CHAPITRE 15 : Les anneaux de feu

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- Tu m'expliques ? trancha finalement Sol dans ce malaisant silence qui s'était installé autour de nous. Nous vagabondions dans les couloirs depuis une dizaine de minutes. Nous étions dimanche, donc peu d'élèves circulaient autour de nous. 

- Expliquer quoi ? mentis-je, l'air insouciant. Le garçon fronça des sourcils.

- Toi, portant le pull de Ben, que je retrouve plaquée contre un mur à deux doigts de vous dévorer avec Al ? proposa Sol, en s'arrêtant.

Je sentis mes joues s'empourprer, c'est sûr que dit comme ça... Je me surpris en train d'entortiller mes doigts autours des lanières du pull, et m'empressa d'arrêter en enfonçant mes mains dans mes poches.

- Benjamin m'a juste aidé à apprendre le grec hier. J'ai dû avoir froid et il m'a prêté son pull. Répondis-je, faisant abstraction à la seconde partie de sa phrase.

- « j'ai dû » ? tu n'as pas l'aire sure... soupçonna-t-il en plissant des yeux.

- Je me suis assoupie, me justifiais-je rapidement.

Après tout c'était vrai, je n'inventais rien. Sol parut me croire et hocha de la tête. Un soupir de soulagement s'échappa de mes lèvres, et mes muscles se décontractèrent. Il n'allait pas poser plus de question. Cependant, comme pour riposter à cette pensée, mon ami se retourna face à moi, les bras croisés sur sa poitrine.

- Et donc... pour Al ? Tu vas me dire qu'il t'apprenait le grec lui aussi ?

Je me sentis rougir davantage. Cependant, je fis de mon mieux pour ne rien en laisser paraitre et me contenta d'hausser les épaules, l'air décontractée.

- Rien, je l'ai un peu provoqué, ça n'a pas dû lui plaire, mais on en avait fini de toute façon...

Je me remis à avancer, en partie pour ne pas répondre à mes soudaines envies de me défenestrer. Facon de parler bien sûr, j'avais déjà connu l'expérience en me jetant de mon balcon lors de l'incendie, je ne comptais pas recommencer de sitôt.

- Il ne se passe rien, si c'est ce que tu veux savoir, ajoutais-je, avec -surprenemment- une touche d'amertume en voix. 

- Eden... Je ne suis pas là pour te dire quoi faire ou non. Simplement, je suis ton ami, et en tant que tel, ainsi qu'en temps que coloc d'Al, je me dois de te prévenir qu'il risque de te faire du mal.  A mon avis, tu devrais vraiment te tenir à l'écart de lui. 

J'encaissais les paroles de mon ami qui, je le savais, tentait de me protéger à sa manière. Je ne pouvais pas lui en vouloir, il s'inquiétait pour moi. 

- D'autant que c'est entre autre l'ex de ta meilleure amie, ajouta-t-il en faisant référence à Maude. 

Cette dernière phrase me piqua à vif. Était-ce un reproche ? Je ne lui répondit pas, de peur de ne pas être capable de maitriser mes propos. 

Heureusement, mon ami se contenta de mon silence, et changea subitement de sujet, comme frappé par un souvenir. 

- C'est vrai, à la base je te cherchais car Maude voulait te voir ! Je crois qu'elle a paniqué en ne te voyant pas dans ton lit à son réveille.

J'avais ducoup passé ma nuit à la bibliothèque. 

 - Elle m'a fait toute une tirade comme quoi tu avais sans doute fuit car le matelas qu'elles avaient acheté ne devait pas te convenir ou quoi... gloussa-t-il, l'air nostalgique. Si elle savait que je te retrouverais à deux doigts de galoche Al...

Il laissa sa phrase en suspens, ce qui me fit déglutir.

-J'comptais pas l'embrasser ! protestais-je, presque pour me convaincre. N'empêche que... tu pourrais... éviter de lui en parler ? suggérais-je, d'un ton presque suppliant.

le Magisteril et les anneaux de feuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant