Alessandro

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Paris- 1h00
ALESSANDRO
Mes hommes m'ont demandé de faire du repérage dans les rues de Paris, pour stocker notre marchandise. Étant le leader du groupe, je ne peux pas me permettre de diriger mon équipe à distance depuis Naples. Alors avant de partir, j'ai trouvé le moyen de louer le sous-sol de bureaux et ai demandé aux hommes de l'aménager pour que tout soit prêt à mon arrivée.
Évidemment, ces incapables n'ont pas pu se déplacer à temps, et la cave n'a pas été prête pour recevoir nos conteneurs.
Dedans se trouvent des armes à feux, que nous devons livrer à des particuliers.
Audran, mon bras droit, est arrivé au port hier après-midi, avec une partie des commandes. Beaucoup de nos clients sont français, alors ça va nous simplifier la tâche pour les livraisons.
La partie des hommes qui ne peut pas se déplacer de Naples gère la communication avec nos fournisseurs allemands.
Mais en attendant que le local soit prêt, Audran et moi allons stocker les caisses dans des ruelles inoccupées à proximité...

                         
                               ☁︎☁︎☁︎☁︎☁︎☁︎☁︎☁︎☁︎

Nous arrivons devant la maison de ma nouvelle belle-mère. Je gare le scooter dans le garage et me dirige vers la porte d'entrée.
Super, je n'ai pas les clés.
Je regarde vers le bout de femme qui enlève péniblement son casque et lui demande d'ouvrir la porte.
Elle sursaute en entendant ma voix.
Peut-être que j'y suis allé trop fort sur les menaces. Mais bon, elle n'avait qu'à pas me manquer de respect.
Je la vois trembler en attrapant son trousseau de clés.
Est-elle peureuse à ce point ?
Nous entrons et je me dirige vers cette chambre d'amie miteuse dans laquelle je suis forcé de vivre.

-Attends.

Je me retourne, surpris.
Qu'est-ce qu'elle veut encore ?

-Tu... tu pourrais t'excuser quand même... dit-elle d'une voix frêle.

Est-elle sérieuse ? Je rigole à gorge déployée. Cela semble la vexer, car elle rougit. Je m'avance vers elle pour lui faire face.

-Je ne regrette rien ma grande. Crois-moi, va falloir t'y habituer, je n'ai aucune pitié. Et encore moins avec des gens que je suis forcé de côtoyer.

Je ne veux pas avoir d'affinités avec cette fille. Elle n'est personne pour moi et elle ne le sera jamais.
Pour l'instant, elle n'est utile que comme guide, rien d'autre.
Je vois qu'elle s'énerve à nouveau.
Oh pitié, qu'elle ne fasse pas une nouvelle scène, sinon je jure de la tuer sur-le-champ.

-Mais moi non plus, je n'ai jamais demandé à te côtoyer ! J'ai pas eu le choix, alors je fais avec. Tu pourrais au moins essayer de t'adapter toi aussi, s'il te plaît...

Elle achève sa phrase sur un ton lasse. Cet argument sonne comme un dernier espoir.
Bon sang qu'elle a l'air faible.
Je me penche au-dessus d'elle, ne laissant qu'un espace minime entre nos visages. Elle ne tente pas de reculer, c'est une première... Il n'y a plus de la peur dans ses yeux. Il y a de la provocation. Je souris légèrement.
Essaye-t-elle de me tenir tête ?
Je fixe ses yeux bleus-gris et examine chaque détail de son visage. Je ne vais pas mentir, je la trouve mignonne. Mais elle n'est définitivement pas mon style.

-Arrête de me regarder comme ça, on dirait un psychopathe, dit-elle en baissant les yeux.

Je m'écarte pour allumer une cigarette.

-Je fais ce que je veux cara mia.

Je sors sur le balcon pour fumer et l'entend se positionner derrière moi.
Je la regarde et lui demande ce qu'elle veut encore.

-Demain, je retourne à Paris pour voir une représentation à l'Opéra.
Si tu veux en profiter pour... admirer les ruelles, tu peux m'accompagner si tu veux, dit-elle.

Je vois. Elle est du genre à relativiser et à donner une chance aux gens, quoiqu'il arrive... bon sang qu'elle est ennuyante. Mais bon, demain, je dois me rendre au QG pour voir l'avancée des travaux, alors j'accepte sa proposition.
Elle me souhaite bonne nuit et monte se coucher.
Je sens que je n'ai pas fini d'entendre parler de cette fille...

Fuis moi, je t'aime Où les histoires vivent. Découvrez maintenant