Les ombres du lendemain

Chapitre 26

TW mention de viol et attouchement tout au long du chapitre

Timothé Blacke

Assis sur le sol, je range plus proprement les affaires que Louis vient de sortir. Il est parti. Je ne l'ai pas retenu. L'ancien moi me détesterait probablement de ne pas lui couru après. Je suis juste fatigué, je veux que tout ça cesse. Mais je ne peux pas y mettre fin. Une petite partie de moi espère qu'il le découvrira lui-même. Que je n'aurais pas à lui dire à haute voix.

Je passe une main sur mon visage, frottant les yeux pour me réveiller. Je n'ai pas bien dormi depuis des jours. Je fais des cauchemars à répétition. C'est invivable. Je ne sais même pas pourquoi je continue de m'infliger ça. Je ne sais pas quand est-ce que je suis devenue comme ça. J'ai toujours fait en sorte de cacher ce que je ressentais à Louis. Pour le préserver. Parce que ça fait un mal de chien de le voir souffrir sachant que c'est toi qui a causé ça.

C'est ma douleur. C'est à moi de m'en occuper.

La sensation d'être piégé sans aucune issue dans ma propre vie est affreux, quoi que je fasse je me souviens de ce que je dois faire, de ce qu'on, de ce qu'il m'a fait, de ce que j'ai fait.

Même la mort ne veut pas de moi.

L'appartement est silencieux. Toujours habillé je desserre la cravate pour me laisser plus d'espace afin de respirer. Mes doigts tremblent quand je tombe des documents lu par Louis. Je sais que ce n'est qu'une question de temps. Avant qu'il ne comprenne. Il n'est pas stupide. Loin de la. Mais qu'il sache va tout compliquer.

Quand je relis les mots que j'ai écris il y'a quelques années, je déglutis en sentant la sensation de malaise m'envahir. Un goût amer m'envahît la bouche et je me demande si je ne vais pas vomir.

Jaxon Boyle
Mon kinésithérapeute, celui qui m'aidait avec des exercices pour remarcher correctement.
Au final. Il m'a fait remarcher. En me dégoûtant de mon corps et rendant mon âme inapte.

Je sens des larmes couler le long de mes joues rejoignant mes lèvres. Je n'ai pas pleuré depuis des années. Mais être ici, avec ces feuilles, seul tout remonte d'un coup. Je sens mon corps partir comme s'il ne m'appartenait plus. Il me l'a pris.

Ça n'a pas commencé tout de suite. Au début il était tout à fait normal, je suppose pour que je lui fasse confiance. Au bout de deux mois nous étions souvent seuls à la fin des séances. Je finissais par un massage au niveau du dos et des jambes.

C'était furtif. Une main sur mon épaule pour m'aider, des mains qui descendaient plus bas que mon dos, des sourires, des...gestes.
Je ne sais pas si j'ai percuté. Qu'il...me désirait ?

J'avais seize ans, mes parents venaient de mourir. J'étais un peu un fantôme.

Je n'existait plus qu'à travers les yeux de Louis.

Puis on a commencé à discuter pendant les séances, je ne dirais pas que je lui faisais confiance mais j'étais moins sur mes gardes. Il était respectueux et gentil malgré son comportement un peu étrange mais je n'ai pas plus porté d'attention dessus.
Je ne me souviens pas de tout dans les moindre détails. Mais je me souviens de comment il me touchait à la fin des séances, c'était...dégoûtant. Mais je n'ai rien fait sur le moment. Je le laisse m'embrasser, me dire à quel point j'étais beau jusqu'à le laisser se branler sur moi.

Je ne sais pas ce qu'il se passait dans mon cerveau.

Je subissais en silence.

Les deux derniers mois de rééducation étaient atroces. Je ne voulais rien dire tout comme aujourd'hui. Je demandais à Louis de venir en avance pour partir plus tôt. Mais il est maladroit et arrivait quelques fois en retard. Et quand on était seuls...c'était pire, il me demandait pourquoi je ne voulais plus rester avec lui, il était devenu insistant reflétant sa vraie nature dissimulée.

Et...ce qui arriva arriva. Après des attouchements durant plusieurs mois de rééducation, il n'avait jamais dépassé le stade de pénétration. Je pensais sincèrement qu'il l'aurait fait. Mon cerveau a presque tout effacer de ce moment-là.

Je me souviens de lire le message de Louis apprenant qu'il sera vraiment en retard aujourd'hui.
Sentir Jaxon arrivait dans mon dos lisant le message avec son sourire aux lèvres. Il m'a forcé à aller dans une autre salle fermant à clé derrière lui. Je me souviens de ses baisers, de ses lèvres sur tout mon corps, de ses mains parcourant mon corps, c'est la seule fois où je me suis débattu. Ça n'a servi à rien. Il a réussi à...faire ce qu'il voulait faire. Et il a joui.
Après ça je ne ne l'ai plus jamais revu. A part dans mes cauchemars.

Je ferme les yeux quelque secondes reprenant ma respiration et rangeant les dernières feuilles. Mais je fond en larmes.

Je fonds en larmes. Comme jamais. Mes doigts lâchent tout comme mon corps, je tombe à la renverse sur le sol. Mon corps est parcouru de spasmes à cause de mes pleurs. Je pleure comme un enfant qui vient de perdre sa maman.

Je n'arrive pas à arrêter de pleurer, j'essaye mais rien n'arrive à les stopper. Je continue de pleurer encore et encore en déversant ma peine physiquement. Je n'arrive plus à respirer, j'attends mon cœur par ma main et le serre. L'enfant à l'intérieur de moi meurt petit à petit que les larmes coulent. Mon visage est baignée de larmes.

Je ne sais pas combien de temps je pleure avec la sensation de me dégoûter, de détester tout le monde, d'être horriblement mal à l'intérieur de mon corps.
Je tâtonne autour de moi pour m'aider à me relever et sors tant bien que mal de ma chambre sans m'arrêter. C'est comme si lançait je n'arrivais plus à m'arrêter. Tout ce que j'ai caché, au fond de moi s'effondre.

Et je m'effondre par terre à bout de souffle.

Pourquoi moi ?

Des fois j'aimerai vraiment...juste disparaître.
——

BON certains d'entre vous avez trouvé cette partie du plot ! Mais du coup voila, c'est juste hyper triste. Le chapitre est assez dur, ça n'a pas été facile de l'écrire et je suis désolé si certains s'attendaient à mieux. Mais garder en tête que le cerveau de Timothé à effacer beaucoup de choses.

Pour tous ceux qui sont des victimes de viols je vous envoie tout mon courage et toute ma force pour arriver à dépasser cette œuvre. Vous êtes forts. Vous allez y arriver. Vous allez vous en sortir. Ce n'est pas de votre faute, vous n'y êtes pour rien. Je vous aimes 🫶 et si vous avez besoin de parler n'hésitez pas à venir en message !

Faites attention à vous 💞

Bye bye :)