Chapitre 1 : un travail de rêve ?

85 6 2
                                    







- J'y vais mamá.

- Où vas-tu ?

Elle passe la tête dans l'embrassure de la porte de la cuisine pour poser ses yeux soupçonneux sur moi.

- Je vais garder la petite comme tous les soirs, je réponds d'une manière évidente.

Cela fait quatre ans que je participe aux courses pour l'aider à payer les factures. Depuis la mort de papá, elle se tue au travail pour pouvoir nous loger, nous nourrir et nous payer des études à ma sœur et moi. Des études que je ne suis que pour lui faire plaisir. Je sais très bien que ce ne sera pas ma vie. Je vivrai de ma passion. Je ne pourrais jamais devenir médecin ou avocate comme elle le souhaite. Non, mon truc à moi c'est les voitures. C'est d'ailleurs pour cette raison que j'ai demandé d'intégrer certaines universités pour décrocher un master en mécanique mais avec un peu de chance Alessio me proposera un poste dans son garage et je n'aurais pas à aller étudier.

Et par la suite j'aimerai ouvrir mon propre garage automobile tout en participant, en parallèle, aux courses pour investir dans mon garage.

- Tu n'iras nulle part.

Je fronce les sourcils et croise les bras dans un geste de provocation.

- Je croyais avoir été claire.

Elle s'approche de moi, un air furieux sur le visage sans que je ne comprenne d'où lui venait cette soudaine colère.

- Je pensais que ça t'avait suffi cet accident qui avait couté la vie à ton père.

Mon cœur s'emballe et je me crispe à la simple évocation de cet évènement.

- Ne parle pas de ça.

L'image de mon père mort dans cette voiture refait surface. Depuis cinq ans maintenant, elles ne me quittent plus. Je ne peux fermer l'œil sans les voir, sans revivre la scène.

- Tu m'avais promis d'enlever les voitures de ta vie, prononce-t-elle d'un ton accusateur.

- C'est grâce à elles, qu'on arrive à vivre dans cette maison. C'est grâce à ça que Valentia peut suivre ses cours

- Je refuse que tu y retournes Eyana. J'ai tout sacrifié pour toi. J'étais une étudiante brillante en médecine quand je t'ai eu et j'ai sacrifié mon avenir, et mon rêve pour toi. Ce n'est pas pour que tu foutes ta vie en l'air.

- Et je ne t'ai rien demandé, je lui crache. C'est toi qui as ouvert tes cuisses.

Ses yeux s'ouvrent en grand face à la surprise. Mes poings se serrent. J'ai le souffle court.

- Je t'interdis de me parler ainsi.

- Que vas-tu m'interdire après ? D'être heureuse ?

- Je suis ta mère.

- Une mère ne dit pas à sa fille qu'elle regrette sa naissance.

Ses épaules s'affaissent et les larmes lui montent aux yeux. Cette vue me brise le cœur. Elle est épuisée. Je souffle et l'attire dans mes bras. Ces quatre dernières années ont été dur pour tout le monde mais surtout pour elle. Je le sais. Quand bien même elle était brisée par la perte de celui qu'elle aimait, elle est restée forte pour ses filles. Elle a dû travailler deux fois plus dur pour subvenir à nos besoins. Elle à porter sur ses frêles épaules la douleur de notre famille pour nous reconstruire. Elle subissait nos cauchemars répétitifs, nos pleures quotidiens, ma colère débordante sans plier.

- Ce n'est pas ce que j'essayais de dire. Je ne veux simplement pas que tu finisses comme ton père. Je ne veux pas perdre une nouvelle fois un membre de ma famille.

Hasta la muerte (terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant