Chapitre 33

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Merlin vérifia encore une fois qu'il avait tout. Par delà la fenêtre, le jour se levait. Et Calogrenant et son armée ne tarderaient pas à arriver. Il n'avait plus beaucoup de temps. Et Arthur commençait à paniquer.

- Explique- moi comment ça va se passer encore une fois.

- Je vais lancer le sortilège d'inversion. Après cela, certains traits de votre maléfice basculeront sur moi. Vous serez toujours une succube mais vous ne sentirez plus le besoin de sauter sur n'importe quel homme qui passe et ils ne seront plus attiré par vous. C'est moi qui ressentirai ce besoin et vers moi que les envies seront dirigées c'est pourquoi je resterai ici. Mais le reste ne change pas. Vous ferez toujours un effet terrible sur les jeunes femmes et vous ne pourrez toujours rien manger ni boire qui ne soit pas ... De moi. Nous avons dit à la cour que votre état s'était grandement amélioré mais par acquis de conscience, vous recevrez messire Calogrenant en privé dans la salle de trône en compagnie de votre garde proche uniquement. Aucun spectateur autorisé donc aucune femme que vous pourriez faire s'évanouir. Voilà ... Je ne vois rien d'autre. Ha si peut être une chose que je ne vous ai pas encore dite. Essayez de ne pas être absent trop longtemps...

- Pourquoi cela ? Au bout d'un moment le sort ne fait plus effet ?

- Non, ce n'est pas cela... C'est juste que je doute de pouvoir me contrôler bien longtemps... Et vu que j'ai des pouvoirs... M'enfermer ici ne me retiendra pas longtemps.

- Peut être Gaius devrait veiller sur toi de loin, assurer que tu ne sorte pas. C'est un magicien lui aussi après tout non ?

- D'après tout le monde ici vous êtes malade. Que dirait-on si le médecin de la cour ne veillait pas sur son suzerain ? Ça va aller, juste, ne soyez absent que quelques heures...

- D'accord. Acquiesça Arthur, déterminé. - Tu fais tellement de sacrifice pour moi et le royaume...

Merlin n'eut pas le temps de répondre quoi que ce soit. On frappa à la porte.

Merlin alla ouvrir. À l'extérieur de la chambre, Gaius l'attendait, nerveux.

- Dépêche toi Merlin, commença t'il tout en lui mettant une fiole dans les mains,- le cortège du seigneur Calogrenant à été vu à moins d'une demie lieu d'ici. Il ne tardera plus maintenant.

- Merci Gaius. Pour tout. Dit Merlin tout en désignant la fiole par un léger mouvement de la main qui la tenait. Le vieil homme se contenta d'hocher la tête et de s'en aller. Mais il n'avait pas fait un pas qu'il se retourna à demi. Regarda Merlin d'un air profondément paternaliste avant de déclarer à mis voix.

- Soit prudent Merlin. Ce fût au jeune apprenti d'hocher vigoureusement la tête et de s'en aller. Refermant la porte des appartements d'Arthur . Il verrouilla la porte avec ses yeux comme il en avait à présent pris l'habitude. Il se tourna vers Arthur qui attendait là, les bras ballants. Tentant désespérément de respirer sans peine.

- Allons-y. La voix de Merlin était ferme et déterminée et Arthur n'eut d'autre choix que de lui obéir. Merlin se plaça au centre de la pièce. Dans l'une de ses mains, il tenait la petite fiole. De l'autre l'épais grimoire. Et Arthur vient se placer à genoux devant Merlin. Des yeux inquiet lever vers lui. Merlin lui tendit la fiole.

- Ne la buvez pas tout de suite. Quand je vous le dirai seulement. Et... ça va très certainement avoir un goût atroce pour vous alors ... Essayez de ne pas tout recracher.

Arthur hocha la tête. Tentant de se préparer mentalement au goût infecte qui l'attendait. Merlin se retourna et prit sur la table un bouquet de sauge blanche, de fines branches de sureau et d'achillée millefeuille. Il se repositionna devant Arthur. Et d'un regard il enflamma le bouquet dans sa main. Une épaisse fumée se répandit alors et le jeune sorcier commença à sacrer son roi, l'entourant de ce brouillard qui laissait échapper une bonne odeur bien qu'entêtante. Et là, d'une voix qu'il lui connaissait peu et qu'il trouvait assez effrayante en réalité, une voix grave et gutturale, suivant les inscriptions de son grimoire, Arthur entendit Merlin commencer à prononcer la formule. Il sentait son corps entier le picoter. Au bout de ce qui lui sembla une petite éternité, Merlin s'arrêta. Et d'une voix grave mais bien moins, il lui ordonna de boire le contenu de la fiole. Heureusement elle était très petite et il n'eut pas beaucoup à avaler. Mais il crût vomir. Et il lui fallut un moment avant que la nausée ne cesse. C'était immonde, mais bien heureusement le goût ne resta pas trop longtemps dans sa bouche. Merlin fit disparaître la sauge et tout le reste tandis qu'il reposait le grimoire sur la table à manger.

- Comment savoir si cela a marché ? Questionna Arthur au même instant ou les jambes du jeune sorcier lâchèrent. Il se rattrapa à la table mais sentait ses forces l'abandonner. Avait-il trop forcé sur sa magie où quelque chose dans ce genre là. Il sentait une nouvelle fois ses jambes se dérober sous ses pieds et il sentit immédiatement le corps d'Arthur derrière lui, qui le rattrapait.

- Est ce que tout va bien ? Quelque chose s'est mal passé ? L'inquiétude dans sa voix était palpable. Mais Merlin souriait. Parce qu'Arthur avait une odeur délicieusement sucrée.

- Ne vous en faites pas messire. Ça a marché.

- Comment le sais-tu ?

Pour toute réponse Merlin se retourna face à lui et l'embrassa avec fougue. De l'un de ses baisers qui appelle une suite. Ses mains commencèrent à dévier sur le corps de son roi et Merlin se maudissait de l'avoir déjà habillé de son armure de cérémonie et de sa grande cape rouge, ce serait plus long à défaire et ça l'empêchait d'être plus près de son corps et ça, s'était quasiment insoutenable. Avant qu'il n'est pû esquisser le moindre geste pour dévêtir son roi, Arthur se saisit de ses bras et le stoppa dans sa lancée. Le regardant avec un petit sourire de biais et les yeux rieurs.

- Du contrôle Merlin. Du contrôle. Tu sais bien que nous n'avons pas le temps pour cela. Mais je te garanti qu'à mon retour je ne m'en priverai pas.

Merlin rougit furieusement, se rendant compte de l'audace qui l'avait alors saisit.

- p..Pardonner moi messire ...

- Tout va bien Merlin, je suis bien placé pour savoir à quel point tout ça est déroutant à vivre.

On frappa à la porte. Et la voix d'Elyan retentit à travers l'épaisseur de bois.

- Messire ? Nous faisons entrer le seigneur Calogrenant dans la salle du trône en cet instant.

- J'arrive !

Arthur était rongé par la peur. Pas qu'il craigne messire Calogrenant plus que de raison. Ô certe c'était un homme caractériel, pointilleux et qui savait fort bien se montrer cruel. Et à y réfléchir plus longuement, peut-être aurait-il dû avoir peur de lui mais ce n'est pas sa rencontre avec cet éminent chef de guerre qui le perturbait. Non c'est qu'il allait devoir remettre le masque. Après trois semaines sans le porter, il avait peur de ne plus savoir comment faire. Il n'avait vu personne d'autres que Merlin pendant tout ce temps. Arriverai t'il à entretenir un dialogue sérieux plus d'une minute. à ne pas laisser voir ses émotions. À être à nouveau fort et impassible comme on le lui avait appris. Il le faudrait bien. Il n'avait pas le choix à présent. Qu'il le veuille ou non, il était encore le seul à pouvoir prétendre au titre de roi.

- Ce n'est pas messire Léon qui devait venir vous chercher?

- à mon avis messire Léon n'approchera plus cette pièce avant un bon moment au vu de l'état où il s'est trouvé après ton petit tour de passe passe... D'ailleur tu n'as toujours pas été vraiment puni pour cela...

- Aller vite unifier un royaume de plus et venez me corriger ensuite dans ce cas..

- Je n'y manquerai pas. Un long regard passa entre eux. Tellement de chose y était décrite qu'il aurait sans doute fallu une éternité pour l'exprimer oralement. Une promesse lubrique, le soutien inconditionnel pour les tâches qu'ils devaient effectuer et le sentiment inébranlable de leur attachement réciproque. Quoiqu' il en soit, et quoi qu'il fût prononcé par leurs pupilles, le message été long et le lien entre eux ne voulait pas se défaire. Arthur ne voulait pas quitter cette pièce. Après tant de temps enfermé ici, il était prêt à parier qu'en sortir lui aurait fait plaisir, hors c'était loin d'être le cas. Il avait l'impression d'abandonner Merlin à son sort là où il avait toujours été là pour lui. Mais il ne devait pas oublier que le rêve de Merlin était un royaume unifié, où les gens comme lui ne seraient plus pendus sans procès. Un idéal de paix et il était le seul à pouvoir le construire. La voix de son serviteur lui fit regagner la raison alors qu'il s'égarait de son devoir.

- Monseigneur... Mieux vaut ne pas le faire attendre.

- Tu as raison. Arthur, au pris d'un terrible effort se détourna enfin de lui. - Tiens jusqu'à mon retour. Voilà l'ordre qu'il donna avant de franchir la porte, rejoindre Elyan. Merlin entendit leurs pas résonner dans le couloir et il sentit son cœur s'alourdir. Il se laissa tomber sur le lit. Le jeune sorcier espérait que son prince lui revienne vite. Déjà il sentait la faim la plus terrible qu'il n'est jamais connu l'envahir.


Une saison dans le Stupre[Merthur]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant