Chapitre 3 : Oron Latta

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Et voilà ! Je regrette déjà mon choix ! Je me retrouve à la tête d'un groupe d'humains, les guidant à travers la forêt jusqu'à mon foyer.

Nous avançons trop lentement à mon goût, mais les nombreuses affaires que doivent transporter les humains et le blessé nous empêchent d'accélérer le rythme. Ce dernier, allongé sur un brancard de fortune est inconscient depuis qu'il s'est évanouit dans la clairière.

Plus nous nous rapprochons de notre destination, plus le doute m'envahit.

Comment vont réagir les autres quand ils me verront revenir non pas avec de quoi manger mais avec des humains ? Ces derniers ne représentent-ils pas un danger pour mon peuple ?

J'aurais très bien pu reprendre la chasse sans me soucier de leur sort, mais je sais pertinemment que cette décision m'aurait hantée jusqu'à la fin de mes jours.

Mon tourment prend fin lorsque j'arrive enfin à l'entrée de la cité. Je me retourne vers les humains et leur demande gestuellement de ne faire aucun bruit.

Je sens bien leur étonnement, notre route ayant pris fin devant la paroi rocheuse d'une gigantesque montagne. Dans le plus grand silence, ils scrutent alors le moindre de mes gestes dans l'espoir de comprendre pourquoi je les ai conduits jusqu'ici.

Après que j'ai poussé un long sifflement, le bruit sourd d'un mécanisme se fait entendre à l'intérieur de la paroi. Tournée face à la montagne, je perçois du coin de l'œil l'incompréhension totale des humains. Un sourire fugace étire mes lèvres.

À la stupéfaction des humains, une partie de la paroi rocheuse disparaît complètement pour laisser place à une grande ouverture dévoilant l'intérieur de la montagne.

D'un geste bref, je leur signifie de me suivre puis m'engage sur le chemin qui me fait face. Je les vois observer avec grand intérêt les lieux dans lesquels ils pénètrent. La porte se referme derrière nous et nous plonge subitement dans la pénombre qui nous suit jusqu'à ce que nous atteignons la cité cachée d'Oron Latta, la montagne creuse.

Les humains poussent des "ooohh" d'admiration en découvrant la cité dont les bâtiments sont taillés directement dans la roche. Habitations, échoppes et salles communes composent en plusieurs strates la ville lovée au cœur de la montagne jusqu'à son sommet, reliées les unes aux autres par de petites ruelles sinueuses ou de grandes voies rectilignes.

Les rayons du soleil qui pénètrent par un trou situé au sommet de la montagne rendent cette vision sublime et font scintiller la rivière qui traverse la cité.

Me tournant face à eux, j'ôte enfin mon masque ainsi que mes gants, révélant la duperie.

La majorité me dévisage avec surprise, ce qui ne m'étonne pas. Seul un homme me scrute minutieusement de la tête aux pieds, comme s'il m'analysait ou essayait de lire en moi. Ses cheveux aux reflets magenta ainsi que sa tenue noire accentuent la pâleur de sa peau et font ressortir ses yeux ambrés.

Lorsqu'il s'aperçoit que je le regarde, ses traits fins s'étirent pour laisser place à un large sourire malicieux qui me prend au dépourvu. Mon attention se détourne vite de lui lorsque Bala, mon Grand-père arrive à notre rencontre.

- Que nous ramènes-tu là Keya ? me demande-t-il, avec une expression faciale étrangement taquine.

Tiens ... il n'a pas l'air en colère ... bien au contraire ... aurais-je pris peur pour rien ?

- Des étrangers Grand-père. Si je n'étais pas intervenu, ils se seraient fait dévorer par un barolodon. L'un d'entre eux a été terriblement blessé, ils m'ont demandé de les aider et ... je ne pouvais pas les laisser ... Grand-père je suis dés...

Double je(u)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant