi échangeons rarement plus que quelques mots ; les véritables conversations semblent désormais d'un autre temps.

Toutefois, jamais je n'oublierai les derniers mots de mon père, alors qu'il se trouvait à la veille de son dernier souffle : « Ella, tu es plus forte que tu ne le crois. Tu pourras tout accomplir. Un jour, tu seras la lumière du monde. »

Je ne sais point ce que ces mots recèlent, ni qui je suis en cet instant. Mais peut-être, au fil des jours, découvrirai-je un peu plus le sens de mon existence.

Elona

Vous avez atteint le dernier des chapitres publiés.

⏰ Dernière mise à jour : Oct 27 ⏰

Ajoutez cette histoire à votre Bibliothèque pour être informé des nouveaux chapitres !

Ma Lumière dans l'ombreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant