Chapitre 17

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« I'm bad with words. I hope you're good in reading eyes »

- Inconnu

Mes pires craintes se réalisèrent. Des photos d'Arsène et moi firent la une dans les journaux dès le lendemain, nous annonçant comme le couple phare de l'école nationale de l'Opéra de Paris. Je rougis presque en étudiant les clichés choisis par la presse : Arsène penché à mon oreille au milieu de notre démonstration de salsa, une main jouant avec mes doigts, l'autre appuyée possessivement sur mon abdomen ; mon expression stupéfaite quand il m'avait élevé dans les airs, j'avais l'air étourdie de joie, les joues rouges et les yeux brillants. Plusieurs autres clichés nous montraient en train de danser collé serré, transpirant mais sensuel à la fois. Il n'y avait plus aucun doute, Arsène dansait la salsa colombienne comme un Dieu.

La presse me causait cependant deux problèmes majeurs. Un : la future réaction de Juliette, parce qu'il y en aurait une dans tous les cas. Deux : la rumeur selon laquelle Arsène et moi sortions ensemble. Et les ennuies pointèrent le bout de leur nez dès que je posai un pied dans les coulisses de l'Opéra national de Paris pour notre première répétition sur scène.

Opaline et Roxanne me croisèrent dès mon arrivée, déjà toutes habillées et coiffées dans leurs justaucorps traditionnels.

- Rubis ! Je ne savais pas que tu te rendrais au gala de charité d'Olivier Desmaretz. C'est une chance ! S'extasia Roxanne.

Oui, une chance effectivement. La jalousie dégoulinait de ses yeux gris.

- Oui, c'en est une. C'était une soirée intéressante.

- Aucun doute là-dessus, Arsène et toi aviez l'air de bien vous amuser. Enfin, d'après les photos prises par les journalistes. Je ne voudrais pas insinuer quoi que ce soit.

- C'est ça, alors n'insinue rien, rétorquai-je en lui lançant un coup d'oeil blasé.

Je l'entendis continuer ses messes basses alors que je m'éloignai d'elles pour rejoindre les vestiaires et me changer. Je portais le justaucorps blanc, symbole de mon appartenance à la première division, et un plateau de la même couleur. Mon chignon terminé à l'aide d'un coup de laque et d'une bonne dizaine de crochets qui me lacéraient déjà le crâne, je partis rejoindre les autres sur l'arrière de la scène pour m'échauffer.

À peine sortie du vestiaire, je percutai quelqu'un.

- Oups, je ne t'avais pas vu.

La brûlure mordante du café s'étendit de mon épaule au milieu de ma poitrine, et je pouvais dores et déjà assurer que mon justaucorps ne posséderait plus jamais la pureté du blanc.

- Quand il n'y a personne autour de toi, tu pourrais au moins laisser tomber le masque et assumer ouvertement ta volonté de nuire, lui lançai-je, tentant d'effacer la douleur causer par le café.

- Mais elle n'est pas toute seule, justement. N'est-ce pas, Juliette ?

Noah débarqua par derrière pour s'immiscer entre Juliette et moi.

- Je devrais te dénoncer, lui dit-il en lui jetant un regard meurtrier.

Cette dernière le soutint avec une audace incroyable, la tête haute et la méchanceté collée au visage. Mais à quoi bon le lui reprocher ? Je ne lésinai pas non plus sur mes vengeances la concernant. Et je me fichai de passer pour une garce pour parvenir à mes fins.

- Vas-y. Je suis sûre que la directrice adorerait savoir combien Rubis se montre ingénieuse pour me nuire.

Le problème avec Juliette c'était que toute cette querelle entre nous avait dépassé les limites du raisonnable depuis bien longtemps. Si l'une tombait, l'autre tombait aussi. Nous étions emmêlées l'une à l'autre, prises par nos secrets et nos coups bas.

l'Opéra : le lac des cygnes (Terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant