On commence avec le challenge of september de @the.plottery (insta) :
A short story where the main conflict is an annoying fly
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J'arrangeai une dernière fois les fleurs du bouquet posé sur la table basse, allai vérifier ma coiffure, m’aspergeai de parfum et souris à mon reflet.
Pas trop mal. Mais il n’était pas question de mon avis…
On frappa justement à la porte. Je saisis une fleur du bouquet et m’empressai d’aller ouvrir.
« Bienvenue dans mon humble demeure… » saluai-je Clémence alors qu’elle entrait.
Elle était ravissante, comme toujours. Je mis du temps à lui offrir ce que j’avais dans la main, encore sous le choc.
« Ohh tu te souviens que c’est mes préférées ! » se réjouit-t-elle en la prenant.
Je hochai la tête, ravi de lui faire plaisir, et encore plus devant l’exclamation qu’elle poussa en découvrant le bouquet dans le salon. J’espérai que la décoration lui plaisait aussi – des pétales sur la table, entre les apéritifs, des tons rouges roses et blancs dans toute la pièce.
Il n’était que dix-neuf heures, on prit donc place sur le canapé et la conversation aborda beaucoup de sujets.
« Excuse-moi, fit-elle au bout d’un certain temps, ça te dérange si on ouvre la fenêtre ? Il fait vraiment chaud en ce moment.
- Oh oui j’y vais bien sûr, j’aurais dû y penser. »
Les soirées devraient être bien plus fraîches à cette période de l’année, mais le réchauffement climatique en avait décidé autrement.
J’ouvris en grand la fenêtre du salon et retournai m’asseoir.
« Choisis le film. » indiquai-je à Clémence en lui montrant ma pile de disques.
Elle hésita longuement, puis son visage s’illumina alors qu’elle en prenait un.
Je m’exclamai, surpris : « Vraiment ?
- Oui. Sans aucun doute. »
Et je me retrouvai à mettre le dernier opus de la trilogie Le Seigneur des Anneaux.
La connaissant je n’aurais pas dû m’étonner, mais j’aurais imaginé plus romantique comme film… N’empêche, Clémence était aux anges, et c’était le plus important.
Arrivé à un moment critique, je me penchai vers elle pour lui demander une explication.
« Mais si les aigles… »
Je fus aussitôt interrompu par un bourdonnement, juste à côté de mon oreille. Je me figeai immédiatement, regardai autour de moi – réflexe inutile, la pièce étant plongée dans le noir.
Clémence ne semblait pas m’avoir entendu, complètement immergée dans son univers. Je décidai plutôt de reprendre du pop corn, redirigeant mon attention vers la télé.
Plusieurs minutes s’écoulèrent avant que je ne sois à nouveau dérangé par ce bourdonnement. J’agitai la main, brassai vaguement l’air dans l’espoir d’éloigner l’insecte importun.
Ça fonctionna. Du moins pour un temps.
La troisième fois, je me résolus à agir.
Embrassant la joue de Clémence, je lui demandai :
« Tu veux boire quelque chose ?
- Hum oui… de l’eau, s’il te… plaît, répondit-elle sans détacher ses yeux de l’écran.
- D’accord. »
Je me rendis à la cuisine, sortis une bouteille et remplis un verre, puis un deuxième.
J’allais ranger la bouteille quand je vis un point noir sur le frigo. Qui bougeait.
Avec des mouvements ralentis, j’attrapai un chiffon, respirai un grand coup et l’abattis sur la mouche.
Un sentiment de pleine autosatisfaction m’envahit durant une seconde, jusqu’à ce que je retire mon arme et me rende compte qu’il n’y avait rien. Pas d'insecte agonisant sur mon carrelage, aucune trace de quoi que ce soit.
Je laissai échapper un grognement agacé et retournai au salon avec les deux verres.Clémence restait égale à elle-même, imperturbable.
Les trente minutes suivantes furent paisibles – pour les spectateurs que nous étions, du moins, car la scène actuelle était particulièrement dramatique. Il eu un gros zoom sur un personnage, qui s’apprêtait à dire une phrase qui changerait le destin de la Terre du Milieu pour le meilleur… ou pour le pire.« Et le Rohan… »
Le reste de la phrase fut couvert par mon cri. Ça avait marché sur ma main. J’en avais renversé mes pop corns.« Bordel. Pardon Clémence, je vais devoir allumer une petite lumière. »
Elle avait l’air frustré, sourit néanmoins en affirmant que ce n’était pas grave.Quand j’eus fini, je laissai la lumière, au cas où.
Le film touchait à sa fin, une dernière bataille primordiale s’apprêtait à commencer. Elle semblait perdue d’avance, le chef remontait le moral de ses troupes.
Silence épique. Il ouvrit la bouche pour terminer sur une note triomphante… et se retrouva avec une mouche lui courant sur le visage, avant qu’il ne charge sur l’ennemi.« Non ! lâcha Clémence, je rêve c’est pas possible ! »
Un coussin vola en direction de la télévision.
« Je la veux morte. »
Commença une des chasse les plus étranges, violentes et sans pitié à laquelle il m’ait été donné d’assister.
N’importe quel objet devenait une arme de choix, toutes les techniques étaient bonnes.
Pendant un court instant on crut l’avoir perdue, on la retrouva et la poursuivit à travers tout le salon, jusqu’à ce qu’elle sorte par la fenêtre, que je fermai autant pour qu’elle n’entre plus que pour Clémence n’aille pas l’achever.
C’était inutile, à présent.
Elle retourna sur le canapé, essoufflée, le teint rosi. Je m’assis près d’elle, la respiration également entrecoupée.
« J’espère… j’espère que t’as… aimé la soirée, quand même… »
Elle m’offrit un regard angélique.
« Bien sûr, on remet tout ça quand tu veux. Quand tu veux. »
Je me souvins qu’elle avait horreur de perdre, et me promis qu’on irait plutôt au restaurant ou au cinéma, la prochaine fois.
Aucune mouche sur laquelle se venger, aucun salon à potentiellement détruire dans le feu de l’action.