Chapitre 5 : Étoiles et secrets

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Comme depuis une semaine, je m'assoie sur cette chaise en piteux état. Ace, occupé avec ses motos, ne souhaitent pas bouger d'ici. Un casque sur les oreilles, il ne m'adresse pas un seul regard et encore moins la parole. Il n'a pas dû aimer le coup du numéro de téléphone mais je m'en contre fout, je me suis bien marrée. En revanche depuis qu'il est dans son coin, je m'ennuie à mourir. Je ne peux plus lui envoyer la moindre remarque à cause de la musique qui crie dans ses oreilles et si je m'approche un peu trop près, il ouvre le jet d'eau pour me le foutre dans la gueule. Dépitée, j'ai essayé de parler au vieux avec son balai dans le cul, mais il m'a répondu que c'était mon job. Je suis son chauffeur et je dois attendre qu'il ait besoin de mes services. Alors je suis condamnée à le regarder faire mumuse avec ses motos.

Je vais devoir investir dans une chaise, car celle-ci me détruit le dos. Chaque fois que je me réveille après ma sieste, j'ai un mal de cou horrible jusqu'au lendemain matin. Et j'ai la chance de ne pas encore avoir eu un torticolis.

Après plusieurs heures, il retire son casque en pestant après lui. De ce que je comprends, il n'a plus de batterie. Heureuse de pouvoir recommencer à l'énerver, je ne perds pas de temps pour lui lancer une remarque.

- Tu comptes pourrir longtemps dans ce garage ?

Son silence me fait rager. Pourtant je n'en montre rien, et tapote l'accoudoir de mon fauteuil à un rythme régulier avant d'exagérer mon soupir.

- Je suis persuadée que j'aurais plus servie en tant que chauffeure pour le cimetière du coin.

- Sans aucun doute, ton père aurait été ravie de monter avec toi.

- Sale enfoiré, je grince.

Bien qu'il ait le dos tourné, je suis persuadée qu'il sourit de toutes ses dents, fier de sa pique.

Puis il se lève et s'approche de moi d'une démarche prédatrice. Ses deux mains se posent sur mes accoudoirs arrêtant le bruit entêtant de mes doigts contre le cuir. Je sourie, fière de moi. Il déteste donc cela.

Son visage n'est qu'à quelques centimètres du mien et cette proximité est plus que dérangeante ; il vient de passer ma zone de sécurité pourtant je en bouge pas d'un poil attendant de voir ce qu'il fait. Sa peau chaude emprisonnant mes mains me donne la chair de poule.

-Tu devrais faire attention à ce que cette petite bouche dit.

-Qu'est-ce que je risque autrement ?

Sans rien dire, il entoure une mèche de mes cheveux sur son indexe.

-Fais attention, je vois déjà les poux grimper sur ton doigt.

-D'ailleurs, dit-il en reniflant l'air, depuis quand n'as-tu pas pris de douche ?

J'écarquille les yeux alors qu'il me tourne le dos pour retourner à son occupation en silence. Sans attendre, je renifle mes cheveux mais je ne sens que l'odeur de mon shampoing à la vanille. L'enflure.

Je sursaute lorsque la porte s'ouvre à la volée. Eden pénètre dans la pièce en pleurs. Ace se retourne en furie, pensant sûrement que je suis à l'origine de tout ce boucan, mais lorsque ses yeux tombent sur la jeune adolescente, il se radoucit. Puis, ses sourcils se froncent, et il se lève d'un bond. Il referme ses bras sur Eden et dépose un baisé dans ses cheveux. Je sais que je devrais partir mais la curiosité me cloue sur place.

Il la prend par les épaules, l'air grave.

- Qu'as-tu fait ?

Elle secoue la tête et ses larmes redoublent d'intensité. Elle tente de se dégager de l'emprise d'Ace mais ses mains la serre si fort qu'elles arborent une couleur blanche. Ses yeux bleus semblent si foncés en cet instant. L'adolescente tremble de la tête au pied. Et mon cœur se serre à cette vue.

Hasta la muerte (terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant