Deux jours plus tard, l'annonce d'un début de négociations commençait à faire le tour du pays devenant le sujet principal de toute conversation après l'attaque de l'église.
« Croyez-moi, commença Kristoff en mâchant un morceau de pain. Toutes ces "négociations" ne vont pas aboutir.
Kristoff, Ulysse et moi ainsi que d'autres camarades prenions notre dîner avant leur tour de garde et évidemment, Kristoff en tant que plus grand fan de la famille royale avait lancé le sujet.
- Pourquoi t'es toujours aussi pessimiste ? lança l'un d'entre nous. Je trouve que c'est une bonne chose qu'ils laissent une chance au peuple de s'exprimer. Cela devrait le cas tout le temps.
Il n'avait pas tort. Cela me semblait naturel et logique que les gouvernés aient leur mot à dire sur des politiques qui les concernent directement. Toutefois, lorsqu'on savait qu'un plan B était déjà envisagé on ne pouvait que s'attendre au pire pour la suite. La table resta silencieuse.
- Le Roi a de nombreux conseillers, continua le soldat. Mais tous des nobles. Il devrait avoir des représentants du peuple également pour veiller sur nos intérêts.
- C'est un monde utopique que tu imagines là, rétorqua finalement Ulysse d'un ton fatigué.
- Ah c'est vrai, j'oublie que tu fais partie des leurs Seigneur Frigan ! cracha le soldat avec dédain
Ulysse bondit de sa chaise et attrapa l'homme par le col nous faisant tous reculer hormis Kristoff qui continua à siroter son cidre comme-ci de rien était.
- Répète un peu ça ! s'emporta Ulysse rouge de colère.
Dire que j'étais surprise était un euphémisme. Je fixai mon ami sans le reconnaître. Le bruit retentissant d'une tasse rencontrant le bois de la table me sortit de ma transe.
- Lâche-le tout de suite Ulysse, ordonna-t-il d'un ton las. On n'a pas de temps à perdre avec ce genre d'enfantillages. »
Les deux hommes se fusillaient du regard, aucun d'eux n'était prêt à baisser les yeux mais Ulysse finit par le relâcher et partit précipitamment de la salle. Je décidai de le suivre. Je criais son nom mais il continua à tracer jusqu'à un recoin de la cour sans se retourner. La nuit était déjà tombée et un vent glacial soufflait me provoquant la chair de poule. Je réussis tant bien que mal à le rattraper.
« Ulysse qu'est-ce qu'il t'arrive ?
- Pourquoi devrais-je te répondre alors que tu n'as jamais répondu à une seule de mes questions ? rétorqua-t-il sèchement en me contournant
Je me figeai sur place. Je n'avais pas imaginé un seul instant que cela le blesserait. J'avais tort.
- Je n'ai rien à répondre face à cela mais je sais que l'Ulysse que je connais ne se mettrait pas en colère face à ce genre de remarques stupides, repris-je au bout de quelques secondes.
Il soupira avant de s'asseoir sur un caisson qui traînait. Je m'assis à ses côtés. Je levais les yeux vers le ciel dégagé. Les étoiles scintillaient à côté de la lune.
- Ce n'est pas la première fois que je reçois ce genre de remarques, m'avoua Ulysse. Et les choses se sont empirées ces dernières semaines. Il n'y a pas que le peuple qui est en colère. La plupart des membres de l'armée aussi. Ils ont l'impression d'aller contre leurs principes en continuant à servir un roi qui laisse son peuple mourir sans rien faire. Beaucoup envisagent de quitter les rangs.
Je scrutais le visage sérieux d'Ulysse, incrédule. Alors je n'étais pas la seule à me sentir minable face à toute cette situation, d'autres le pensaient également. Mais contrairement à moi, ils envisageaient d'agir de manière radicale. Un sentiment de culpabilité fourmilla au creux de mon estomac.
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The bewitched crown
Romance⚠️ TW : sexisme, sang, cadavres, meurtres, pendaison, tentative de viol ⚠️ Nouveau chapitre tous les week-end. Narissa vient tout juste d'intégrer la garde royale d'Eldred, un royaume qui autrefois brillait par sa richesse et qui dorénavant doir sub...