Chapitre 37

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Merlin avait les yeux rougis et cernés. Oui il avait pleuré. Chaque nuit depuis le choix qu'il avait dû prendre, encore une fois, contre son propre bonheur. Et comme à chaque fois, il espérait juste qu'il avait fait ce qu'il fallait. Malgré ses sourires enchantés, ses yeux ne mentaient pas, eux. Mais heureusement, lorsqu'on le questionnait à propos de l'état de ceux-ci il riait faussement, haussant les épaules et répétant à qui voulait bien l'entendre sans jamais l'écouter. « J'ai un mariage royal à préparer ! Croyez-moi ce n'est pas de tout repos ! » et c'était vrai en soit, mais les préparatifs étaient bien le cadets de ses soucis, c'était le mariage en lui-même qu'il exécrait au point d'en perdre le sommeil. Il ne savait pas ce qu'il répondrait demain lorsqu'on le questionnerait sur sa fatigue. Peut être accuserait il le contre coup dans un premier temps et après... Et bien après il aviserait. Il apprendrait à faire mentir ses yeux, avec un peu de chance.

- Tu tiens le coup ? Gauvain, placé juste derrière lui, venait de chuchoter prêt de son oreille. Il était le seul avec qui il ne pouvait pas mentir. Et ça le dérangeait énormément. Il se contenta d'un bref hochement de tête et se reconcentra sur la cérémonie.

Le prêtre officiait encore. Guenièvre avait une robe au couleur des Pendragon, d'un rouge flamboyant. Arthur aussi était à ses couleurs, sa couronne vissé sur sa tête, sa longue cape et sa chevalière portant les armoiries ancestrales. Il ne manquait rien. Et cela, Merlin le savait puisque c'était lui qui l'avait habillée ce matin. Face à ce spectacle Merlin avait l'impression que tout l'intérieur de son corps était en train de se figer comme de la pierre. Le regard baissé, il n'arrivait plus à regarder. Il sentait son coeur être enserré dans sa poitrine. Chaque battement était lent et diffusait dans tout son être une douleur atroce. À présent il entendait Arthur prononcer son discours, qu'il l'avait aidé à écrire, et qui ferait de Guenièvre la reine de Camelot. Il connaissait chaque ligne par cœur, il l'avait fait répéter. Mais il devrait se réjouir, après tout, avec les sorts qu'il avait lancer, Arthur devait être désespérément amoureux de Guenièvre et ce devait donc être le moment le plus heureux de sa vie. Alors, puisqu'il connaissait le bonheur, il se devait de se réjouir avec lui. C'était son rôle. Même si ça avait un goût amer. Il rassembla ce qui lui restait de courage et, sans trop montrer la peine qui l'habitait,essayant de garder le visage le plus neutre qu'il puisse, il releva enfin la tête vers son roi. Et ce qu'il vit le fit tomber au plus profond de lui. Il lui sembla, qu'alors qu'il achevait bientôt son discours, Arthur le regardait, lui, les yeux empli de tristesse. Et de regret. Juste une demi seconde, un regard échangé. Mais ça ne se pouvait. Parce qu'il lui avait fait tout oublier. Merlin se dit qu'il voyait seulement ce qu'il voulait voir. Ce qu'il avait besoin de voir pour trouver le courage de rester à ses côtés dans la souffrance, et d'accomplir son destin.

Il oubliait que les yeux ne mentent pas.



Une saison dans le Stupre[Merthur]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant