Paris- 19h00
ELSA
Nous arrivons à la capitale. La ville de l'amour, de la gastronomie.
Alessandro se gare en face d'une petite ruelle à proximité de Garnier.
Je connais bien cet endroit. Enfin, je le connaissais...
Je regarde attentivement chaque détail du toit du palais, que l'on voit paraître au-dessus des cheminées. Chaque courbe, chaque détail, je l'imprègne dans ma mémoire.
Monsieur Hautain le remarque et me demande pourquoi je reste immobile.-J'aime cet Opéra, c'est tout, lui dis-je.
Il s'arrête à côté de moi et regarde droit devant lui.
Après quelques secondes, il fait demi-tour, m'incitant à le suivre.
Nous vagabondons dans les rues de Paris, dans un silence presque pesant. Mon demi-frère semble distrait ou bien dans les nuages... il regarde à droite à gauche, comme s'il cherchait quelque chose. Il me fait emprunter beaucoup de ruelles, ce qui rallonge l'itinéraire que j'avais prévu.
À chaque fois que nous voyons un large espace dans l'une de ces alcôves, il me demande s'il y a beaucoup de passage ou si les propriétaires occupent souvent ces endroits.
Ce garçon a un sérieux problème...-Pourquoi toutes ces questions ? Finis-je par lui demander.
Il se tourne vers moi, le regard soudain noir.
-Ne t'en occupe pas, contente-toi de répondre à mes questions. Je ne supporte pas les gens qui se mêlent de mes affaires. Et il s'en va.
Mais quelle enflure !
Je grogne dans ma barbe et lui emboîte le pas.
Nous marchons deux bonnes heures sans échanger un mot.
Non seulement il est infâme, mais en plus, il me traîne dans des cul-de-sac qui ne sont jamais assez grands pour lui.
Je pense que pour la visite des monuments et des grandes allés de la ville, il faudra repasser.
Soudain, il se stoppe net. Il se trouve vers moi et me dit :-Bon, j'ai vu ce que j'avais à voir. On rentre, dépêche-toi.
C'est la goutte de trop. Depuis son arrivée ce matin, il n'a pas été aimable un instant, il m'a manqué de respect et a été désagréable sans raison plusieurs fois. Il voulait visiter Paris, nous y sommes allés. Et ça ne lui va toujours pas ! Il continue dans son sarcasme. Ça ne doit pas continuer. Je ne sais pas combien de temps il va rester en France, mais je sais que je ne le laisserai pas faire sa loi plus longtemps. Et encore moins chez moi.
Je m'arrête et lui fais face.-Bon, écoute. T'as pas à être aussi chiant avec moi, je t'ai rien fait !
Si tu veux que t'as vie ici soit agréable, je te jure que t'as intérêt à changer ! Je continuerai pas comme ça, ça fait que quelques heures qu'on se connaît et je te considère déjà comme un connard sarcastique !Je ne pense peut-être pas mes derniers mots, mais je veux le faire réagir. Je veux qu'il comprenne que je ne suis pas responsable de sa frustration.
Il marque une pause, comme pour analyser ce que je viens de lui dire, et commence à se rapprocher dangereusement de moi, les yeux marqués par un mélange de colère et d'étonnement.
Je recule, par peur de lui faire face à nouveau, et heurte le mur de l'immeuble d'une rue déserte.
Ses pas lourds résonnent et viennent briser le calme qui emplit l'atmosphère. Il n'a plus l'air hautain. Il a l'air... dangereux.
Alessandro a l'air dangereux.
Il vient coller son corps au mien et plonge son regard perçant dans mes yeux bleus. Nos visages sont proches, je peux sentir son souffle chaud et saccadé. Il sent la cigarette et le parfum pour homme.-Écoute moi bien princesa...
Je ne suis pas ici par choix. Et pourtant, même dans ton pays, tout le monde connaît mon nom. Alors si tu es l'exception à la règle, je ferai en sorte de te faire savoir qui je suis, mais je le ferai à ma manière.
Personne ne me manque de respect.Il empoigne mes cheveux et fait basculer ma tête en arrière, me laissant échapper un hoquet de surprise.
-Personne, chuchote-t-il à quelques millimètres de mon oreille.
Il lâche prise et me laisse en plan le temps d'aller démarrer le scooter.
Je reprends difficilement mes esprits. Est-ce qu'une personne lambda réagit comme cela quand on l'insulte ?
Mais bon sang, qui est cet homme ?
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Fuis moi, je t'aime
TeenfikceElle était joyeuse et innocente. Il était froid et distant.