Chapitre 2 : Premier contact

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Cela fait maintenant cinq minutes que j'observe les individus, tapis dans l'ombre en lisière de forêt. Plus aucun doute qu'ils s'agissent d'humains fraîchement débarqués sur le continent ! Ils semblent complètement perdus ... peut-être est-ce le sujet de dispute des deux humains ... même pour ceux de mon espèce, se perdre ici peut s'avérer fatal !

Soudainement, la curiosité fait place à la méfiance. Comme dans les histoires de Grand-père, ces humains sont sûrement cupides et viennent pour les ressources qu'offre notre terre. Ils ne trouveront que la mort au bout de leur quête comme ce fut le cas pour leurs prédécesseurs.

Je m'apprête à les abandonner à leur triste sort quand un rugissement monstrueux retentit. Le boucan provoqué par la dispute entre les deux humains a attiré un monstre qui les réduira en miettes d'une seconde à l'autre. Et rien qu'à la puissance du rugissement, la bête doit être énorme !

Je pose sur eux un dernier regard empli de mépris avant de me retourner vers la forêt et m'éloigner de la future scène de carnage.

Que leur avidité les dévore tous ! Leur présence ne va apporter que des problèmes à mon peuple si je les aide ! Laissons la destinée mettre en œuvre son plan.

Je n'ai fait que quelques pas avant que le visage de ma mère ne viennent parasiter mes pensées et me pousse à interrompre ma marche. Ma mère et sa bonté, sa générosité, sa douce chaleur qui me manque tant désormais. De telles pensées n'aurait jamais effleuré son esprit. Je suis soudainement tiraillée entre le choix de laisser mourir les humains et ainsi protéger mon clan, ou leur venir en aide ...

Aaarrrgghh ! quel dilemme !!! Dois-je écouter ma tête qui me dit de partir ou mon cœur qui se refuse à laisser mourir ces êtres sans agir ...

Après avoir hésité quelques secondes, je rebrousse chemin jusqu'à la clairière où j'ai laissé les humains. Une fois atteinte, j'enfile mon masque de chasseuse qui recouvre entièrement ma tête et y dissimule mes cheveux. Je couvre également mon corps avec ma cape et enfile mes gants, dissimulant parfaitement mon apparence humanoïde aux yeux des humains.

Avec dépit, je dépose au pied d'un arbre mon arc et mon carquois de flèches qui me gêneront plus qu'autre chose et seront inutiles face à un énorme monstre. Je viendrai récupérer mes affaires plus tard.

Je ramasse un grand bâton qui me servira d'arme de frappe, prends une dernière grande inspiration avant de m'élancer pour les aider.

Lorsque je débarque dans la clairière, aucun humain ne prête attention à moi, ils sont trop occupés à fuir l'énorme reptile, un barolodon qui apparemment s'apprête à faire une seconde victime au vu de l'amas de chair gisant à ses pattes. Il ne reste du pauvre malheureux qu'une jambe ainsi que la moitié d'une main.

Profitant du fait que l'attention de la bête soit focalisée sur son prochain casse-croûte, je m'élance vers elle et frappe de mon bâton son énorme gueule juste avant que ses mâchoires ne se referme sur sa proie. La puissance du coup propulse sa tête en arrière, l'étourdi pendant quelques secondes, juste le temps pour que je puisse me placer devant l'humain qui ne semble pas réaliser ce qui vient de se passer. Un frisson traverse mon corps au vu de la bête qui me fait face ....

Mon dieu ! Cette bestiole fait au moins quatre mètres ! Elle me réduira en bouillie avec ses dents ou ses longues griffes à la moindre erreur de ma part !

Je n'ai pas le temps de l'analyser plus longtemps. Le barolodon baisse son énorme tête jusqu'à la mienne, comprenant qu'il s'agit de moi qui vient de le frapper. Il ouvre lentement sa gueule afin de me présenter ce qui sera ma dernière demeure. Dans un grognement long et étouffé, il m'offre en spectacle ses dents acérées qui ne manqueront pas de me déchiqueter.

Ne me sous estime pas, sale bestiole ! Je ne vais me laisser intimider aussi facilement !

Trop occupée à attendre l'attaque de la bête, je ne remarque ni le silence qui règne dans la clairière ni les regards choqués posés sur moi. Les humains ont enfin remarqué l'étrange créature venue frapper leur agresseur. La surprise est telle qu'aucun ne bouge ni ne parle.

Brusquement, le monstre avance sa patte pour tenter de m'attraper. J'échappe de justesse à ses griffes grâce à un saut latéral qui me place sur son flan gauche. Il tente alors un coup de queue que j'évite aisément, mais vient frapper en pleine poitrine l'homme que j'avais sauvé quelques instants plus tôt en projetant son corps plusieurs mètres plus loin.

Après une rapide impulsion, je propulse mon corps sur la tête du monstre qui ne comprend pas ce qui se passe. J'en profite pour lever mon bâton et lui crever l'œil gauche avec. L'animal rugit de douleur et secoue vigoureusement sa tête de gauche à droite, me faisant perdre l'équilibre et me projetant violemment au sol. Rapidement, je me relève et tente d'enfoncer mon bâton dans les tissus mous situés sous sa gueule. Le coup atteint son but : le saurien gémit de douleur avant de s'enfuir sans demander son reste.

Derrière mon masque, je pousse un discret soupir de soulagement. Ce n'est pas le plus intelligent des monstres mais sa puissance aurait pu avoir ma peau.

Et dire que je ne peut rien raconter de tout cela à Lekha ! Ce n'est pas tous les jours que je peux clouer le bec de mon frère, lui qui ne rate jamais une occasion pour se vanter de ses exploits à la chasse !

Exaltée par ma demi-victoire sur la bête, j'ai totalement oublié la présence des humains qui en ont profité pour former un demi-cercle autour de moi, se demandant si je ne représenterai pas une nouvelle menace pour leur groupe.

Il est encore temps pour moi de prendre mes jambes à mon cou et de fuir vers la forêt.
Je serre les poings, gagnée par une immense nervosité.

- lam nucua snoluov suov en suoN .eriaf ed zenev suov euq ec ruop puocuaeb icreM.

Sans surprise, je ne saisi aucun mot sortant de la bouche du jeune garçon blond qui s'avance doucement vers moi en tendant sa main dans ma direction. J'ai l'impression que ce geste est sensé me faire comprendre qu'il n'a pas d'intentions hostiles à mon égard. Je m'empresse de stopper sa progression en pointant mon bâton dans sa direction, ne souhaitant pas qu'il se rapproche plus de moi.

- Aaaaaaaaaaaaaaaarrrrrrrrrggggggggghh ! crie l'homme que le barolodon avait frappé de sa queue. ! lam port ia'J !! ledrob zetêrrA

Tournant ma tête dans sa direction, je voit l'homme s'évanouir lorsque deux hommes tentent de le soulever afin de le ramener vers nous. La frappe puissante qu'il a reçut lui a sûrement brisé plusieurs côtes.

- ? redia suon suov-zevuoP. nios ed nioseb a nongapmoc erton te nimehc ne séragé semmos suon suoN poursuis le blond en désignant du doigt son compagnon blessé qui est déposé à un mètre de mes pieds.

Venant m'accroupir au-dessus de lui, je constate qu'il souffre également d'une fracture ouverte au niveau de son tibia, sans doute provoquée par son atterrissage brutal au sol. Il est en piteux état et ne pourra pas marcher de sitôt. À présent, il représente une proie facile pour les prédateurs qui règnent sur cette terre mais surtout un poids mort pour ses compagnons.

Je suppose que le blond me demande de l'aide. Me voilà dans un beau pétrin ....

Double je(u)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant